Cognition : écrire à la main ou au clavier ?

Jérémy Coron
Essentiel
Published in
7 min readDec 27, 2020

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Écrire à la main ou écrire au clavier, quelle est la stratégie de prise de notes la plus efficace pour comprendre, mémoriser et implémenter des informations dans notre cerveau ?

La réponse à cette question est bien plus nuancée qu’on pourrait le penser…

Aller, c’est parti pour ce nouvel article, article où nous allons parler du cerveau, de neurosciences, de reformulation et même de… Hashtags (oui, vous avez bien lu).

Notre monde sur numérisé.

Nous vivons actuellement dans un mode de plus numérisé.

Dans un monde où la technologie nous facilite la vie.

Nous pouvons faire des réunions à distance et en visio, nous avons nos agendas sur nos téléphones, nos partageons nos projets sur des drives et j’en passe.

Toutes ces évolutions ont l’avantage de nous faciliter grandement la vie, de nous faire gagner du temps et de nous libérer de l’espace mental.

Imaginez la place que prendrait juste la mémorisation des numéros de téléphone de vos proches et amis dans votre cerveau. Sans parler de la mémorisation de ceux de vos collègues, partenaires sportifs et j’en passe.

Mémoriser un nombre trop important de données provoque un risque de surcharge cognitive et donc d’épuisement.

Tout ça pour dire qu’à bien des égards, la technologie apporte une réelle valeur ajoutée à notre quotidien.

Mais pour autant, la technologie présente également ses travers, ses limites et se rendre totalement dépendant d’elle cause, au final, bien plus de tort que de bénéfices.

La prise de notes s’inscrit parfaitement à la frontière où s’arrête le bénéfice et où commencent les effets négatifs.

Justement, parlons-en.

L’écriture à la main et ses effets sur le cerveau.

Écrire au clavier, personne ne peut le nier, c’est mieux qu’écrire à la main.

Écrire au clavier permet d’aller plus vite, de voir ses fautes se corriger généralement d’elles-mêmes, d’avoir une mise en page propre et soignée, de revenir en arrière sans passer par la case « rature », d’ajouter des couleurs à volonté, d’ajouter également des images, des numéros de pages, un sommaire et j’en passe.

Bref, le confort induit par la prise de notes sur informatique est sans comparaison avec celui de la prise de notes sur support papier.

Il arrive souvent que l’écriture sur papier se transforme en gribouillage par manque de temps.

Pourtant, il y a un « mais », un « mais » important qui place l’écriture à la main bien au-dessus des son homologue numérique.

Ce « mais » est la stimulation que provoque l’écriture manuelle sur le cerveau. Stimulation qui n’est pas présente lorsque l’on passe à l’écriture sur clavier.

En effet, là où écrire sur ordinateur est une activité passive que le cerveau exécute en monde « semi automatique », l’écriture papier nécessite, elle, une véritable attention, un travail de compréhension, d’appropriation et de synthèse.

L’écriture papier nécessite une véritable attention, un travail de compréhension, d’appropriation et de synthèse.

Écrire à la main prend du temps, et du temps en cours, en réunion ou en formation, nous n’en avons pas assez pour retranscrire de façon factuelle et exhaustive ce que nous dit notre interlocuteur.

De fait, l’écriture à la main force notre cerveau à faire un travail de compréhension, d’analyse et de reformulation là où l’écriture sur ordinateur nous incite à retranscrire « bêtement » et aveuglément ce que nous dit notre interlocuteur.

Écrire à la main stimule alors la capacité de notre cerveau à encoder des informations, à les lier des connaissances déjà existantes et à les confronter à ses aprioris, à ses points de vue, à ses expériences personnelles.

Alors, devrions-nous laisser au placard nos ordinateurs, tablettes et autres supports de prise de note sur clavier ?

Ce n’est pas aussi simple que ça.

Les 2 grands oubliés des études actuelles sur le sujet

Certes, toutes les recherches actuelles convergent sur le fait que prendre des notes à la main présente un avantage indéniable sur la prise de note sur ordinateur, mais ces études occultent deux critères clés selon moi et selon mon expérience.

Deux critères clés qui font, au final, pencher la balance du côté de la prise de notes sur support informatique.

Le « facteur » logistique.

