Les 5 niveaux de la finance perso (que personne ne vous a expliqué)

Vous êtes certainement au niveau 2, comme 90% des Français

Fabien Dussaucy
Essentiel
9 min readApr 19, 2023

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La finance personnelle : la compétence la plus cruciale ignorée par l’éducation.

Comme la majorité des gens, il est probable que vous ayez grandi dans une famille qui ne vous a pas appris comment gérer votre argent et le faire fructifier.

Devenu adulte, vous avez commencé à vous intéresser à ce sujet, et grâce à l’offre quasi infinie de newsletters, blogs, articles, podcasts, vous avez pu acquérir quelques rudiments pour commencer à faire fructifier votre épargne.

Mais entre votre banquier qui vous recommande d’ouvrir un Livret A, les obscures montages fiscaux des pubs sur Youtube, et les scandales des grandes fortunes, vous avez du mal à vous y retrouver.

Dans cet article, je vous présente les 5 niveaux de la finance perso à connaitre. A revenu et à effort d’épargne constant, ces seules connaissances vous permettront d’accumuler plusieurs centaines de milliers d’euros de patrimoine de plus lors de votre retraite.

Et ca, c’est profondément injuste pour les personnes qui n’ont pas eu la chance d’avoir une famille qui leur apprend les bases de la finance perso.

D’où mon article de vulgarisation. Bonne lecture !

NIVEAU 1 — Les placements de base: livrets, plans d’épargne, assurances vies, bourse

C’est le niveau que maitrise votre banquier de famille, et si vous n’écoutez que lui, c’est le niveau auquel vous resterez. Tous ces produits sont plus ou moins directement accessibles depuis votre compte bancaire, et sont donc extrêmement répandus.

Bien sur, il y a aussi de très nombreuses subtilités à connaitre sur chacun de ces produits, dont voici les principales:

Pour les livrets:

  • quels niveaux de rentabilité?
  • quelle fiscalité?
  • quels seuils?
  • quelles échéances?

Pour les assurances vies:

  • quel organisme de gestion? quel frais de gestion?
  • piloté ou en gestion libre?
  • pour investir sur quels produits?

Pour la bourse:

  • via un PEA? un compte titre?
  • investir sur des titres en direct? sur des ETF?
  • vers des actions qui distribuent des dividendes? Des obligations?

En fonction de votre appétence au risque et à vos horizons de placements, un conseiller bancaire pourra donc très bien vous orienter.

NIVEAU 2 — Les placements exotiques (SCPI, crypto, private equity…)

Nous rentrons dans les types d’investissement que votre banquier traditionnel ne vous conseillera probablement pas.

Si vous souhaitez vous renseignez sur ces produits, vous trouverez des articles très bien faits sur le net ou sur les réseaux sociaux.

Le plus simple est la SCPI, qui vous permet de devenir propriétaire d’une part d’un parc immobilier et de toucher des loyers. Gros avantage, vous pouvez emprunter pour acheter et donc bénéficier d’un effet de levier important. En mutualisant de nombreux biens, les SCPI réduisent aussi les risques.

Cependant, vous bénéfierez d’une rentabilité plus faible que si vous achetiez un bien immobilier en direct.

Vous pourrez ensuite tenter votre aventure dans l’univers des cryptos. De nombreux sites et youtubers existent sur les sujets et pourront vous expliquer tout ce qu’il y a à savoir:

  • quelles plateformes utiliser?
  • quelles crypto acheter?
  • comment les sécuriser?
  • comment les déclarer aux impôts?

Vous pourrez aussi:

Et si vous avez l’esprit entrepreneurial, vous pourrez même rejoindre des clubs d’investisseurs, qui se démocratisent de plus en plus.

NIVEAU 3— L’optimisation fiscale (LMNP, le Pinel, PER, Girardin…)

Ca y est, vous avez effectué vos premiers investissements, et vous commencez à percevoir des revenus confortables. Et vous commencez aussi à verser plusieurs centaines d’euros par mois aux impôts.

