En te souhaitant d’être plus forte que les préjugés

Nadia Alami
Essentiel
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10 min readDec 11, 2020
Dédicace d’Amin Maalouf : à Nadia, en lui souhaitant d’être plus forte que les préjugés.
L’enseignement d’une vie entière…

La formule sacrée qui dicte ma vie

Depuis l’adolescence, cette phrase me guide comme un mantra.

Elle m’a été offerte comme un précieux cadeau, sur un petit bout de papier déchiré, par l’auteur franco-libanais Amin Malouf (prix Goncourt 1993 pour Le rocher de Tanios et membre de l’Académie française).

J’avais 13 ou 14 ans quand je l’ai rencontré. Comme chaque année, j’accompagnais ma mère au Salon du livre de Paris où elle tenait absolument à me faire rencontrer les grands auteurs contemporains qu’elle admirait. J’en connaissais certains, comme Max Gallo ou Tahar Ben Jelloun. Je les avais découverts en piochant leurs livres dans la bibliothèque familiale, mais LUI je ne le connaissais pas. De toute façon, à l’époque, je n’avais d’yeux que pour Bernard Werber et sa trilogie des fourmis.

Je ne mesurais donc pas la dimension de ce Monsieur Amin Maalouf. Toutefois, il m’avait beaucoup impressionnée. Le roulement de ses « r » était à lui seul un voyage imaginaire vers l’orient. Et je devinais peut-être que notre rencontre ne resterait pas une simple conversation.

Je n’imaginais pas la portée de ces quelques mots sur ma vie :

À Nadia, en lui souhaitant d’être plus forte que les préjugés.

Comme un étendard levé bien haut

J’ai d’abord accroché ce petit bout de papier sur le mur de ma chambre d’adolescente, entre un poster de Michael Jackson et un autre de Kevin Costner. Pour une mise en valeur, on repassera.

Puis je lui ai cherché un écrin plus adéquat. Je l’ai encadré et accroché au-dessus de mon lit, comme un étendard. Le symbole d’une cause qu’on m’avait demandé d’embrasser, malgré moi. Mais à laquelle je m’étais finalement ralliée bien volontiers.

Je lisais ces quelques lignes tous les soirs avant de m’endormir et je laissais vagabonder mes pensées sur leur dimension philosophique. Qu’est-ce qu’il avait bien voulu me dire ce Monsieur Amin Maalouf avec ses cheveux en bataille ? Aurais-je assez d’une vie pour en faire le tour ?

Mon petit bout de papier est resté au mur des années.

Puis, un jour, ces mots avaient suffisamment imprégné mon être pour que je puisse les décrocher et m’en séparer. Après tout, je suis adepte du minimalisme, je ne m’attache qu’à la symbolique des choses.

Les mots de ce grand Monsieur étaient à tout jamais gravés dans mon esprit. Je savais que je ne pourrais jamais les oublier.

Alors, à chaque événement de ma vie, j’ai brandi mon étendard. Juste pour moi. Afin d’être en accord avec MA cause.

Chaque décision que j’ai prise, chaque rencontre que j’ai faite, chaque voyage que j’ai entrepris, je me suis souhaité d’être plus forte que les préjugés.

Souvent je m’y suis tenue. Parfois j’ai échoué. La faiblesse m’a rattrapée et j’ai émis des préjugés. Mais je n’ai jamais cessé de remonter en selle, l’étendard levé bien haut. Pour me prouver à moi-même que je ferais mieux la fois prochaine.

C’est en tombant qu’on se relève plus intelligente.

Ma piqûre de rappel : le dictionnaire

Il m’en a fallu (et il m’en faut encore) des piqûres de rappel pour ne pas me détourner de ma cause.

Un dictionnaire ouvert sur une table d’une bibliothèque pour chercher la définition du mot “préjugé”

Pas une année ne passe sans que je ne consulte le dictionnaire pour m’assurer que la définition du mot « préjugé » n’a pas changé. Je le sais bien, il n’y a aucun risque. Mais ne sait-on jamais ? Un changement de sens pourrait arriver par inadvertance et écraser comme une crêpe toute ma construction philosophique.

Mais qui possède le droit de modifier la langue française ? Les immortels ! Les membres de l’Académie Française justement. Ah, non, Monsieur Maalouf, par pitié, vous et vos amis, épargnez-moi, ce serait trop pour mon petit cerveau.

En revanche si vous pouviez vous pencher sur une réforme des verbes pronominaux, vous feriez une heureuse. J’en ai mal à la tête de chercher sans cesse les règles et exceptions qui vont avec.

Je n’ai plus de dictionnaire papier à la maison, mais pour cet article j’ai consulté la définition du Larousse, que je partage ci-dessous :

  • Préjugé : jugement sur quelqu’un, quelque chose, qui est formé à l’avance selon certains critères personnels et qui oriente en bien ou en mal les dispositions d’esprit à l’égard de cette personne, de cette chose : avoir un préjugé contre quelqu’un.
  • Opinion adoptée sans examen souvent imposée par le milieu, l’éducation : avoir les préjugés de sa caste.
  • Synonymes : idées préconçues, parti pris.

