Faire les bons choix : pourquoi la volonté seule ne suffit pas ?
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17h30, vendredi après-midi. Je boucle gentiment les derniers dossiers qu’il me reste avant de partir en week-end quand mon téléphone se met à vibrer. Un nouveau SMS d’un de mes meilleurs amis qui me propose d’aller boire un verre après le boulot. Ni une ni deux, je lui répond oui et lui donne rendez-vous à Bastille vers 19h.
Je sais déjà ce qui va se passer.
Je sais que nous allons nous mettre en terrasse. Le printemps s’est installé et il n’y a rien de mieux qu’une bière bien fraîche en profitant de la fin de journée et du week-end qui s’annonce avec un vieil ami. Je sais que nous aurons sans doute un million de choses à nous dire et qu’il y a de fortes chances pour que l’on reste plusieurs heures assis à cette table à refaire le monde autour d’une bière.
Je le sais et je compte bien en profiter.
Je n’ai pas envie de me sentir coupable parce que j’aurais bu deux ou trois bières ce soir là alors que j’ai décidé de faire attention pour être en meilleure forme et venir à bout des derniers kilos que je pourrais avoir à perdre. Je sais aussi que parfois même nos meilleurs amis peuvent ne pas se rendre compte qu’ils ne servent pas toujours nos intérêts.
« Allez, ce n’est qu’une petite bière, tu feras attention demain ! »
« Comment ça tu ne bois plus d’alcool, c’est ta nouvelle lubie ? »
Après une semaine de travail bien remplie, ce moment de détente est important pour moi. Si ma journée a été fatigante ou si ma semaine a été longue et compliquée, il sera d’autant plus difficile pour moi de résister à ces incitations. Je sais que je suis faillible et je n’ai qu’une confiance modérée en ma capacité à résister à la tentation !
C’est humain et surtout ce n’est PAS GRAVE. Il existe des solutions pour diminuer l’impact de ces « écarts de conduite ».
Prendre conscience des mécanismes à l’oeuvre.
La pression sociale prend bien des formes et les commentaires un peu taquins ou les incitations à la consommation (même lorsqu’ils sont fait sans penser à mal) en font partie. Au-delà même de ces mécanismes conscients d’incitation un certain nombre de recherches ont prouvé que le fait de manger en groupe avait une incidence non-négligeable non seulement sur la teneur de notre alimentation (le fameux « Tout compte fait je vais prendre comme toi») mais aussi sur la quantité de nourriture ingérée.
Il s’agirait là d’un mécanisme psychologique hérité de nos ancêtre visant à améliorer nos chances de s’intégrer à un groupe donné.
“It appears that in some contexts, conforming to informational eating norms may be a way of reinforcing identity to a social group.”
Notre entourage serait donc l’un des paramètres à prendre en compte lorsque l’on essaie d’atteindre un objectif particulier. Il peut dont être intéressant, voire nécessaire, de se poser la question de savoir si les gens que nous côtoyons au quotidien constituent plutôt une aide ou un frein dans la mise en place des changements que l’on souhaite adopter.
L’une des solutions pourrait être de choisir de vivre comme un ermite et d’éviter toute interaction sociale impliquant de manger avec nos congénères… Mais heureusement avant d’en arriver là, il nous reste quelques alternatives à explorer.
Je reviendrais dans un prochain article sur les dynamiques à l’oeuvre lorsqu’il s’agit de la résistance au changement de l’entourage et comment y remédier le cas échéant.
La psychologie du changement fonctionne un peu comme un tour de magie. On se laisse avoir jusqu’à ce que l’on ait compris « le truc ».
Après il devient plus compliqué pour notre cerveau de nous faire retomber dans nos anciens travers. Prendre conscience des mécanismes de mimétisme à l’oeuvre dans le cadre de ces interactions sociales est déjà, selon moi, avoir fait une bonne moitié du chemin. Cependant, dans l’hypothèse où l’on se laisserait encore « piéger », voici quelques pistes à explorer pour minimiser les « dégâts ».
Essayer de viser juste 80% du temps : pourquoi la modération est importante.
J’ai l’intime conviction que nous avons tous une quantité limitée de volonté. Les manquements et les erreurs de jugement liés à la fatigue décisionnelle sont bien connus des psychologues et ont une incidence sur notre capacité à faire des choix au quotidien.
Et puis il y a des choses pour lesquelles nous arrivons sans peine à supporter la contrainte et d’autres pour lesquelles c’est beaucoup plus compliqué.
Par exemple certaines personnes n’auront aucun mal à courir 5 km chaque jour (chose que je ne recommande pas forcément d’ailleurs) mais seront incapables de résister devant un burger ou des tacos. D’autres auront toutes les peines du monde à aller à la salle de sport mais n’auront aucune difficulté à observer un régime alimentaire sain au quotidien sans même avoir le sentiment de se priver. Chacun compose avec ses forces et ses faiblesses.
