La Volonté : qu’est-ce que c’est et comment l’entraîner ?

Bagou
Essentiel
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6 min readMar 27, 2020

Un homme doté d’une forte volonté et apprécié au travail par ses collaborateurs eut un accident très grave sur un chantier.

Lors de cet accident, un bout de bois lui traversa le crâne. Il survécut à ses blessures, mais une partie de son cerveau avait été physiquement endommagée.

Après sa convalescence, ses collègues, sa femme et ses proches remarquèrent que le comportement de cet homme avait changé du tout au tout.

Lui, qui d’ordinaire savait se contrôler, ne contrôlait plus ses pulsions. Il se fâchait aisément, il jurait de tous les noms et n’avait plus aucun problème avec l’injustice.

C’était comme s’il était revenu à un état d’évolution primaire.

Le cas de cet homme a beaucoup intéressé les chercheurs. Ils ont voulu comprendre pourquoi et comment le comportement de cet homme avait pu autant changer.

En réexaminant la situation, ils en sont venus à la conclusion que la perte de son cortex préfrontal lui avait fait perdre en même temps sa volonté.

C’est dans cette zone du cerveau que se loge la volonté. Pour la petite anecdote, c’est une zone que les êtres humains ont largement plus développée que les autres animaux. On dit communément que l’on dispose de trois cerveaux :

  • le cerveau reptilien, siège des réflexes primaires, partagé avec les reptiles
  • le cerveau limbique, siège des émotions, partagé avec les mammifères
  • le néocortex, siège des raisonnements abstraits et complexes, partagés avec les êtres humains
En orange : le cortex préfrontal où loge la volonté.

À cause des malheureux hasards de la vie, la volonté peut être perdue à tout jamais.

Mais à l’inverse, elle peut également être optimisée, travaillée et renforcée.

L’avantage de disposer de volonté c’est que l’on devient totalement maître de sa vie.

Ce qui demande de gros efforts pour certains n’est plus qu’une pacotille pour celui qui dispose de beaucoup de volonté. On devient d’un coup maître de son comportement, maître de ses réactions, maître de ses paroles et à un niveau plus avancé, on devient maître de ses pensées.

En somme, développer sa volonté, c’est aller vers le bonheur.

Nous allons voir dans cet article deux analogies de la volonté : la volonté en tant que réservoir et la volonté en tant que muscle.

Nous verrons ensuite quelques exercices permettant de développer notre volonté.

La volonté est un réservoir

Dans une expérience, Roy Baumeister, fais en sorte d’avoir deux groupes de sujets affamés.

Pour l’expérience, le professeur leur présente des cookies et des radis afin qu’ils se sustentent. L’odeur des cookies tout juste sortis du four était répandue dans la pièce.

Le premier groupe pouvait manger des cookies tandis que le deuxième groupe devait se contenter des radis. Les sujets du second groupe devaient donc user de volonté pour se contraindre à résister à l’envie de cookies.

Le professeur leur demande ensuite d’effectuer une tâche qui demande de la concentration et un effort mental important. Il s’agissait de résoudre une énigme insoluble.

Les résultats montrèrent que les sujets du deuxième groupe passaient beaucoup moins de temps à essayer de résoudre l’énigme que les sujets du premier groupe.

Roy Baumeister en conclut qu’en puisant initialement dans leur volonté, les sujets en avaient moins pour les tâches qui suivaient.

Par extension, voici l’idée qui a été tirée de cette expérience. Nous nous levons chaque matin avec notre réservoir de volonté rempli à ras bord.

Au fur à et mesure des décisions que l’on prend, notre réservoir se vide. C’est pourquoi il nous est plus difficile de résister à l’appel du divertissement, du plaisir et de la gratification instantanée en soirée que le matin. C’est également ce qu’on appelle la fatigue décisionnelle.

