Le jour où j’ai compris comment (bien) postuler à n’importe quel job

Valentin Decker
Essentiel
Published in
6 min readJan 27, 2018

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Je passe mes deux premières années d’école de commerce sans savoir ce que je veux faire de ma vie.

J’avance, comme les autres qui étaient avec moi, dans le flou.

Comme je ne suis pas seul, ce n’était pas très grave. Je ne m’inquiète pas plus que ça.

À la fin de ma première année d’école, on doit faire un stage commercial. Pour découvrir la réalité du terrain.

Voyage dans l’inconnu

Il faut envoyer des CVs et des lettres de motivations : un truc que je n’ai jamais fait de ma vie.

Je sors de 2 ans de Prépa, je n’ai aucune idée de comment faire. La seule idée que je me fais du monde du travail est façonnée par les profs et l’environnement école de commerce. J’imagine l’entreprise comme un lieu chiant et froid, dans lequel tu dois arriver en costard le matin.

Ça ne me plaît pas spécialement, mais je suis là. Alors autant essayer de faire au mieux.

J’envoie quelques CV, mais rien. Je finis par trouver mon stage de vente totalement par hasard, suite à un gros coup de chance.

C’est un stage improbable, chez une enseigne de caviste : pendant 1 mois, je vais devoir m’occuper d’un magasin entier, seul. Je vais devoir ouvrir, faire les ventes, gérer le stock et fermer le magasin le soir.

Intéressant comme premier stage… Sauf que je ne connais absolument rien au vin.

J’apprends sur le tas, je raconte quelques conneries à des clients et le stage se passe plutôt bien.

Expérience plutôt cool, mais rien de plus. Je ne me sens pas l’âme d’un vendeur et je ne suis pas passionné par l’univers du vin.

Deuxième stage, en année de césure cette fois.

J’ai le choix : je peux faire 2 stages de 6 mois, ou un seul d’un an.

Je sors de mon semestre Erasmus à l’étranger et je ne sais toujours pas vraiment quoi faire de ma vie. J’aime bien le foot, mais je ne retrouve rien dans le sport.

J’essaie de m’organiser pour envoyer un maximum de candidature. Mais je dois surtout avouer que je ne sais pas comment postuler. Je me contente d’envoyer un CV et une lettre de motivation, comme les milliers d’autres étudiants qui cherchent un stage à la même période que moi.

Je n’ai rien pour me différencier.

Une nouvelle fois, je trouve un stage par hasard, grâce à un contact de mes parents : 12 mois au Crédit Agricole, à analyser des demandes de financements d’entreprises.

Je ne connais pas grand chose à la comptabilité, ni à la finance. Je ne sais d’ailleurs toujours pas comment j’ai pu réussir l’entretien, mais soit.

La finance me paraît être une voie sûre, où je pourrais bien gagner ma vie. Alors, je me lance.

Au début, j’apprends des nouvelles choses. Mais cela devient rapidement lassant et peu stimulant.

Je me retrouve avec des gens qui sont également ici par défaut. Je m’ennuie et me mets à chercher une autre voie, sur mon temps libre.

Je pars à la recherche d’autres choses et horizons. Progressivement, mon champ des possibles s’ouvre. Je me rends compte que rien ne me force à m’enfermer dans cette voie. Rien ne m’oblige à subir ma vie professionnelle. Je fais tomber, une à une, les barrières mentales qui me poussaient à prendre un chemin conventionnel.

J’explore d’autres possibilités et je dresse une image de plus en plus précise de ce que je veux réellement faire. Et surtout, de ce que je ne veux absolument pas faire de ma vie.

Comprendre les rouages

À ce moment, je prends conscience d’une chose essentielle.

Je réalise que dans toutes mes recherches de stages précédents, je n’avais jamais adopté une attitude active.

Mon discours de lettre de motivation se résumait toujours à :

  • « Je suis à la recherche un stage »
  • « J’ai envie d’apprendre »
  • « Mon école me demande de faire un stage de vente, donc je postule chez vous »
  • « J’aimerais que vous me donniez l’opportunité de faire ça »

Je voyais le travail comme quelque chose qu’on allait me donner. Presque comme si c’était un droit que j’avais, sous prétexte que j’avais fait une école de commerce.

