La communication non violente : Une nouvelle langue pour résoudre les conflits et être mieux compris
Découvrez les bienfaits à vous engager dans une communication consciente et non violente.
Temps de lecture estimé : 10 minutes
Communiquer avec les autres peut être une expérience éprouvante et parfois hostile. Mais en exprimant honnêtement nos sentiments et nos besoins tout en restant ouverts et en évitant de faire du mal aux autres, nous pouvons dire la vérité sans nous blesser ou blesser les autres.
Dans Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs), le psychologue Marshall Rosenberg nous introduit aux principes de la communication non violente (CNV) comme une manière de communiquer clairement vos sentiments sans causer de souffrance, de nous connecter aux autres de manière à permettre le don naturel.
Cet article se veut une introduction à la pratique de la communication non violente. Grâce à des techniques simples, vous pouvez apprendre à changer consciemment votre langage et entretenir des relations de meilleure qualité avec les autres.
Qu’est-ce que la communication non violente ?
La communication non violente (CNV) est un moyen de communication qui nous permet de communiquer honnêtement avec les autres et sans porter de jugement. Elle a été développée par le psychologue Marshall Rosenberg dans les années 60.
D’après Rosenberg, la plupart d’entre nous ont été éduqués dès la naissance à la compétition, la rivalité, le jugement, ce qui nous conduit à penser et à communiquer de façon binaire et manichéenne — il y a le bien et le mal.
Nous avons tendance à exprimer nos sentiments en fonction de ce que l’autre nous a « fait », nous libérant ainsi de nos responsabilités — et rendant ainsi les solutions plus difficiles a trouver.
Nous luttons pour comprendre ce dont nous voulons ou avons besoin dans le moment, et comment formuler une demande claire et précise de ce que nous voulons sans faire appel à des techniques malsaines, des menaces ou user de la coercition. Communiquer ainsi ne peut générer des malentendus et de la frustration, ou simplement nous empêcher d’obtenir ce que nous voulons.
Les principes de la communication non violente aident à surmonter cela en nous concentrant sur l’écoute des vrais besoins des autres, et en demandant ce dont nous avons besoin sans tomber dans l’écueil de la violence.
Si vous êtes avocat, ingénieur ou chefs d’entreprise, la communication non violente sera particulièrement utile pour vous, car ces milieux professionnels découragent grandement la manifestation d’émotions et de sentiments.
Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)
« Les jugements portés sur autrui sont l’expression détournée de nos propres besoins inassouvis. » — Marshall Rosenberg
La façon dont nous parlons reflète notre vision de nous-mêmes, nos attitudes, ainsi que nos comportements et nos opinions sur les autres. Malheureusement, nous avons tendance à oublier que les mots ont un sens et que cela peut blesser.
Rosenberg décrit quelques manières communes de communiquer qui nous éloignent de notre état naturel de compassion. Vous pouvez vous reconnaître dans certains d’entre eux.
Le langage pour masquer notre conscience ou notre responsabilité. Ce sont des phrases qui commencent par « Je devrais » ou « Je dois ». Cela traduit de l’impuissance et ce manque de choix peut vous faire accuser les autres responsables de vos émotions et de vos sentiments. La CNV vous aide à utiliser un langage qui reconnaît le choix.
Ne pas séparer les observations des évaluations. Lorsque nous partageons nos observations avec d’autres et que nous les combinons avec une sorte d’évaluation, ils vont entendre cela comme une critique. La CNV vous aide à devenir plus conscient de votre communication basée sur des évaluations.
Ne pas distinguer les sentiments des pensées. Nous avons tendance à commencer une phrase par « je ressens » ou « je me sens », mais cela se termine par une pensée. Par exemple, vous pourriez dire « je sens que vous ne me prenez pas au sérieux ». C’est un jugement et ce n’est pas dire à la personne comment son comportement vous fait réellement sentir, c’est-à-dire triste.
Le problème dans l’expression de votre problème avec des pensées plutôt que des sentiments est que d’autres personnes ne se connectent pas avec des pensées. Vous êtes beaucoup plus susceptible de vous faire comprendre si vous parlez de ce que vous ressentez. La CNV vous aide à distinguer vos sentiments de vos pensées. Cela améliore les perspectives que les autres éprouvent de l’empathie pour vous.
Des requêtes qui manquent de clarté. Si vous n’avez pas identifié l’action claire qu’une personne peut faire pour répondre à vos besoins, il est peu probable que vos besoins soient satisfaits. La CNV vous aide à clarifier cela.
Nous faisons des demandes, pas des requêtes. La CNV vous faire prendre conscience à quel point vos demandes sont souvent voilées. Vous savez que vous avez fait une demande quand vous prenez mal le fait que quelqu’un refuse ce que vous demandez.