Pour la petite anecdote, dans une interview donnée à Vanity Fair Obama disait qu’il ne se laissait le choix qu’entre deux costumes le matin. Cela lui permet de conserver sa volonté, et par extension sa capacité à prendre de bonnes décisions pour diriger les États-Unis d’Amérique, rien que ça.

« I don’t want to make decisions about what I’m eating or wearing. Because I have too many other decisions to make. » Obama

trad : “Je ne veux pas prendre de décision sur ce que je vais manger ou ce que je vais porter. Parce que j’ai tellement d’autres décisions à prendre.”

Fort de ce constat, on peut donc essayer de reprendre chacun des choix que l’on fait au cours d’une journée. On remarquera que certains choix peuvent être facilités, voire éliminés. On peut éliminer la prise de décision qui fait appel à la volonté en créant des habitudes par exemple. Cela peut être également en adaptant son environnement à une grosse décision.

Par exemple, si je décide de ne manger que des fruits et des légumes, alors je jette tous les produits animaliers de ma cuisine. Sinon à chaque fois que je préparerai à manger, la vue de ces produits diminuera mon réservoir de volonté pour y résister.

Par chance, nous pouvons augmenter la capacité de ce réservoir. En effet, la volonté peut être assimilable à un muscle.

La volonté est un muscle

Tout le monde connaît la technique pour prendre du muscle. On prend un poids, on le soulève et vous répète le mouvement. Puis on réitère l’exercice régulièrement.

Lorsque l’exercice devient trop facile, on augmente la charge.

Pour la volonté c’est la même chose. Si l’on a l’habitude de se laisser aller, c’est-à-dire de ne jamais contracter sa volonté, il sera très difficile d’effectuer des tâches difficiles.

Parmi ces tâches difficiles pour le cerveau, il y a le fait de tenir un régime sur le long terme. Il y a le fait de se mettre au travail. Il y a le fait d’arrêter de fumer.

En somme, on fait appel à sa volonté lorsqu’on dit « non » à toutes ces petites choses plaisantes du quotidien et que l’on se force à dire « oui » aux choses contraignantes pour notre esprit.

En effectuant des petites tâches qui requièrent de la volonté, on commence doucement à activer le muscle ainsi qu’à le renforcer.

Ce muscle nous permet de nous diriger vers notre version idéale. Il nous permet de nous faire garder la tête froide dans les tempêtes. Il nous permet d’agir même sous l’emprise de la paresse. Il nous permet de conserver un certain niveau de qualité décisionnelle quand bien même la fatigue se fait sentir.

Alors, comment travailler ce muscle de volonté ?

Pour travailler la volonté, il y a un exercice par-dessus tous les autres que tous les chercheurs en neurosciences s’accordent à recommander, il s’agit de la méditation.

En effet, tous les chercheurs en neurosciences s’accordent pour dire que la méditation a des effets extrêmement bénéfiques sur la santé mentale des individus, leurs capacités cognitives et notamment sur leur capacité à user de leur volonté.

Cela dit, pour « muscler » sa volonté il y a également d’autres petits exercices que je m’amuse à faire consciemment.

  • éviter de dire de gros mots
  • s’habiller chaque jour avec une tenue présentable même lorsque je suis seul (et surtout lorsque je suis seul)
  • jeûner pendant une journée
  • prendre des douches froides

Les exercices sont nombreux et vous pouvez en créer vous-mêmes selon vos ambitions et besoins.

Par souci de transparence avec vous, je me dois de vous dire que les expériences de Roy Baumeister sont sujettes à controverses depuis quelques années, car elles ne sont pas parfaitement reproductibles.

Cela dit je trouve que les analogies sont intéressantes à partager. Par expérience directe, je trouve que ces analogies se vérifient dans certains cas. Néanmoins, il y a effectivement des incohérences dans certaines situations.

Si vous êtes partants pour que je vous en dise plus sur mes expériences personnelles à propos de la volonté, je vous invite un m’envoyer un mail à : bagou.leirbag@gmail.com.

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Bagou
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Je partage avec vous mes connaissances, mes expériences et mes lectures du moment :)