La Confiance en Soi vu par la philosophie

Mouhcine Bouamri
Essentiel
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7 min readMay 11, 2018

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“ Oser, c’est perdre pied momentanément, ne pas oser c’est se perdre soi-même” Kierkegaard

Introduction

La confiance en soi relève d’une alchimie. Elle résulte de la combinaison de plusieurs facteurs. Il n’y a qu’une confiance en soi, mais plusieurs façons de l’atteindre. Elle est une confiance en l’autre. La confiance en soi est une confiance en ses capacités. Nous pouvons retrouver trois grands ressorts de la confiance en soi :

- la confiance en l’autre

- la confiance en ses capacités

- la confiance en la vie

Christian Bobin écrit joliment que « la confiance est la capacité enfantine d’aller vers ce qu’on ne connait pas comme si on le reconnaissait.

Être enfant ce n’est pas avoir conscience des risques et des dangers. Être adulte c’est être souvent anxieux au risque d’émousser notre audace. Se faire confiance, c’est garder son coeur d’enfant, une âme d’enfant dans un esprit d’adulte.

Mais l’époque nous y oblige. Dans les sociétés traditionnelles, chacun avait sa place. Pas besoin de confiance en soi quand la naissance décide de tout, quand il n’y a rien à conquérir. À l’inverse, la modernité fait de nous êtres libres, responsables de notre destin. À nous de prouver aujourd’hui, notre valeur et de construire notre bonheur : à nous d’inventer notre vie. Cela suppose d’avoir confiance en soi.

  1. CULTIVEZ LES BONS LIENS: la confiance relationnelle

MADONNA Louise Ciccone était une enfant timide, manquant de confiance en elle. À l’adolescence elle rencontrera Christopher Flynn, un professeur de danse qui va changer sa vie en une phrase. À l’occasion de la préparation du ballet de fin d’année, il lui dit ce qu’on ne lui a jamais dit : « elle est belle et talentueuse, elle a un charisme fou. » Elle expliquera des années plus tard, que ces mots changèrent sa vie.

La confiance en soi n’exige parfois rien de plus que quelques mots bien sentit d’un ami ou d’un maitre.

Aristote avait une définition très originale et très juste de l’amitié : « un ami, c’est quelqu’un qui nous rend meilleurs, qui permet d’actualiser notre puissance ».

La pédagogue italienne Maria Montessori insistera sur le fait qu’il est primordial de faire confiance « dès que possible », en ces termes : « N‘aidez jamais un enfant à faire une tâche qu’il se sent capable d’accomplir. » Faire confiance, ce n’est pas faire à sa place, c’est le laisser faire.

Par conséquent il est important d’avoir à l’esprit cette double manière de donner confiance: d’abord mettre en confiance, ensuite faire confiance.

Personne ne peut, seul, prendre confiance en soi. La confiance en soi est d’abord une histoire d’amour et d’amitié.

2. Entrainez-vous : Pratique de la confiance

« Le génie, affirme Thomas Edison, c’est 1% d’inspiration et 99% de transpiration. » Quand le doute survient et que nous trouvons que nous manquons de talent, nous ne sommes simplement pas assez entrainés.

Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra, met en scène un personnage grotesque, le « Consciencieux », pour nous donner à voir la distinction entre la compétence qui enferme et l’expérience qui libère. Selon lui, on peut tirer une véritable confiance en soi en allant sans peur vers l’expertise, au risque sinon d’être compétent, mais pas confiants.

La confiance en soi se construit à travers une valse à deux temps : zone de confort et zone d’inconfort. La zone de confort est un cercle où on se sent bien au chaud ainsi lorsqu’on en sort on va explorer le vaste monde, pour ensuite revenir au cercle pour se rassurer. Le périmètre de nos explorations permet d’élargir notre zone de confort. Il faut bien se connaitre pour trouver son rythme propre, sa manière de danser.

Apprendre à se faire confiance avant de faire confiance à ses compétences. Se faire confiance, c’est se savoir capable d’accueillir l’aléa, non s’illusionner en se persuadant que la vie est prévisible.

« L’expérience des autres est un peigne pour les chauves », dit un proverbe chinois. C’est notre expérience qui compte, pas celle des autres, parce que seule notre expérience peut nous apporter la confiance. L’expérience des autres peut nous apporter au plus un peu de compétence, mais plus que la compétence acquise c’est le chemin parcouru et la manière dont nous l’avons parcouru qui crée notre véritable expérience. Personne ne peut parcourir ce chemin à notre place.

3. Écoutez-vous: Faire confiance à son intuition

« Ils n’ont pas appris à s’écouter, on n’a jamais lu sur un bulletin scolaire fais-toi confiance ou fais davantage confiance à ton jugement…»

Les études PISA, qui permettent de comparer les systèmes éducatifs des différentes nations, montrent qu’il y a chez les jeunes français un fort décalage entre leurs connaissances et leurs résultats aux QCM. Ils savent beaucoup de choses, mais à l’heure de trancher entre plusieurs réponses ils hésitent et se trompent plus que la moyenne.

