Comment réussir sa journée
Cet article a initialement été publié sur mon blog : laviextra.com
Je n’ai besoin de personne pour savoir si oui ou non ma journée est réussie, merci.
Bien entendu.
Mon propos n’est pas de tracer une ligne au sol avec d’un côté ceux qui ont tout bon, car ils suivent cette méthode et de l’autre, les égarés qui n’en font qu’à leur tête.
Si je vous suggère cette grille de lecture, c’est parce que je l’ai moi-même adoptée et qu’elle me permet de faire des progrès significatifs dans les domaines qui me tiennent à cœur.
Simple à intégrer, facile à mettre en œuvre, cette approche repose sur une définition du succès qui me semble élégante.
Succès : accomplissement progressif d’un objectif de valeur.
Peut-être avez-vous déjà défini ce qui, pour vous, constitue un objectif de valeur.
Et peut-être menez-vous déjà, chaque jour, une ou plusieurs actions visant à accomplir cet objectif.
Dans ce cas, vous pourrez être intéressé par cette méthode à titre de comparaison avec ce qui fonctionne pour vous.
Si, en revanche, vous ne poursuivez aucun objectif pour le moment, peut-être trouverez-vous dans ce qui suit matière à réflexion.
MA DÉFINITION D’UNE JOURNÉE RÉUSSIE
Pour moi, une journée est réussie si j’ai effectué les trois actions suivantes :
I. Si je suis parvenu à m’assoir quelques instants dans un lieu silencieux pour concentrer mon attention sur mon souffle.
II. Si j’ai écrit au moins une phrase.
III. Si j’ai respecté mon programme d’entrainement : me rendre à la salle de sport trois fois par semaine.
Ces trois actions relèvent exclusivement de mon contrôle.
J’en suis responsable à 100 %.
Hors cas de séisme, abduction par les aliens ou autre imprévu de force majeure, si un aléa du quotidien m’empêche de mener à bien ces actions, c’est que je n’ai pas pris les dispositions nécessaires pour qu’elles aient lieu.
Car comment justifier le fait que, durant les 1440 minutes que compte la journée, je ne sois pas capable d’en consacrer 10 à la respiration consciente et 10 autres à rédiger au moins une phrase qui tienne debout ?
Idem pour mes heures de sport hebdomadaires.
Si je ne parviens pas à sanctuariser 3 heures sur les 168 que compte la semaine, on est face à un cas typique de mauvaise volonté.
En vertu de quoi, si durant la journée j’ai mené à bien ces actions, je considère qu’elle est réussie.
Par ailleurs, tout ce qui se produit de positif durant la journée est un bonus.
Et ce qui survient de moins réjouissant se trouve nuancé par le fait que je me suis malgré tout rapproché de mes objectifs.
POURQUOI AVOIR CHOISI CES TROIS ACTIONS COMME CRITÈRES DE RÉUSSITE ?
Détaillons les bénéfices que procure chacune de ces actions.
I. Se concentrer sur sa respiration
Voilà qui ressemble à s’y méprendre à de la méditation.
Au cours des dernières décennies, je me suis livré à différentes approches de la méditation, plus ou moins strictes s’agissant de la position à adopter et plus ou moins dirigistes quant à quoi faire de mon attention.
Assis sur une chaise.
Semi-allongé.
En position du lotus.
Les yeux ouverts. Mi-clos. Fermés.
Face à une bougie.
En faisant brûler de l’encens.
Inspirer la lumière, expirer l’obscurité.
Activer l’un après l’autre mes chakras en partant de la racine.
Telle l’eau dans un bocal, faire monter l’énergie des pieds jusqu’à la tête.
Pendant 10 minutes.
Durant minimum 30 minutes.
Au réveil. Au coucher. Trois fois par jour.
Etc.
Chacune de ces méthodes a sans doute ses mérites, mais elles avaient surtout pour moi le point commun d’être trop contraignantes pour être appliquées de façon rigoureuse et dans la durée.
