Comment les neurosciences ont changé ma vision du corps

Leila Laura
Essentiel
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7 min readApr 8, 2019

Je n’avais jamais imaginé qu’il y avait un réel impact du savoir, sur le corps. Une thérapie très puissante : la conscience.

Il y a quelques années, je suis venue vivre au Mexique, je suis partie à l’aventure. Je ne savais pas du tout ce qui m’attendait et j’étais ouverte à de nouvelles expériences.

Alors que j’avais abandonné mes études et que je ne pensais à aucun moment les reprendre, une série de signes se sont présentés à moi et je décidai de commencer un diplôme à Mexico d’ostéopathie Crânienne. Je sais qu’en France ce n’est pas comme ça que certains “crâniens” se présentent, mais au Mexique, c’est le cas. On peut dire que je travaille essentiellement sur le crâne et le système nerveux. Ce serait bien trop compliqué à expliquer en détail.

À la fin de ce premier jour “d’école”, j’ai du mal à retenir mes larmes. En une après-midi, je suis complètement émerveillée par ce que je viens d’entendre. Et à partir de ce moment, j’étudie de façon frénétique. Je me plonge dans tous les livres et sites que je trouve. Bref, je me passionne par le sujet et quand je me passionne, je me gave. Je suis tellement absorbée par le sujet que je donne même des cours à mes compagnons de classes. La pédagogie m’a toujours plu et c’est surtout pour moi une des meilleures façons d’apprendre.

Quand je termine haut la main mon diplôme, je suis déjà en train de pratiquer depuis un an dans un dispensaire comme bénévole. D’ailleurs, c’est dans cet endroit que je finis par voir le corps d’une autre façon qu’une complexe et merveilleuse machine. Peu de temps après, une psychologue me propose d’ouvrir mon cabinet à côté du sien et j’accepte de franchir le pas.

Au début de ce nouveau chemin professionnel, je sens que grâce à ce nouvel emploi, je serai utile. Je pourrai aider des tonnes de personnes, car je connais des techniques efficaces pour soulager les douleurs du corps.

Très rapidement, les bancs de l’école me manquent alors je décide, en parallèle, de suivre un autre diplôme. Je me renseigne dans cette même école : quel diplôme complémentaire pourrais-je faire pour compléter celui que j’ai et ainsi aider encore plus et mieux mes patients. Je cherche quelque chose de différent, qui ne touche pas forcément au corps. Pour les Mexicains, on voit l’humain comme “un tout” en médecine, et pas simplement comme un corps “matériel”. Concept qui m’était complètement étranger.

Je décide, sans trop savoir dans quoi je m’embarque, d’étudier la PNL (programmation neuro linguistique). Impulsive et passionnée, je n’ai pas beaucoup réfléchi sur le sujet. J’ai juste soif d’apprendre. Je connais des techniques pour travailler sur le corps alors pourquoi ne pas en apprendre plus sur le mental ? Je vois ça comme un outil de psychologie complémentaire dans mes thérapies qui me permettrait d’aider davantage mes patients.

Ce premier cours n’est pas comme le premier du diplôme précédent. Je ne pleure pas de joie, et je sens plutôt une inquiétude : si ce que ce professeur nous raconte est vrai, les mots ont un pouvoir qui peut avoir une conséquence positive ou négative sur les personnes. Et à ce moment, je pense bien évidemment : SUR le corps des personnes.

De la même façon, je suis ses cours avec passion, mais avec plus de doute et surtout l’envie d’expérimenter la véracité de ses dires.

Le cocktail de ses deux diplômes m’a emmené par la suite à prendre d’autres cours aussi bien autour des thèmes physiques que mentaux, même si maintenant, il m’est difficile de séparer les deux entités. Et puis n’oublions pas que je suis française, que j’ai grandie en Europe où le “je ne crois que ce que je vois” est plus que répandu, où le scepticisme est un réflexe naturel. J’avais besoin d’être convaincue pour y croire, de l’expérimenter pour y croire, de le voir de mes yeux s’il le fallait.

Je ne cesse de me renseigner, de voir des vidéos, de prendre des cours et de lire. Puis je réalise que la plupart de mes choix de lecture se centrent autour des neurosciences, terme dont j’ignorais l’existence auparavant. Comprendre comment on fonctionne mentalement et physiquement.

Je sens bien que quelque chose se passe chez les patients que j’ai en commun avec la psychologue. Je mets ça sur le dos de la coïncidence et plusieurs fois quand la psychologue me dit qu’elle a bien travaillé avec un de nos patients et que quelque chose s’est débloqué, je sens moi aussi une différence sur son corps. Et vice et versa. Quand j’arrive à débloquer quelque chose de physique, ma collègue me dit que la cession avec elle a été très satisfaisante, que le patient s’est ouvert sur tel ou tel sujet.
Tout ça n’est que supposition de mon côté alors que ma collègue en parle comme si c’est tout à fait normal, sans aucune surprise : différences culturelles.

