L’origine de toutes nos motivations, c’est le désir d’être reconnu comme étant important

Emmanuel de Mûelenaere
Essentiel
Published in
5 min readOct 13, 2019

Les deux affirmations qui suivent peuvent paraître noires et réductrices au premier abord. Elles sont pourtant véridiques, et essentielles dans l’amélioration de nos rapports avec les autres. Beaucoup de gens nient ces réalités, ce qui expliquerait pourquoi les interactions sociales font l’objet de tant d’incompréhension. Il convient de reconnaître et d’accepter ces caractéristiques inhérentes à l’être humain, et de les considérer comme des paramètres à part entière dans nos relations avec autrui.

Toute action que nous avons accomplie depuis notre premier jour a été provoquée par le fait que nous désirions quelque chose

La première affirmation concerne l’origine de nos actes. Toute action que nous avons accomplie depuis notre premier jour, toute mobilisation physique ou mentale volontaire, tout effort que nous avons entrepris a été provoquée par le fait que nous désirions quelque chose. C’est notre désir qui nous pousse à agir, pas le désir d’autrui.

Lorsque nous défendons nos proches par exemple, c’est quelque part nous-mêmes que nous défendons, car nous sommes liés à nos proches. Nous les défendons précisément parce que ce sont nos proches. S’il leur arrivait malheur, c’est nous qui serions tristes. Ce geste n’est donc pas du tout altruiste au sens strict du terme.

Faire un don ne l’est pas non plus puisqu’on le fait généralement pour notre propre conscience, pour assouvir le sentiment naturel de compassion qui nous traverse l’esprit sur le moment. Des gens souffrent partout sur la Terre à tout moment, à commencer par la voisine de palier qui passe ses journées seules. Mais nous donnons à ceux dont le malheur vient éveiller notre mauvaise conscience. Pour nous débarrasser de l’idée que certaines personnes puissent souffrir, le don est la solution la plus facile.

Lorsque le monde occidental arbore le drapeau français sur une multitude d’édifices autour du globe, et que ses citoyens changent de photo de profil sur les réseaux sociaux et affichent sur leur rebord de fenêtre des pancartes « Je suis Charlie » en soutien aux victimes des attentats de Paris, c’est parce qu’ils s’identifient aux victimes. C’est eux-mêmes qu’ils soutiennent, car ils se disent que cela aurait pu les toucher eux. D’ailleurs, un attentat a fait plus de 40 morts à Beyrouth la veille des attentats de Paris du 13 novembre 2015, et des atrocités ont lieu tous les jours au Nigeria au même moment. Les Occidentaux n’ont pas brandi le drapeau libanais ou nigérian, car ils s’identifient moins à ces cultures.

Si nous aidons les gens dans le besoin, c’est pour répondre à l’émotion de tristesse que nous évoque quelqu’un dans le besoin. C’est pour notre propre tristesse que nous décidons d’agir. Cela ne veut pas dire qu’il s’agisse d’un acte immoral ou dépourvu de sens. C’est même un acte très noble. Mais cela montre que toute action que l’on entreprend, même la plus altruiste, résulte de notre propre désir. Pour pousser quelqu’un à faire quelque chose, il faut donc éveiller en lui le désir d’agir.

Et le désir le plus fondamental de l’être humain, c’est d’être reconnu comme étant important

La seconde affirmation concerne l’objet le plus fondamental de notre désir. Il nous faut distinguer ici désir et besoin : le besoin est nécessaire et naturel, comme la nourriture et le sommeil par exemple, et le désir est superflu dans le sens où notre vie n’en dépend pas. Selon Hegel, suivi par de nombreux autres philosophes, tout désir est fondamentalement désir du désir de l’autre. Cela voudrait dire que chacun de nos désirs est destiné à nous faire reconnaître par les autres.

Lorsque nous désirons un objet uniquement parce que d’autres le désirent, lorsque nous voulons ressembler à quelqu’un d’autre ou à un idéal, lorsque nous aimons quelqu’un, lorsque nous sommes en rivalité avec quelqu’un, c’est parce que nous voulons être désirés par autrui. Nous voulons être reconnus. Nous voulons être importants.

Vous êtes sans doute en train de réfléchir à des situations dans lesquelles vous n’avez pas agi par désir de reconnaissance, comme lorsque vous avez pris votre douche, mangé votre dîner, ou voulu le bonheur de vos enfants. Ces activités n’ont pas été réalisées par désir, mais par besoin. Vous avez besoin d’hygiène et d’une bonne santé, vous avez besoin de manger pour vivre, et vous avez besoin du bonheur de vos enfants pour la survie de votre espèce.

En ce qui concerne nos désirs, chacun d’entre eux serait motivé par la reconnaissance d’autrui. Pensons aux relations entre les personnes célèbres et leur public, aux politiques en quête de pouvoir, aux relations entre collègues, entre l’employé et son responsable, entre l’élève et son professeur, entre amis, entre parents et enfants. Il est toujours révélateur d’observer l’attitude des enfants. On peut y déceler le comportement naturel de l’homme, avant qu’il ne soit déguisé par toutes sortes de normes sociales. Et en effet, on constate que la quête principale du jeune enfant est d’attirer sur lui toute l’attention de ses parents. La rivalité avec ses frères et sœurs peut être impitoyable. À tout moment, au quotidien, nous voulons être appréciés et importants aux yeux des autres. Nous voulons leur estime et des éloges sincères. Nous voulons que nos mérites soient reconnus. En conclusion, comme le disait William James, « le principe le plus profond de la nature humaine, c’est la soif d’être important ». Et comme disait Dale Carnegie, « celui qui peut honnêtement étancher cette soif tient ses semblables entre ses mains. »

Ce désir insatiable d’être important se traduit chez tout un chacun par un certain degré d’amour-propre. Chez certains, cela peut aller jusqu’à l’orgueil. Quoiqu’il en soit, la prochaine fois que nous nous adresserons à quelqu’un, prenons conscience que nous parlons à une créature illogique, dirigée par ses émotions, et aspirant au travers de chacun de ses actes, chacune de ses paroles, à prouver son importance. Si nous parvenons à satisfaire ce désir chez nos interlocuteurs, de nombreuses portes s’ouvriront à nous.

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