De sorte que, l’une après l’autre, je les ai laissées tomber et, avec elles, l’idée même de pratiquer la méditation.
Jusqu’à ce que j’entende une personnalité que j’estime expliquer que pour elle, méditer consistait simplement à s’installer dans une position confortable, au calme, et à concentrer son attention sur sa respiration.
Sans durée imposée.
Sans chercher à visualiser quoi que ce soit.
Sans attente particulière.
Juste : fermer les yeux et observer sa respiration.
Simple à comprendre.
Facile à faire.
Allons-y.
J’ai donc repris la méthode à mon compte et voilà désormais que chaque jour, je prends un moment pour m’asseoir au calme, fermer les yeux et observer mon souffle.
Dans mon cas, la pratique s’avère particulièrement fructueuse le matin, dès les instants qui suivent le réveil : le corps qui sort du sommeil est détendu, l’esprit qui n’a pas encore subi de stimuli extérieurs est apaisé.
Quels sont les bénéfices de concentrer son attention sur le souffle ?
D’un jour à l’autre, ils varient.
Parfois je suis cueilli par un état de félicité — océanique — qui donne alors à la journée une tonalité délectable.
Parfois je suis saisi par une impulsion à contacter un proche, m’occuper d’une affaire en suspens, vérifier ceci ou cela — autant d’intuitions que j’ai appris à mettre en œuvre dès qu’elles se présentent, car elles produisent, sans exception, des résultats bénéfiques.
Et parfois il ne se produit rien de particulier.
Si ce n’est que je me suis accordé une transition douce vers les activités du jour.
Ou bien, si ma session matinale a été interrompue par les aboiements de notre chien qui n’a toujours pas compris qu’une porte qui s’ouvre dans l’immeuble n’est pas synonyme de péril majeur et que j’ai par conséquent reporté l’affaire à un moment plus calme en fin de journée, je me suis alors offert un sas de décompression vers la quiétude de la nuit.
En outre, le fait de m’accorder chaque jour ces instants de concentration sur le souffle provoque un effet que je n’ai pas recherché, mais que j’accueille volontiers : une tendance au détachement vis-à-vis de mes propres pensées, engendrées par la légion des stimuli que je subis au quotidien.
C’est de toi que je parle, smartphone.
De toi, de la télé, de la radio et du web saturés de publicité intrusive ainsi que de toute la fanfare des producteurs de bruit qui accaparent mon attention et encombrent mon esprit.
Pour quelqu’un comme moi qui, pour des raisons professionnelles, passe le plus clair du jour devant un ordinateur et cède autant qu’un autre aux sirènes des écrans tactiles, cette prise de distance spontanée avec le brouhaha est tout à fait bienvenue.
Manifestement, ces moments quotidiens de silence et de quiétude — bien que brefs — font croître en vous un espace de paix qui invite à filtrer davantage ce qui est autorisé à pénétrer dans le champ de la conscience.
À force de vous octroyer ces moments privilégiés de bien être avec vous-même, vous devenez plus regardant quant à tout ce qui est de nature à oxyder votre biotope.
Vous devenez également plus ouvert à votre prochain, qui vraisemblablement subit les mêmes contraintes.
Plus attentif à votre entourage.
Plus attentionné pour vos proches.
Plus mesuré dans vos prises de position.
Ou peut-être est-ce moi qui ai besoin de travailler à ces améliorations et que vous y trouverez d’autres voies à explorer.
Toujours est-il que ce rendez-vous quotidien avec le silence s’avère riche d’enseignements.
II. Écrire une phrase par jour.
Je m’impose d’écrire au moins une phrase par jour.
Mais dans la pratique, une fois que je suis face au clavier, je n’écris jamais qu’une seule phrase.
Je peux en écrire trois, dix, modifier tout un paragraphe pondu la veille ou encore rédiger un article entier.
Mais comme je m’impose seulement d’écrire une phrase, la motivation est d’autant plus facile à trouver.