Je réalise aujourd’hui que j’étais aveugle et que je ne comprenais rien à la mécanique d’une recherche d’emploi.

Quand je repense au forum des carrières de mon école, j’ai honte. Je faisais la queue dans l’espoir de parler à un recruteur et lui donner un énième CV : on avait tous la même école, les mêmes expériences (dont le nombre était proche de zéro), les mêmes lignes inutiles sur le CV, les mêmes lettres de motivation, etc.

Je n’avais pas compris que le recrutement fonctionne comme une relation amoureuse : il faut que chacun y trouve son compte.

On ne trouve pas un copain ou une copine en disant : « je cherche quelqu’un parce que j’aimerais ne plus être seul. Je t’avoue que je suis un peu désespéré et je compte sur toi pour m’aider. »

Il faut comprendre comment le recruteur va y trouver son compte et comment on va lui apporter de la valeur.

Pourquoi a t-il intérêt à m’embaucher ? Parce que, grâce à moi, il espère un retour sur investissement.

L’enjeu d’une candidature est de créer de la confiance et d’apparaître crédible. Le recruteur doit penser que je suis la bonne personne et que, d’une manière ou d’une autre, je vais lui rapporter de l’argent.

Si l’on revient quelques années en arrière, la confiance tenait essentiellement en une seule chose : le diplôme.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Tout le monde est éduqué et possède les bases. Tout le monde a un diplôme.

Je comprends que si je veux avoir le choix, je dois me démarquer. Être remarquable et faire ce que les autres ne font pas.

Je comprends que si je compte uniquement sur mon diplôme et mes maigres stages, je n’ai aucune chance de faire ce que je veux.

Je dois me construire un avantage compétitif que les autres n’ont pas.

Je dois montrer ce que je sais faire. Concrètement.

Je dois apporter des preuves qui étayent ce que je dis.

Deux étapes :

1ère étape : acquérir des compétences

L’école de commerce ne m’a pas appris grand chose.

J’en ressors avec très peu de compétences réelles et utiles en entreprise.

Je n’ai donc pas le choix, je dois me les créer moi-même.

À ce moment, je suis attiré par l’univers startup. Je passe mon temps à lire et regarder des vidéos sur le sujet, pour comprendre les mécaniques et les enjeux. En parallèle, je me dis que l’écriture est une compétence plutôt rare et relativement recherchée dans le milieu des startups. En plus, j’aime écrire. Alors je décide d’écrire beaucoup pour devenir meilleur dans le domaine.

2ème étape : Show them your skills

Une fois les compétences acquises (ou du moins, en cours d’être développées), il ne suffit pas juste de les écrire sur un CV.

Il faut les montrer. J’insiste sur ce point car il est capital.

Lire et s’informer sur un sujet ne suffisent pas. Tout le monde peut le dire et le faire. Ce qui est important, c’est de mettre ce que l’on apprend en pratique.

J’ouvre donc un compte Medium et me mets à publier régulièrement des articles : une cinquantaine, en 2017. Je vais encore plus loin, en publiant mon premier livre en décembre 2017.

Cela m’apporte de la crédibilité. Je montre aux autres (notamment aux recruteurs), que je sais ce que je fais et que j’ai un minimum de compétences.

Ce que je dis est valable pour tous les domaines :

  • Tu veux faire de la vente ? Crée un faux produit, entraîne-toi à le vendre et raconte ton processus via un blog ou des vidéos
  • Tu veux faire du Community Management ? Entraîne-toi à amasser des milliers de followers sur Twitter et à être très présent en ligne
  • Tu veux faire du Marketing digital ? Ouvre un site, mets en place les bons outils et essaie de le faire décoller
  • Tu veux faire de la finance ? Concentre-toi sur un sujet et raconte ce que tu sais dans un blog
  • Tu veux bosser dans la mode ? Crée-toi un compte Instagram incroyable
  • etc, etc, etc.

Je suis convaincu que ça fait toute la différence avec les milliers d’autres candidats, qui se contentent d’envoyer un CV et une lettre de motivation.

D’ailleurs, ça a marché pour moi. J’ai trouvé mon premier emploi de sortie d’école assez rapidement, avec des missions et un environnement que j’adore.

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