Je suis rassurée, cette année encore, pas de changement de sens. Je garderai le même cap que les années passées.

La découverte des Quatre Accords Toltèques : une claque et une grosse remise en question de ma cause

Les quatre accords toltèques de Don Miguel Ruiz

Un jour, j’ai découvert Les Quatre Accords Toltèques de Don Miguel Ruiz. Désolée, Monsieur Amin Maalouf, je salue l’immense Auteur que vous êtes, mais ce livre est le plus puissant que j’aie pu lire dans ma vie. Ces quatre accords ont raisonné en moi tellement fort que je les ai également gravés au fond de mon cœur.

De plus, ils ont eu un retentissement très important sur la petite phrase qui guidait ma vie jusqu’à présent.

Ils sont la voie de la sagesse absolue et pour moi le chemin de la liberté.

  • 1er Accord Toltèque : que ta parole soit impeccable (ne critique pas, exprime-toi avec honnêteté)
  • 2e Accord Toltèque : quoi qu’il arrive, n’en fais pas une affaire personnelle (ce que les autres disent et font leur appartient. Ne prends pas pour toi les sorts jetés par leurs paroles)
  • 3e Accord Toltèque : ne fais pas de suppositions
  • 4e Accord Toltèque : fais toujours de ton mieux, ni plus ni moins

La petite graine du préjugé étant semée en moi depuis des années, le troisième Accord Toltèque a donc raisonné très fort. Il m’a fait de nouveau brandir mon étendard bien haut.

Ne fais pas de suppositions : j’ai souscrit à ce nouvel accord avec joie. Même si je me rajoutais une charge importante. Dorénavant, au-delà de ne pas avoir de préjugés, je ne devais plus faire de suppositions…

J’ai assimilé ce 3e Accord Toltèque au conseil avisé d’Amin Maalouf, mais je me trompais.

Être plus forte que les préjugés vs Ne pas faire de suppositions : comment j’ai envisagé les choses sous un nouvel angle

Troisième accord Toltèque : ne fais pas de suppositions

Cela signifie qu’il vaut mieux poser des questions que faire des suppositions ou interpréter les choses. Il faut communiquer de manière claire et ne pas réagir en fonction de ses propres suppositions qui ne seront jamais l’exacte réalité. Dans tous les cas, on ne peut jamais deviner les pensées de l’autre, dans la mesure où notre propre vision des choses est fluctuante.

En voici la définition du Larousse :

  • Supposition : action de supposer, d’admettre quelque chose par hypothèse.
  • Synonymes : hypothèse, présomption, préjugé (ha ha ! on y est)

Soudain, une idée a jailli devant mes yeux. Un poing dans la tronche. Jusqu’alors, j’avais mal interprété le conseil d’Amin Maalouf, et il m’a fallu plus de 20 ans pour m’en rendre compte… La loose…

Je me suis trompée dans l’interprétation de mon mantra

Dédicace d’Amin Maalouf
Bis repetita mais c’est pour voir si tu suis toujours.

Je venais de me rendre compte que j’avais omis une grosse partie de la dédicace d’Amin Maalouf. Je n’avais considéré que la partie « n’émets pas, ou n’aie pas de préjugés ». Notion reprise dans le 3e Accord Toltèque « Ne fais pas de suppositions ».

Mais OH mon Dieu, j’avais totalement omis la dimension « être plus forte que » qui signifie en réalité : « ne souffre pas des préjugés émis envers toi » ! Quelle claque ! Le KO ! Je suis à terre. Je ne respire plus. Je reste le regard figé d’incompréhension. Qu’on jette l’éponge, je ne supporterai pas de souffrir une minute de plus de mon ignorance.

Comment ai-je pu passer à côté de ça ? Suis-je une imbécile ? Est-ce que je porte des ornières ? J’ai passé toute une vie à réfléchir à cette phrase, à me la répéter sans cesse, et je ne l’avais pas comprise dans sa globalité. Je comprends maintenant pourquoi ce n’est pas moi qui suis académicienne…

Je réalise donc qu’être plus forte que les préjugés c’est :

  • Ne pas faire de suppositions (3e Accord Toltèque), mais également
  • Me moquer de ce que disent ou pensent les autres de moi (2e Accord Toltèque : quoi qu’il arrive, n’en fais pas une affaire personnelle)
  • Faire toujours de mon mieux pour accepter les moments où je me laisserais prendre par la faiblesse des préjugés (4e Accord Toltèque : fais toujours de ton mieux, ni plus ni moins)
  • Avoir une parole impeccable, (1er Accord Toltèque). Le plus puissant des accords et qui regroupe tous les autres par sa sagesse.