Parmi ceux pour qui écrire constitue une raison valable de se lever le matin, certains s’imposent de produire une page entière, chaque jour, à heure fixe.
Au minimum cinq cents mots.
J’ai essayé cette approche.
Sans succès.
La seule qui me convienne, c’est de m’imposer d’écrire au moins une phrase par jour.
Pas plus.
Alors j’en écris bien davantage.
C’est vrai pour l’écriture, pour la méditation et pour tous les types d’engagements auxquels je consens.
Pour moi, la méthode la plus efficace consiste à réduire la contrainte à son minimum.
Réduire la contrainte au point que trouver une excuse pour ne pas le faire consomme davantage d’énergie que respecter cet engagement.
Je vous invite à essayer cette formule.
Vous voulez courir tous les jours ?
Ne vous imposez ni une distance ni une durée déterminée.
Imposez-vous seulement de chausser vos baskets et franchir la porte.
Une fois dehors, il y’a fort à parier que vous allez courir aussi longtemps que possible.
Certains jours, ce seront de longues distances.
D’autres, vous ferez demi-tour au bout de quinze minutes.
Peu importe.
Mieux vaut une pratique a minima que pas de pratique du tout.
Et en vous imposant la plus petite contrainte possible, vous ne vous mettez quasiment pas de pression.
Juste ce qu’il faut pour que votre objectif du jour soit atteint.
III. Aller à la salle de sport
J’ai déjà chanté les louanges de la musculation.
Mais au-delà des bénéfices mentionnés dans l’article, j’ai remarqué que quel soit mon état d’esprit et mon sentiment de bien être avant d’aller a la salle, je me sens toujours mieux en sortant de la salle qu’en y entrant.
Systématiquement.
Jamais je n’ai regretté d’être allé faire du sport.
Lorsque la vie se dresse en travers du chemin qui mène à la salle, je me répète ce mantra : tu te sentiras mieux après.
Entendons-nous bien : j’adore aller à la salle, être à la salle et l’état dans lequel je suis en sortant de la salle.
Il est donc rarement question, dans mon cas, de trouver la motivation pour m’y rendre.
C’est davantage une question de respecter le créneau que je m’étais fixé pour qu’il ne soit pas décalé par l’un des mille imprévus logistique, administratif ou conjugal qui surgit ici ou là.
Voilà donc mes trois critères personnels pour réussir une journée.
Mais qu’une journée soit réussie ne me suffit pas.
J’aime les semaines réussies.
Qu’est-ce qu’une semaine réussie ?
C’est une semaine qui totalise un maximum de journées réussies.
Ces semaines réussies deviennent des mois réussis, qui deviendront à leur tour, le cas échéant, des années réussies, puis des décennies réussies et au bout du compte une existence entière qui aura pris une tournure fort différente selon qu’on ait décidé, ou non, de réussir chaque journée.
Pour autant, je n’aime pas l’idée d’une vie qui serait ratée.
À mon sens, toute existence, aussi modeste, courte et difficile soit-elle, est une réussite du simple fait qu’elle accomplit le dessein de la vie elle-même.
Mais j’aime l’idée d’une existence réussie, car consacrée à la poursuite d’un idéal.
J’aime l’idée de mobiliser ses ressources pour les concentrer vers l’accomplissement d’une œuvre.
Que l’œuvre soit achevée ou l’idéal atteint ne me paraît pas fondamental.
Ce qui l’est, à mon sens, c’est de décider d’une destination puis de faire autant de pas que possible dans cette direction.
Quitte à pivoter, chemin faisant, vers une nouvelle destination qui prend soudain davantage de sens.
Quitte à repartir de zéro à plusieurs reprises.
Mais, en tous cas, faire usage de nos capacités pour apporter notre contribution, qui sera propre à chacun, à la mesure du jeu qui lui a été distribué.
Et le moyen le plus efficace que j’ai trouvé pour apporter cette contribution, c’est d’y travailler chaque jour.
À l’exception du dimanche.
Un dimanche réussi, c’est un dimanche sans effort.
Force et Lumière