Comment gagner en sérénité en définissant son programme politique personnel

Version audio sur : Spotify, sur Apple podcast et sur toute vos applis préférées !

C’était un soir, 23h30.

Je monte dans RER B à Chatelet, direction le sud de Paris.

En entrant, sur notre gauche dans le premier carré, un homme.

Son pied gauche est posé sur le fauteuil qui lui fait fasse.

Il est plié en deux et marmonne en s’allongeant sur sa jambe.

Son corps fait des mini aller retour.

A ses pieds un sac en plastique blanc, des restes de bouffe.

Les arrêts passent et l’homme continue ses mouvements aléatoires en maugréant.

Il ne regarde jamais personne.

La rame se remplit et le monde se détourne.

Les places à ses côtés sont rarement prises, en ultime recours uniquement.

Je fais partie du monde, je fais comme tout le monde.

Je me suis assis dans le carré opposé, avec ma femme.

Un regard de temps en temps vers cet homme, pas un mot.

Nous naviguons comme tout le monde entre crainte et inquiétude pour lui.

Je me suis questionné sur cet homme. A chaque station qui passait : où va-t-il ? Pourquoi ? Pourquoi « se mettre » dans un état pareil ? Qu’est-ce qui amène une vie à ce point, à cette soirée ?

Chacun de nos choix traduit qui nous sommes.

Chacun de nos choix construit notre futur commun.

Chacun de nos choix est politique.

Mon programme politique comme boussole

Une boussole donne le Nord, avec elle nous savons où nous allons. C’est un outil qui nous permet de garder le cap, en direction de la destination choisie.

Le programme politique personnel agit de la même manière.

Mon programme politique est la liste de ce que je veux avoir été sur mon lit de mort.

Que la faucheuse me prenne demain ou dans 80 ans. Qui aurais-je été ? Comment aurais-je permit au monde d’être meilleur ? Qu’aurais-je fait qui me fasse me sentir fier ?

Clarifier le fondement de mon programme politique paraît donc essentiel.

Les valeurs sont les grands idéaux que je veux défendre, c’est l’utopie à laquelle je veux participer.

Comme pour un programme politique, la définition des valeurs est le préambule théorique, les fondements pour mes actions à venir. Ces valeurs seront la boussole qui me servira pour faire mes choix dans une situation de doute ou de réflexion, en situation concrète

Réfléchir à ses valeurs et les poser par écrit permet de sortir de l’intuitif, de prendre un peu de recul et de hauteur. Ce moment de réflexion permet d’arrêter d’être emporté par le quotidien et les actions aliénantes qui défilent sans projection de valeur. Savoir pourquoi nous faisons les choix que nous faisons, c’est une possibilité

Mes valeurs :

Le partage, l’entraide, la solidarité, l’ambition, le progrès, la joie, la confiance, le libéralisme au sens des libertés.

Il y a aussi des anti-valeurs. Elles sont justes à la limite de votre champ, elles représentent la clôture politique que vous ne voulez pas franchir. Il peut être intéressant de les définir pour savoir de quoi il faut se méfier dans nos prises de décisions.

Le champ de nos valeurs est ce qui va déterminer nos choix, notre vie, notre quotidien. C’est le fil rouge qui nous permet de décider vite et bien, sereinement.

Et pour en revenir à cet homme marmonnant dans le train donc je vous ai parlé au début, j’aurai du aller lui parler si j’avais écouté mes valeurs.

Mes hésitations et paradoxe politique

Mais je n’y suis pas allé, parce que j’ai eu peur.

Peur d’un comportement que je ne comprenais pas. Et l’insécurité provoquée par cette incompréhension m’a fait me dire que ce devait être dangereux d’aller parler à cet homme.

Et c’est là qu’entre en ligne de compte, la vraie vie. Et elle vient souvent percuter de plein fouet les idéaux, les valeurs.

Les valeurs sont ce qui anime au quotidien, ce qui fait que l’on prend des décisions. C’est aussi ce qui explique que parfois l’on se sente coupable avec une décision, quand elle aura été prise en désaccord avec ce que nous sommes ou voulons être.

Parce que oui, il est complexe de toujours tenir sa ligne. Il faut être ok avec cela.

Je n’ai pas trouvé la recette qui permet de se prémunir de moi-même. Mais il faut rapidement prendre conscience de ces écarts pour ne pas qu’ils deviennent « normaux » et dévoient vos valeurs.

Les valeurs qui nous engagent auprès des autres ne sont pas au-dessus des autres. La solidarité ne se fait pas sans celui qui a besoin d’aide. Personne ne peut aider celui qui ne veut pas l’être.

Gardons en tête qu’il n’y a pas d’échec à ce que le monde ne soit pas comme on le souhaite : parce qu’au final, sur terre, peu de monde est en accord avec la vision que nous avons de nos valeurs et parce que notre utopie est très personnelle.

Avoir un programme politique personnel est le meilleur moyen de prendre des décisions qui nous correspondent. Ce programme politique nous permet de penser le quotidien, ce même quotidien qui défile sans nous attendre.

Mais ce programme ne peut s’opposer aux autres, il doit s’intégrer dans celui des autres. Il est complémentaire. Avoir un programme politique personnel, c’est gagner en certitude et en sérénité quand on est au confronté au monde extérieur.

Et ce monsieur, finalement, s’est levé à mon arrêt.

Il a fait quelques pas.

Il s’est arrêté, incapable de marché, balbutiant au bord du quai.

Alors, avec ma femme, nous l’avons soutenu pour rejoindre la rue.

Nous avons appelé puis attendu les pompiers avant de rentrer chez nous.

Il était tombé dans les escaliers à gare du Nord, genou bousillé.

Putain de préjugés.

Ils sont les ennemis de l’utopie.

Jusqu’au dernier moment, notre programme politique personnel peut nous aider et aider le monde.

Version audio sur : Spotify, sur Apple podcast et sur toute vos applis préférées !