Savoir s’écouter, c’est intégrer le savoir et ne pas oublier de le questionner. Réussir à s’écouter n’est toutefois pas aisé. Pour y arriver, il faut déjà arrêter de se soumettre aux vérités admises.

Kant écrit : « Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières. » La confiance en soi est un idéal moderne, porté par l’essor des principes démocratiques et les travaux des philosophes des lumières.

L’europe cette vielle Europe fier de son passé multimillénaire et sûr de trouver en lui toutes les réponses aux questions du présent pourrait expliquer de façon sous-jacente ce manque d’esprit d’initiative, de prise de risque favorisant le chemin vers la confiance. Tandis, qu’aux États-unis, par exemple, nous sommes face à une contrée jeune, découverte par la grâce d’une erreur et valorisant l’esprit pionnier, qui est l’esprit même de la confiance en soi.

4. Décidez : la confiance dans le doute

Comment peut se traduire le manque de confiance en soi ? Par de la mauvaise foi ! Quand nous sommes incapables de trouver l’élan nécessaire pour se lancer, nous avons tendance à invoquer le manque d’arguments, de données, de connaissances..

« Choisir » et « décider » : deux logiques différentes.

Choisir, c’est choisir logiquement, rationnellement, entre deux destinations de vacances, si l’une présente objectivement plus d’avantages que l’autre et correspond mieux à nos attentes pour un budget égal, nous allons la choisir. Pas besoin de véritable confiance en nous-mêmes pour effectuer cela.

Décider, du latin decidere « couper », c’est parce que nous ne « savons » pas qu’il faut décider. Et c’est difficile, il est tellement plus facile de choisir. On souffre parce que nous voudrions choisir là où la vie nous demande de décider.

L’être humain reste assez mal à l’aise face à l’incertitude, et pourtant beaucoup de personnes semblent attendre qu’un logiciel de traitement de donnés analyse les problèmes qui peuvent en découler face à une décision et qui pourrait nous indiquer la bonne option. Mais ce logiciel n’existe pas. Et c’est ainsi que la vie est belle, rien est prévu à l’avance. La vie n’est pas une science exacte. Plus nous consentons à la possibilité de l’erreur, plus nous nous éprouvons comme des sujets libres, capables de trancher. Il y a une joie particulière à se sentir capable. Apprenons à nos enfants, le plus tôt possible, la différence entre choisir et décider. Disons-leur qu’ils ne doivent pas attendre d’avoir éradiqué tous les doutes pour se décider. Leur liberté, c’est d’y aller dans le doute.

5. Passez à l’acte : agir pour prendre confiance

Comprendre les vertus de l’action implique de ne pas définir l’action simplement comme ce qui vient après l’action. Nous sommes les enfants de siècles de platonisme ou de rationalisme occidental, de dévalorisation de l’action au profit d’activités intellectuelles ou contemplatives. D’où notre difficulté à comprendre la puissance première de l’action. Même si la réflexion doit souvent précéder l’action, cette dernière ne peut être vue comme de moindre valeur que la pensée. « Le secret de l’action, c’est de s’y mettre ».

Nous sommes les enfants de ces millions d’années d’évolution, pour survivre sur cette terre au milieu des dangers qui nous menaçaient, nous avons dû agir et réagir.

Freud dans Malaise dans la civilisation montre que : une société se construit sur le renoncement des individus à leur singularité. Pour qu’il y ait société, il faut avant tout de la norme. D’où le malaise, il est donc normal que nous éprouvions des crises de confiance, au point de nous demander parfois s’il est simplement possible d’oser un jour devenir soi.

6. Restez fidèle à son désir : l’antidote à la crise de confiance

La comparaison aux autres est le poison de notre époque. Via les réseaux sociaux on se jauge quotidiennement, la comparaison nous blesse sans nous instruire, elle est source inépuisable de frustrations. Qui plus est, les institutions y contribuent aussi. L’école française est une école de classements, de rangs- avec les copies rendues devant tout le monde-, qui sait distiller le poison de la comparaison dès le plus jeune âge. Elle insuffle aux enfants l’idée que leur valeur se mesure non par rapport à eux-mêmes mais par rapport aux autres. Dans toutes ces scènes d’enfance, c’est la comparaison qui nous a fait souffrir.

Conclusion

En somme, la confiance en soi nécessite une forte conscience de soi. Il faut du temps pour changer sa vie, prendre conscience de qui nous sommes dans l’instant et se dire « plus jamais je reculerai ». Le processus va prendre du temps. Garder à l’esprit que nous avons tous deux grands pouvoirs: le POUVOIR DE DÉCISION et le POUVOIR DE L’ACTION. Croyez en vous, ne soyez pas timide de vos ambitions et quoi qu’il arrive : l’obstacle est le chemin.

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Mouhcine Bouamri
Essentiel

Enseigne l’art de la mémorisation. Fondateur de la marque « Capital Guerrier®️ » . Crois en la capacité de chacun. bouamri11@hotmail.fr