C’est pour cela que pour certains d’entre nous il est important de se ménager des espaces de « liberté ». Des moments destinés à se faire plaisir qui joueraient en quelque sorte un rôle de soupape psychologique. Le but n’est pas de subir ces changements pendant 6 semaines pour finir par craquer complètement les 6 semaines d’après. Nous essayons ici de mettre en place des habitudes durables qui porteront leurs fruits sur le long terme.
L’autre argument en faveur de petits écarts de conduite occasionnels tient dans le fait qu’ils pourraient ne pas avoir une incidence trop importante sur les résultats espérés.
Une étude publiée par la Shaheed Beheshti University of Medical Sciences and Health Services a prouvé qu’une période de restriction calorique relativement importante (800 calories/jour de moins que les apports habituels) de 11 jours suivie 3 jours sans aucune restriction pouvait conduire à de meilleurs résultats que ce qui avait été initialement imaginé. Après avoir suivi ce protocole pendant 42 jours, les femmes ayant pris part à cette étude avaient perdu en moyenne 8 kg de masse grasse.
Il y a plusieurs possibilités envisageables pour tenter de répliquer les bénéfices mis en avant par cette étude mais si nous devions résumer cela en une phrase : essayez de viser juste 80% du temps.
Créer des systèmes qui laissent de la place aux écarts (ponctuels) de conduite
J’ai déjà abordé dans un précédent article les bienfaits du jeûne intermittent et ses effets positifs au niveau physiologique.
L’un des avantages que l’on pourrait également citer tient au fait qu’il permet de mettre en place des restrictions caloriques périodiques de manière relativement « indolore ». Le fait de jeûner un ou deux jours dans la semaine permettrait de profiter des bénéfices liés à ce genre de pratiques sans que cela conduise à des contraintes trop importantes mais aussi et surtout cela pourrait permettre de limiter les effets négatifs d’éventuels écarts.
En quelque sorte jeûner pourrait permettre de « faire de la place » pour des périodes pendant lesquels nous pourrions avoir une alimentation un peu plus souple.
Je pense qu’il est important ici de rappeler qu’à aucun moment je ne recommande de se priver ou d’observer un régime alimentaire qui reposerait sur des contraintes trop importantes au niveau psychologique.
Je pense que comprendre les mécanismes à l’oeuvre, les risques et les bénéfices potentiels lorsqu’il est question de santé et d’alimentation permet de faire un choix éclairé et d’agir poussé par une volonté de se faire du bien et de fournir à son corps ce dont il a besoin plus qu’en abordant le sujet comme quelque chose de fondamentalement contraignant.
L’un de mes objectifs avec ce projet reste de prouver que l’on peut manger sainement, être en pleine forme, en bonne santé sans pour autant que cela soit compliqué ou éprouvant psychologiquement.
Si j’aborde ces « tactiques » c’est pour prouver que dans l’hypothèse où nous ne serions pas en mesure d’observer les règles que nous aurions définis ensemble, il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure car il existe des solutions !
Se fixer des contraintes REALISTES
Nous avons tous des modes de vie fondamentalement différents, tant au niveau du rythme, du contenu de nos journées que des contraintes avec lesquelles il nous faut composer. Je pense que l’une des choses importante à garder en mémoire lorsque l’on essaie de mettre en place des changements qui se veulent durables c’est qu’il convient de se fixer des contraintes réalistes.
Pour cela il convient d’essayer d’avoir une vision à long terme et de ne pas se laisser embarquer par le quotidien au point de perdre de vue l’objectif.
Je fais cela parce que j’espère vivre longtemps et en bonne santé afin de pouvoir profiter longtemps de mes proches et mener à bien tous les projets qui me tiennent à cœur. Je sais ce que c’est que d’être malade, compromis dans son intégrité, diminué… Je ne souhaite plus revivre ça et mes recherches m’ont conduit à considérer la nutrition comme le meilleur moyen d’arriver à mes fins.
Dans ce contexte là, la motivation qui me pousse à agir est suffisamment forte pour que faire le bon choix au quotidien ne soit pas une chose compliquée. Le plus dur reste encore d’être capable de dire non aux autres…
Il est important d’examiner attentivement les raisons qui vous poussent à agir car elles sont le moteur principal de votre changement et aussi l’une des raisons pour lesquelles vous réussirez ou vous échouerez. J’aborderais le sujet plus en profondeur dans un autre article car il s’agit là d’une thématique qui mérite d’être traitée séparément.
Chacun agit pour des raisons qui lui sont propres et elles sont toutes aussi valables les unes que les autres mais je pense qu’avoir une vision claire des motivations qui nous pousse à agir permet de savoir dans quelle mesure nous sommes prêts à faire des sacrifices, des compromis ou les choix qui s’avèrent parfois difficiles mais nécessaires.
En attendant, prenez soin de vous.
Thomas
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