Contrairement à un fichier informatique, des feuilles de papier, cumulées, ça prend de la place.

Nous sommes tous passés par la case études, par la case « j’ai 3 classeurs et 6 cahiers » dans mon sac à dos.

Nous en connaissons tous les conséquences :

➡️ Difficultés logistiques (qui n’a jamais oublié une classeur chez lui).

➡️ Mal de dos (les études sur le sujet ne manquent pas).

➡️ Manque de place (à moins d’utiliser une brouette, transporter toutes ses notes n’est pas envisageable).

Le cartable, l’un des responsables connus et reconnus du “mal du siècle”.

À l’inverse, un ordinateur ne prend pas de place et, je dirais même plus, un fichier sur un drive n’en prend aucune.

L’informatique permet de stocker une quantité infinie de documents, de supports, de textes, de schémas et autres sans créer d’encombrement, sans risque de perte, sans douleur au dos.

+1 point pour le numérique.

Et on en parle de l’accessibilité ?

Autre problème inhérent à la prise de notes sur papier : la recherche d’informations.

Retrouver une information donnée dans une masse de classeurs équivaut à chercher une aiguille dans une botte de foin.

Même avec le meilleur système de classement et d’organisation, la recherche d’une information sera toujours plus rapide sur support informatique que sur support papier.

Aujourd’hui, il est facile de classer ses notes numériques par catégories, dans des dossiers ou encore par des fichiers et une simple recherche par mot clé et hop la note ressort immédiatement.

Encore mieux, certains logiciels tels que Bear, Ulysses (sur lequel j’écris la version brute de cet article d’ailleurs) permettent l’ajout de hashtags devant des mots spécifiques, permettant ainsi d’indexer ces mots en question pour les retrouver encore plus rapidement.

Il devient même alors possible de croiser des hashtags pour peaufiner davantage ses recherches.

Bear est un logiciel formidable de prise de notes (disponible uniquement sur IOS).

Donc certes, écrire à la main stimule davantage le cerveau, mais si nous nous retrouvons ensuite dans la plus grande des difficultés à chaque fois qu’il faut retrouver une note précise alors cette stimulation initiale perd tout son intérêt.

Pourquoi ?

Simplement, car pour mémoriser une information sur le long terme, ce qui logiquement devrait être le but de toutes prises de notes efficaces, il faut revenir régulièrement sur les informations en question.

Il faut mettre en place ce qu’on appelle des « répétitions espacées » tel que l’a mis en évidence le philosophe allemand Hermann Ebbinghaus avec son schéma de la courbe de l’oubli.

La courbe de l’oubli telle que représentée par Hermann Ebbinghaus.

Du coup, pourrait-on faire « matcher » ces deux solutions ?

Coupler la stimulation du cerveau induite par la prise de notes sur support papier avec l’efficacité et la simplicité que présente la prise de note sur informatique ?

Plus vulgairement formulé : est-il possible d’avoir le beurre et l’argent du beurre ?

La solution parfaite ?

Il est possible de coupler les avantages des deux mondes, mais cela demande davantage de travail.

4 options se présentent alors :

➡️ Numériser ses notes manuscrites sur des services de Drive où chaque document serait classé et accompagné de hashtags ou d’étiquettes spécifiques.

➡️ Reprendre ses notes manuscrites sur informatique ce qui prend certes du temps, mais ce qui présente l’avantage de remobiliser ses connaissances et de les reformuler ses notes une nouvelle fois pour stimuler davantage son cerveau.

➡️ Reformuler la version « brutes » de ses notes numérique pour les convertir en « fiches » de révision puis relire ces fiches régulièrement.

➡️ Prendre ses notes de façon manuscrite, mais sur une tablette tactile puis classer ses notes par des hashtags ou des étiquettes spécifiques.

Personnellement, j’ai opté pour la reformulation de mes notes numériques pour les rendre plus simples, plus cohérentes et surtout pour créer des liens, via des hashtags et des liens hypertextes, vers des concepts issus d’autres notes qui se font écho.

Certes, cela prend du temps, mais apprendre n’est pas une course, loin de là.

Et là où la majorité des personnes voient ça comme du temps de perdu, pensez cette démarche comme un investissement qui vous rendra au centuple vos efforts initialement investis.

Bonne prise de notes !

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Jérémy Coron
Essentiel

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