Je crois qu’après cette claque, je peux reconnaître qu’Amin Maalouf a semé en moi une graine bien plus grosse que je ne l’avais pensé au départ. Une graine de philosophie (moi qui ai eu 7 au bac…), une graine d’amour, de fraternité, de paix, et de liberté de l’esprit.

Merci Monsieur, de m’avoir transmis ce cadeau. Il vaut tout l’or du monde.

Ma contribution à la cause d’Amin Maalouf

J’ai longtemps gardé pour moi mes idées et les réflexions qui en ont résulté. Je ne savais pas trop à qui en parler. C’est peut-être mieux d’ailleurs, car j’aurais pu en parler pendant des heures et je ne sais pas si mes amis auraient apprécié (tiens, je fais une supposition là, je l’accepte, je fais de mon mieux, tout est parfait).

Puis un jour, j’ai eu envie de la partager avec d’autres (la sagesse due à l’âge, il faut bien trouver des avantages aux cernes et aux rides autour des yeux). Mieux que ça, j’ai souhaité la transmettre de la même manière qu’elle m’avait été transmise. Jetée comme ça, par l’expéditeur, comme une bouteille à la mer, sans demander son accord au destinataire.

Oui, mais comment ?

Une bouteille échouée en bord de mer portant le message de lutte contre les préjugés
Comme une bouteille à la mer

Certes, en vous en faisant part aujourd’hui. Je me rends compte que ça marche très bien aussi. Coucou ! Veux-tu bien ouvrir ma bouteille à la mer ? Oui ? Merci !

Surtout, je la notifie désormais sur les cartes de félicitations que j’écris pour la venue au monde de bébés.

Depuis quelques années, sur chaque carte de félicitations que j’offre avec un cadeau ou que j’envoie par la poste, je souhaite la même chose à ce petit être qui vient embellir le monde de sa présence.

« Petit bébé chéri, le monde est plus beau depuis que tu en fais partie. De tout mon cœur, je te souhaite une vie douce, remplie d’amour, de paix et de liberté. Par dessus tout, je te souhaite d’être plus fort que les préjugés. » (et voilà, tu n’as plus le choix bébé chéri, je t’ai transmis ma noble cause. Dorénavant, tu devras lever bien haut ton propre étendard ! Et je t’ai à l’œil, je serai là pour te le rappeler si tu l’oublies)

Je te souhaite d’aller au-delà de ton éducation, de ta religion et de ton instruction.
Je te souhaite d’être capable de voir en l’autre un frère et non un rival.
Je te souhaite d’accueillir l’étranger et de voir en lui le miroir de ton âme.
Je te souhaite de voir en l’animal un être sensible à respecter et protéger.
Je te souhaite également d’être clément avec toi-même si tu n’y arrives pas.

Je te souhaite d’accueillir la critique avec sérénité.
Je te souhaite de ne pas souffrir du racisme.
Je te souhaite de pardonner à l’autre sa faiblesse et son ignorance.

Il n’aura ni tes armes ni ta connaissance. Il n’aura probablement pas entendu parler du Grand Amin Maalouf, ni des Quatre Accords Toltèques. Mais toi, tu les connaîtras, car ils seront gravés à jamais au fond de ton cœur. Et tu les transmettras à ton tour à tes enfants, puis à leurs enfants.

Grâce à ces principes, tu seras plus sage, et supporteras mieux les rides et les cheveux blancs. Dans tous les cas, mets quand même de la crème contour des yeux, ça n’enlèvera rien à ta sagesse.

À mes enfants, Mila et Marceau, à ma fille de cœur, Maëlig. Mes filleuls, Rory, Morgan, Archange et Raphaël. À tous les enfants d’aujourd’hui et à ceux qui ne se sont pas vus grandir.

Je vous souhaite à tous d’être plus forts que les préjugés.

Si mon article t’a plu, je t’invite à le partager, à le liker, ou à écrire un commentaire, je serais ravie d’y répondre. Par dessus tout, j’aimerais beaucoup connaître la phrase ou le principe qui dicte ta propre vie. Si tu le souhaites, partage-le en commentaire, cela pourrait faire l’objet d’un prochain article :-) Merci d’avance.

Si tu ne connais pas Les 4 Accords Toltèques de Don Miguel Ruiz, je te conseille vivement de le lire. Pour l’acheter, clique sur ce lien. Je te le promets, ce livre a le pouvoir de changer une vie.

Si tu souhaites lire Amin Maalouf, je te recommande de commencer avec son prix Goncourt, Le rocher de Tanios. Tu peux l’acheter en cliquant sur ce lien. Toutefois, celui que j’ai préféré c’est Le premier siècle après Béatrice, le lien est ici.

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Merci de m’avoir lue jusqu’au bout, je te souhaite paix et liberté. À bientôt.

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Nadia Alami
Essentiel

Web entrepreneure, coach en rangement, maman imparfaite. Anime le blog rangerchanger.fr sur les avantages de désencombrer sa vie pour se libérer du temps.