Nous échouons à écouter avec empathie. En cherchant à faire preuve d’empathie envers les autres, nous avons tendance à la trahir en offrant de la sympathie ou de la consolation sans nous demander si nous voulions des conseils ou du réconfort. La CNV dit que l’empathie vide nos esprits pour permettre une écoute active et pleinement attentive.
Être indirect. L’agression passive est un style de confrontation qui est un moyen commun, mais aliénant de communiquer des besoins. La CNV implique un engagement à gérer les choses directement.
Un exemple de communication aliénante
Cette communication qui aliène la vie se produit lorsque nos mots érigent des murs au lieu de créer des ponts. Imaginez que vous rentrez du travail et que vous constatez que votre colocataire a quitté la cuisine pleine de vaisselle sale. Dans une telle situation, vous pourriez nourrir la frustration et vouloir le communiquer à votre colocataire.
Mais au lieu d’exprimer calmement vos sentiments, vous criez : « Tu es tellement bordélique, tu ne te soucies même pas du lieu où tu vis et que tu partages avec moi ! »
Problème, ce jugement va piquer l’ego de votre colocataire qui va réagir à son tour et chercher à détourner votre attention en vous faisant des reproches. Vous vous retrouvez tous les deux à échanger un dialogue de sourds avec les nerfs à vif.
Le jugement moraliste est une forme de communication qui bâtit un mur. Toute personne qui va à l’encontre de votre système de valeurs est pour vous une personne qui se comporte « mal » ou « qui a tort ». Votre jugement peut se traduire par des insultes, des critiques ou des étiquettes que vous collez pour catégoriser un comportement.
Bâtir un pont est une façon de parler qui s’efforce de répondre aux besoins de tous afin que chacun puisse faire un pas vers l’autre.
Pour ce faire, cela suggère que nos mots reflètent le véritable état de nous-mêmes et du monde, tout en évitant de jeter l’anathème sur autrui. C’est ce que propose la communication non violente.
Les 4 étapes du processus de la communication non violente
L’une des principales forces de l’approche CNV est qu’elle nous aide à communiquer clairement nos sentiments. Elle le fait en nous encourageant à observer objectivement, à identifier nos besoins et à communiquer avec compassion.
Il y a quatre composants à la communication non violente :
- Les observations : Les actions concrètes que nous observons et qui affectent notre bien-être.
- Les sentiments : Comment nous sentons-nous par rapport à ce que nous observons.
- Les besoins : Ce dont nous avons besoin par rapport à ce que nous ressentons.
- Les demandes : Les actions concrètes que nous demandons pour enrichir nos vies.
Ces principes s’appliquent aussi à l’écoute que vous avez envers votre interlocuteur. Nous avons tendance à ne pas voir les choses telles qu’elles sont, mais comme nous sommes.
La CNV apporte de la clarté pour dissiper le brouillard de l’égo qui se niche dans votre écoute et votre expression.
Jetons un regard plus approfondi sur chacun des éléments.
1. L’observation factuelle
Le premier élément de la communication non violente est l’observation. Cela consiste à observer et à décrire une situation de manière objective et sans jugement.
Une observation est simplement un énoncé de faits, comme « il y a de la vaisselle dans l’évier ». L’aspect crucial des observations est qu’elles sont sans jugement. Par exemple, dire « la cuisine est en bordel » est un jugement plutôt qu’une observation, puisque la définition de « bordel » est subjective.
Il est important de faire la distinction entre l’observation et l’évaluation. Le philosophe indien, Jiddu Krishnamurti a écrit que l’observation sans évaluation est la plus haute forme d’intelligence. Pour beaucoup, faire la distinction entre l’observation et la critique ou le jugement peut être difficile.
L’observation se base sur des faits objectifs, ce qui, à son tour, réduit la probabilité d’un malentendu. Au lieu de dire « tu es en retard », préférez « nous avons rendez-vous à 13 h, il est 13 h 30 ». Ou « Tu procrastines » devient « Tu révises tes examens la veille ».
L’observation est exempte de toute critique, elle se contente de constater des faits, ce qui empêche le destinataire de votre message d’être sur la défensive ou de se sentir agressé. Les faits directement observables fournissent un terrain d’entente pour la communication.
Lorsque vous êtes confronté à une situation, commencez par observer attentivement la situation avant de dire quoi que ce soit.
2. Les sentiments véritables
Le deuxième élément de la CNV est le sentiment. Les sentiments sont des signaux envoyés par votre subconscient qui vous disent si vos besoins sont satisfaits. Si vous vous sentez triste et seul, vous percevez vraiment que vos besoins ne sont pas satisfaits.