Un jour, ma collègue me dit qu’elle aimerait que je donne rendez-vous à une de ses patientes. Une adolescente de presque 15 ans qui a beaucoup de tensions dans le corps et le dos courbé. Elle rajoute que c’est une fille assez obscure, beaucoup d’idées noires, un père assez spécial. Je n’en sais pas plus et n’en ai pas réellement besoin.

Lors de ce premier rendez-vous, je me trouve face à une jeune fille qui fait beaucoup plus que son âge, son corps est celui d’une femme. Elle est effectivement habillée en noir, un style assez grunge, et sourit à peine. Elle s’assoit en face de moi et se met à parler sur-le-champ sans tabou apparent (pour une adolescente, c’est assez rare). Elle me fait un point rapide sur son parcours psychologique, les problèmes de sexe qu’elle a avec son copain, ses angoisses, ses idées noires, etc. Je suis totalement impressionnée par sa diction, son langage, sa maturité. Je suis tout simplement sous le charme.

Quand elle termine, je lui demande de monter sur le lit de massage afin de commencer la thérapie physique. Au moment où je pose mes mains sur sa tête, j’ai la sensation qu’il y a un feu d’artifice à l’intérieur d’elle. Son système nerveux est très altéré. Je ne sais pas pourquoi, mais à ce moment-là, je lui demande de descendre du lit et de revenir s’asseoir au bureau. Puis je lui dis tout simplement “Tu m’a l’air de tout sauf d’être bête alors je vais t’expliquer comment tu fonctionnes et tu en tireras tes propres conclusions”. Je pris une feuille et un stylo, car j’aime faire des dessins pour représenter ce que je dis, et je lui explique comment son corps fonctionne, comment son système nerveux fonctionne, comment se créent les réactions chimiques dans son corps, etc. En gros, je lui donne un cours de neuroscience ajoutant mes propres théories et appliquant le tout à la vie, la sienne et celle des autres. Le “complexe” du professeur est en moi et je sens la nécessité de lui enseigner quelque chose qui me passionne.

Elle ne bronche pas, attentive à tout ce que je lui dis, elle ne fait aucun commentaire. Plus d’une heure après je me demande si je n’ai pas exagéré et surtout si je ne l’ai pas ennuyée avec mes dessins de neurones. Je sais très bien que quand je parle d’un sujet qui me passionne, j’ai du mal à m’arrêter. Je décide enfin de passer à la conclusion et l’invite à nouveau à reprendre la thérapie physique.

Quand pour la deuxième fois, je pose mes mains sur elle, il se passe quelque chose que je ne comprends pas. Ce n’est plus du tout un feu d’artifice que je sens, je pourrais presque croire que c’est une autre personne que je touche. Je sens son corps fonctionner différemment. Et il sera d’ailleurs encore modifié lors du prochain rendez-vous une semaine plus tard.

Toujours sceptique, à partir de ce moment je commence à me poser d’autres questions que de simples questions mécaniques. Je ne peux y croire et j’ai besoin d’expérimenter. Les mots, auraient-ils réellement un impact sur le corps ? Est-ce que le fait de comprendre comment il ou elle fonctionne, permet au patient de transformer des choses en lui ? Est-ce que ça peut être un outil pour que les gens se prennent en main et changent après avoir compris leur fonctionnement ? Je me pose un millier de questions, et malgré mes doutes beaucoup d’éléments me paraissent logiques.

Ce qui est sûr, c’est qu’à partir de ce moment, je ne vois plus mon travail comme avant et je change petit à petit ma façon d’aborder mes patients. Ma vision du corps change. Et puis je ne me sens plus si “extraordinaire” comme thérapeute, car rapidement, je comprends que je n’ai pas beaucoup de pouvoir sur mes patients, que le meilleur des thérapeutes pour eux est en fait eux-mêmes. En revanche je peux leur enseigner à se connaître, à se comprendre et à prendre le pouvoir sur eux-mêmes.

Après toutes ces expériences, j’ai envie de partager mes expériences et ce qui est devenu une passion. J’ai eu la chance de le partager avec beaucoup de patients et je souhaite aujourd’hui aider d’autres personnes à faire de même.

Imagen de Gordon Johnson en Pixabay

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Leila Laura
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Quand nous avons conscience de la manière dont le mental fonctionne, nous pouvons transformer notre façon de gérer notre vie #neurosciences #conscience #mental