Ce 3e niveau consiste donc à optimiser vos impôts. Plus exactement, cette étape vous permet d’investir le montant que vous devez aux impôts et donc de virtuellement d’obtenir une imposition nulle.

Tout d’abord, pourquoi l’Etat permettrait de réduire ses impôts?

Ces dispositifs d’optimisation fiscale permet à l’Etat d’orienter les investissements des particuliers vers des secteurs qui ne sont pas assez financés.

Par exemple, investir en LMNP (Location Meublée Non Professionnelle) permet d’augmenter l’offre de logement meublé.

Le Pinel permet lui d’augmenter l’offre de logement neuf dans les zones avec peu d’offres de location.

Le Girardin permet de financer du matériel pour les industriels dans les départements et territoires d’outre mer.

Et le PER permet quand à lui de défiscaliser une partie de ses revenus et de ne payer les impôts qu’à la sortie du Plan.

Il existe de nombreuses autres options, et la meilleure personne pour vous renseigner sera un conseiller en gestion de patrimoine.

Il est en revanche indispensable de comprendre la différence entre les différents types de conseillers en gestion de patrimoine, avec chacun des avantages et des inconvénients:

  • les conseillers affiliés à une banque, ils ne vous proposeront que les produits de leurs banques, et privilégieront en général les intérêts de leurs banques. L’avantage est qu’il ne coute virtuellement rien, leurs couts sont intégrés dans vos frais bancaires
  • les conseillers en gestion de patrimoine se rémunéreront en commissions sur les produits qu’ils vous recommanderont. Ils auront ainsi plutôt tendance à privilégier des produits intéressants pour eux même si les frais de gestion sont relativement importants pour vous. Il est donc primordiale de se renseigner en parallèle, de ne pas suivre aveuglément leurs conseils pour ne pas se retrouver bloqué avec des produits finalement couteux
  • les conseillers en gestion de patrimoine indépendants que vous rémunérez directement en fonction de la taille de votre patrimoine. Chaque année ils devront prouver que leurs conseils vous apportent plus que leurs couts, ce qui aura naturellement tendance à aligner les intérêts. C’est ce type de conseillers que je recommanderai.

Bravo, vous avez maintenant de nombreux investissements, vous réduisez activement votre fiscalité, et vous pensez être arrivé au sommet de ce qu’il est possible de faire en terme de gestion de patrimoine.

Pourtant, vous n’utilisez pas un dixième des outils mis à disposition des personnes les plus fortunés…

“Ahaha, tous ces ignorants qui restent au niveau 3 et pensent avoir tout compris”

NIVEAU 4 — Les montages juridiques simples pour investir (SA, SCI…)

Là on rentre dans un autre monde, où l’on commence à jouer avec les dispositifs et les optimisations normalement construits pour les entreprises. C’est un terrain de jeu complètement nouveau qui s’ouvre.

Le principe de base est de ne pas effectuer un investissement en propre, mais de créer une entreprise qui effectuera l’investissement à votre place.

Pour bien comprendre, ces entreprises n’ont aucune activité “business” réelle, elles ne produisent rien et ne vendent aucun produit. Ce sont uniquement des véhicules d’investissement.

Quels sont les avantages?

  • vous ne paierez plus un impôt sur les revenus (jusqu’à 45%), mais un impôt sur les bénéfices (cf exemple ci dessous)
  • vous n’êtes plus soumis à la règle des 33% d’endettement, c’est l’entreprise qui s’endète, pas vous !
  • vous pouvez ainsi multiplier les investissements du moment que votre banque continue à soutenir vos projets

Quels sont les inconvénients?

  • des frais de création d’entreprise, des frais de comptabilité…
  • des potentiels soucis en plus, car vous êtes maintenant dirigeant d’entreprise
  • une fiscalité sur les dividendes si vous souhaitez sortir l’argent de la structure juridique

Prenons un exemple (simplifié) pour l’achat de part de SCPI:

Cas 1: Vous achetez 200k€ de parts de SCPI grâce à un emprunt bancaire à 3% sur 25 ans, parts qui génèrent 5% de revenus par an. Vous êtes imposés à la tranche marginale de 40%

  • loyers bruts: 10k€ / an
  • loyers nets: 6k€ / an (après impôts)
  • mensualité emprunts: 948€ / mois, soit 11,4k€ / an

Conclusion, vous devez faire un effort de 5,4k€ / an pour financer votre emprunt

Cas 2: Vous créez une SCI qui achète 200k€ de parts de SCPI grâce à un emprunt bancaire à 3% sur 25 ans, parts qui génèrent 5% de revenus par an.