En reconnaissant vos besoins et celui de votre interlocuteur, vous faites preuve d’empathie. Cette connexion est le point de départ à partir duquel les parties impliquées peuvent comprendre les sentiments et les besoins de l’autre.
Ici, il s’agit de formuler ce que vous ressentez vraiment face à une situation.
La prochaine fois que vous vous sentez en colère, respirez et interrogez la source de votre colère. Préférez vous demander « Pourquoi suis-je en colère ? » plutôt que « Avec qui suis-je en colère ? »
En abordant les sentiments à la racine de votre colère, vous vous rendrez compte que c’est votre réaction qui vous met en colère et pas les autres. Bientôt, vous reprendrez le contrôle de la situation et identifierez lequel de vos besoins reste insatisfait.
Après un moment d’auto-interrogation, vous pourriez réaliser que vous êtes frustré et irrité. En combinant des observations avec des sentiments, vous pouvez formuler une déclaration non violente honnête et claire comme, « quand je vois de la vaisselle dans l’évier, je me sens frustré. »
Vous devez maintenant identifier les besoins qui émergent de ces sentiments.
3. L’expression du besoin
Une fois que vous avez fait cela, la prochaine étape de la communication non violente est d’exprimer les besoins. Les besoins sont des choses comme la nourriture, le repos, la sécurité ou l’expression créative, soit des éléments de la vie dont nous avons besoin pour être heureux et satisfaits.
Tout ce que nous faisons consiste à servir nos besoins, c’est pourquoi une communication honnête repose fortement sur la description de ces besoins.
Essayez de mieux comprendre et identifier les besoins qui alimentent votre propre jugement. Au lieu d’écouter cette négativité, faites une pause et demandez-vous « Quel besoin non satisfait s’exprime dans cette situation ? »
Plus vous êtes en mesure de relier vos sentiments à vos propres besoins, plus il est facile pour les autres de réagir avec compassion. En accordant le sentiment, vous pouvez trouver le besoin sous-jacent.
Dans l’exemple de la colocataire qui a quitté la cuisine avec de la vaisselle dans l’évier, votre besoin exprimé est le repos et la propreté. « Je me sens frustré parce que j’ai besoin de repos et de propreté après le travail. »
Maintenant, vous êtes en position pour faire une demande.
4. Une demande authentique
Le dernier aspect clé de la communication non violente consiste à formuler une demande concrète, formulée en termes positifs, pour que l’action réponde au besoin qui vient d’être identifié.
Demandez clairement et spécifiquement ce que vous voulez en ce moment, plutôt que d’insinuer ou de dire seulement ce que vous ne voulez pas.
Une demande devrait être faite clairement pour exprimer ce que vous voulez vraiment. Et plus nous sommes clairs sur ce que nous voulons des autres, plus nous sommes susceptibles de l’obtenir.
Cela signifie formuler des demandes dans un langage positif. Le langage positif est quand vous demandez quelque chose à faire, tandis que le langage négatif se réfère à quand vous demandez à quelqu’un d’arrêter de faire quelque chose. Ce dernier peut être flou à certains moments et peut conduire à des malentendus ou à la confusion.
Lorsque vous combinez les quatre étapes du processus de la CNV, vous pouvez dire quelque chose comme « quand je vois de la vaisselle sur l’évier, je me sens frustré parce que mon besoin de propreté n’est pas satisfait. Serais-tu prêt à laver la vaisselle dans les 30 prochaines minutes ? »
Ces demandes sont ensuite examinées dans le but d’obtenir satisfaction et non de faire des compromis. La satisfaction est lorsque les besoins des deux parties sont pleinement satisfaits. Cela contraste avec le compromis, où les deux parties donnent quelque chose et aucune n’est entièrement satisfaite.
Cela signifie être ouvert à la possibilité que votre demande ne soit pas acceptée, mais rappelez-vous que vous pouvez toujours essayer à nouveau avec une autre formulation légèrement différente.
Si jamais vous ne comprenez pas ce qu’on cherche à vous dire ou faire, que la formulation vous paraisse trop subtile ou pas assez explicite, posez la question : « Que dois-je comprendre ? » Cela aura au moins le bénéfice d’inviter votre interlocuteur à clarifier ses intentions.
Ça, c’est la base de la communication non violente. Retenez l’acronyme OSBD (pour Observation, Sentiment, Besoins, Demande) et l’écoute active pour établir des ponts de communication : observer, identifier vos sentiments et vos besoins et formuler des demandes claires.
Pour aller plus loin, je vous invite à regarder cet atelier.
« On a le choix dans notre vie entre être heureux ou avoir raison. » — Marshall Rosenberg
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