Comment un journal de Gratitude transforme notre cerveau et réduit notre appétence au matérialisme

Djamila KROURI
Essentiel
Published in
5 min readJan 2, 2021

Depuis quelques années, nous assistons à un véritable phénomène éditorial : le carnet ou journal de gratitude.

Ces carnets ont envahit les librairies et grandes surfaces. Il y en a pour tous les goûts : des fleuris, ou agrémentés de dessins fun et inspirants aux plus sobres pour les minimalistes.

Le principe est simple : écrire religieusement chaque jour, 3 événements positifs au minimum qui vous sont arrivés dans la journée et pour lesquels vous vous sentez reconnaissant.

Mais d’où vient cette idée ? Pourquoi ce concept prend-il autant d’ampleur dans notre société ? Comment contribue-t-il à notre bien-être ? Dans quelle mesure pouvons-nous l’appliquer pour devenir la meilleure version de soi-même ?

C’est ce que j’ai tenté de découvrir à travers mes recherches dont voici un résumé :

UN PEU D’ÉTYMOLOGIE :

Dérivé du Latin « gratia » le mot gratitude représente la bénédiction, la reconnaissance. Rendre grâce à la vie ou à une personne. Il est donc associé au don et au sentiment de bien-être qui en découle.

Ainsi la gratitude est une émotion positive déclenchée par un don.

PSYCHOLOGIE POSITIVE

Tout le monde connait dans le développement personnel le test du verre à moitié plein.

Depuis une étude menée en 2003 dans une université de Californie par Robert A. Emmons et Michael E. McCullough et les progrès en neurosciences, notamment grâce à l’imagerie médicale, les psychologues sont convaincus des pouvoirs bénéfiques de la gratitude.

D’après Rebecca ShanKLAUD Maitre de conférences et auteure de La psychologie positive aux éditions Dunod, la gratitude permet :

  • une meilleure forme physique
  • plus d’optimisme
  • plus de vigilance
  • plus d’enthousiasme
  • plus de détermination

Elle offre aux personnes qui la pratiquent une représentation plus positive de leur environnement social et de leurs conditions de vie.

Je comprends donc que lorsque nous considérons le verre à moitié plein ou totalement plein d’ailleurs (air + eau) notre cerveau se concentre sur le positif.

C’est ainsi que les psychologues ont commencé à changer leur angle de prise en charge des personnes souffrant de dépression. Plutôt que de se focaliser sur leur souffrance et tout ce qui ne va pas dans leur vie, ils les invitent à travailler sur les bons moments éprouvés.

Le journal de gratitude est — il adapté à tout le monde ?

Commencer un tel carnet est un engagement d’écriture, de temps et d’assiduité.

Il y a une notion de contrainte, trouver le bon horaire pour ne pas se décourager à le remplir.

Surtout, il est probable de se retrouver un jour devant une page blanche, ne trouvant pas d’évènement positif à écrire. Que penser alors ? Ma vie est-elle si médiocre que je n’ai rien à inscrire ?

De plus, lister des évènements sans analyse et pistes de compréhension ne mène pas à la résolution de vrais problèmes.

Ainsi pour les personnes malades ou en dépression, le journal a ses limites. Par ailleurs, cela les encourage à nier leur problème et les empêche de se confronter aux dysfonctionnements de leur vie.

Pour les personnes adeptes de la spontanéité comme moi, on mettra le journal de côté au profit de la gratitude en pensée, dans une séance de méditation pour les plus aguerris ou un travail de visualisation.

Ces exercices permettent de muscler notre cerveau, intégré dans une routine, la gratitude diminue chez celui que la pratique :

  • les maux du corps
  • le stress
  • la démotivation

LA GRATITUDE A L’ÉCHELLE COLLECTIVE

Au travail :

La psychologie positive s’invite jusque dans les techniques de management.

Depuis peu, les entreprises prennent conscience de l’importance du bien-être de leurs salariés.

Elles font appel à des coachs, définissent des systèmes de reconnaissance comme les tableaux et récompenses.

L’objectif étant de développer l’esprit de cohésion et d’équipe.

En retour, elles espèrent déclencher la reconnaissance et le don réciproque de la part de leurs salariés. Ces derniers s’estimant valorisés.

La gratitude favorise ainsi l’altruisme.

Au sein du couple :

L’enjeu ici est de préserver et de faire perdurer la relation amoureuse dans le respect de l’autre.

Ne pas demander l’impossible à son partenaire, en commençant par s’accepter soi-même et savoir apprécier les petits gestes d’amour au quotidien. (comme acheter son dessert favori, faire la vaisselle, faire garder les enfants en vue d’une soirée en tête à tête….)

Là encore, la reconnaissance de ces gestes vient cimenter le couple. Un engagement de réciprocité en découle alors. Il n’y a plus de place pour l’égoïsme ou les caprices. Souvent les personnes malheureuses souffrent d’un sentiment d’insatisfaction permanent, elles considèrent que tout leur ait dû. Elles ne savent pas apprécier le don des autres à leur juste valeur.

Dans l’éducation des enfants et la famille :

L’institut national de prévention et de l’éducation pour la santé préconise de pratiquer le journal de gratitude dès l’année du CP. Une étude est en cours pour la mise en application orale en maternelle.

D’après les chercheurs, la gratitude pratiquée dès le plus jeune âge renforce la confiance de l’enfant, le bien-être et l’altruisme.

LA GRATITUDE COMME ANTIDOTE AU MATÉRIALISME

À l’instar du phénomène du carnet de gratitude, une femme a fait beaucoup parler d’elle ces dernières années, j’ai nommé Marie KONDO, consultante en rangement et en développement personnel.

Auteure de La Magie du rangement, elle propose une méthode qui se veut innovante en se servant de la psychologie positive. Le concept est de se connecter à nos émotions positives, de commencer par sélectionner les objets qui nous rendent heureux que l’on souhaite conserver. Et de se débarrasser du reste. Ça vous rappelle quelque chose ?

Ainsi, on prend conscience que l’on peut se satisfaire du minimum et éviter les pièges du consumérisme qui cultive le manque. On devient un consommateur responsable. Le deuxième effet quiz cool étant le bonheur de mettre de l’ordre dans ces affaires.

À ce stade, je tique un peu : la gratitude comme outil marketing, est-ce qu’on n’a pas poussé un peu trop loin le bouchon ?

« Marchandiser » le minimalisme, le paradoxe de Marie KONDO. Sa fortune est estimée à 8 millions de dollars, elle est à la tête d’une école de formation payante pour créer des ambassadeurs de sa marque et de son concept. Depuis peu, elle se trouve au cœur d’une polémique sur la création d’une boutique en ligne. (peut-être pour remplir l’espace vidé grâce à sa méthode)

Le capitalisme au service de l’anticapitalisme ! La magie du progrès :)

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Djamila KROURI
Essentiel

Consultante immobilier, coach expert, anime le blog www.dja-chez-moi.com sur la sociologie urbaine, l'immobilier d'aujourd'hui et de demain.