  • loyers bruts: 10k€ / an
  • mensualité emprunts: 948€ / mois, soit 11,4k€ / an
  • bénéfices de l’entreprise: -1,4 k€ / an (résultat négatif)
  • frais de la SCI: 600€ / an

Conclusion, vous devez faire un effort de 2k€ par an, pour apporter des fonds dans votre SCI, qui est en déficit structurel.

En créant une SCI entre votre investissement et vous, vous gagnez 3,4k€ de plus par an.

Sur 25 ans, ca donne presque 100k€ de différence, uniquement expliqués par un déficit de connaissance ou d’accompagnement.

Bien sûr, c’est un cas simplifié, avec de nombreuses données non prises en compte, mais la création d’une structure juridique pour investir permet souvent d’optimiser ses investissements.

On n’est pas bien là, au niveau 4?

NIVEAU 5 — Les montages juridiques complexes (Holding, international…)

Nous rentrons ici dans les eaux profondes de la gestion de patrimoine. Ici, il n’est plus question de trouver le bon placement, ou d’optimiser ses frais de gestion.

Le niveau 5 permet aux plus riches:

  • d’obtenir de meilleurs rendements que vous
  • de payer moins d’impôts que vous
  • de mieux sécuriser leur patrimoine que vous
  • de pouvoir le transmettre à leurs enfants en payant moins de frais que vous

Bref de rester riches à moindre frais.

C’est le royaume des meilleurs avocats fiscalistes, des banques privés de grandes fortunes, mais aussi de tous les scandales financiers que nous découvrons à la télé #CumCum.

Voici un exemple: en créant une holding, vous pouvez facilement faire naviguer la trésorerie entre vos différents véhicules d’investissements que vous aurez créé au niveau 4.

Si une de vos SA génère beaucoup de liquidité, mais qu’une autre demande du capitale (SCI de l’exemple précédent), vous pouvez via différents montages faire circuler ces liquidités sans presque aucun frottement fiscale.

@ https://www.linkedin.com/in/marc-boceno-boequinoxe/

Il y a aussi cet exemple brillement expliqué par la chaine Eu?reka, qui permet aux milliardaires d’avoir des revenus négatifs (et donc des impôts nuls) tout en bénéficiant d’un train de vie plus que confortable.

Et lorsque l’on ajoute la dimension internationale, avec la possibilité de localiser une partie de ces entreprises dans pays avec des fiscalités arrangeantes, sur les revenus ou sur les successions, des opportunités colossales d’optimisation apparaissent.

Les lois des différents pays changeant régulièrement, ces techniques avancées nécessitent de revoir et d’ajuster régulièrement les dispositifs mis en place, avec des équipes spécialisés d’avocats fiscalistes, afin de toujours optimiser son patrimoine.

Bien sur, toutes ces stratégies de gestion de patrimoine coutent chers, et sont parfois à la limite de la légalité. Elles ne sont donc pas accessibles à nous le commun des mortels. Mais il me semble important d’en avoir conscience.

Conclusion

Que vous pensiez tout savoir sur la gestion de patrimoine ou non, il y aura toujours de nouveaux systèmes à découvrir et expérimenter.

Si vous devez en revanche retenir un seul point, c’est qu’il est primordial de bien se faire accompagner et de ne jamais prendre pour argent comptant tout ce qu’on nous explique.

Et c’est aussi valable pour cet article.

Bon voyage au pays de la gestion de patrimoine et de la finance perso !

Inspiré? vous pouvez retrouver l’ensemble de mes articles ici:

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Fabien Dussaucy
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