Mozart et Flaubert ne se levaient pas à 5h du matin.
Lève-toi à 5h.
Médite 30 minutes.
Bois 3 grands verres d’eau.
Mange un petit-déjeuner à base de d’avocats et de graines de chia.
Va courir pendant 1 heure.
Écrits ton journal de gratitude.
Lis un livre pendant 30 minutes.
Définis les tâches à faire pour la journée.
Si tu respectes soigneusement ce plan, tu gagneras 78% de productivité en plus par jour.
Les articles vantant les mérites de ce type de routines sont légions. Particulièrement sur Medium.
Mais en réalité, ces routines, très peu de monde n’arrive à les tenir. Pire, notre incapacité à suivre les préceptes des gourous du développement personnel nous rend malades. On a beau y mettre toute la bonne volonté du monde, on ne peut pas s’empêcher de remonter machinalement son feed Instagram en se réveillant. On ne peut pas s’empêcher de trainer et de se laisser avoir par la dernière vidéo de Casey Neistat. Impossible pour nous de suivre les 7 préceptes des « highly successful people and entrepreneurs ».
Ces articles nous trompent.
Bullshits et recettes magiques
Les gourous du développement personnel nous vendent des recettes miracles. Des plans en 4 étapes pour devenir 8 fois meilleur que les autres. Ou le guide ultime pour être aussi productif qu’Elon Musk.
Je n’aime pas trop le terme « développement personnel ». Je trouve qu’il est trop connecté marchand de rêves et charlatans qui essaient de vendre des recettes miracles.
Avec un niveau de bullshit affolant. À l’image de la « Loi d’attraction », qui veut que si l’on se concentre sur quelque chose de précis, en le désirant fortement de manière régulière, les vibrations que l’on émettra attirent des vibrations similaires dans l’univers. Ce qui va nous permettre d’obtenir ce que l’on désire.
Vous souhaitez devenir riche ? Pensez-y énormément, focalisez-vous uniquement sur ce point et visualisez l’argent sur votre compte en banque. Vous produirez alors les vibrations nécessaires pour que l’univers complote dans l’unique but de satisfaire votre désir.
Cette « loi » fait l’objet de nombreux livres et vidéos Youtube. Un film, « The Secret » a même été fait sur le sujet !
Jean de La Rochebrochard dirige le Fonds de Capital Risque Kima Ventures.
Dans une conférence intitulée « S’organiser comme une machine pour vivre comme un humain », il y explique les indispensables méthodes de productivité qui lui permettent d’étudier, avec son équipe de 3 personnes supplémentaires, entre 400 et 500 demandes de financement de la part de start-ups. Chaque semaine.
Pas de magie. Uniquement des règles et des routines qu’il a mises en place au fur et à mesure, avec le temps. Et qui correspondent à sa manière de fonctionner.
La partie à retenir de la conférence n’est pas les techniques en elles-mêmes. Qu’il ne prenne aucun rendez-vous le mercredi ou qu’il désactive les notifications de son téléphone le matin importe peu.
Ce qui compte, c’est que ce sont ces techniques à lui. Qu’elles correspondent à son caractère et à ses forces & faiblesses propres.
« Le développement personnel est le régime minceur des startupers. Tout le monde en lit, pourtant personne de l’applique. » — Jean de La Rochebrochard
Au sujet de notre relation au succès et à notre ambition personnelle, la seule question qui doit nous intéresser est la suivante : comment devenir chaque jour meilleur que la veille ?
Jean nous fournit un début de réponse : il faut se créer un système. Un cadre sur lequel on peut s’appuyer, pratiquement les yeux fermés.
Il ne s’agit pas de routine matinale chronométrée à la seconde près. Mais de pratique délibérée et d’accumulation de petits avantages quotidiens.
De l’importance du système
Vous l’avez compris, il n’y a pas de formule miracle ou de routine qui convienne à tout le monde. Mais ça ne veut pas dire que les habitudes ne sont pas importantes. Au contraire, elles sont déterminantes. Toutes les personnes a succès, qu’elles soient entrepreneurs ou artistes, ont leurs routines propres.
En créant un cadre stable et régulier dans le temps, les routines permettent de réduire la fatigue mentale.
Notre cerveau possède uniquement un stock d’attention et une capacité de réflexion limité. Pour bien comprendre ce concept, établissons de manière arbitraire le nombre de décisions que nous pouvons prendre de manière réfléchie à 50 par jour (même si en réalité ce nombre est bien plus grand). Ainsi chaque décision supplémentaire que nous prenons nous rapproche de notre limite journalière et du moment où il nous devient impossible de nous concentrer. Le simple acte de prendre une décision dégrade notre capacité à en prendre une nouvelle.
Mark Zuckerberg, Albert Einstein, Steve Jobs et Barack Obama partagent une routine bien particulière. Le fait de porter tous les jours, ou presque, les mêmes vêtements : le col roulé pour Jobs, un tee-shirt gris pour Zuckerberg, un costume gris pour Einstein, un costume bleu, gris ou noir pour Obama.
« Vous verrez que je porte seulement du gris, du noir ou du bleu. J’essaye de réduire les décisions. Je ne veux pas prendre de décisions sur ce que je mange ou ce que je porte, car j’en ai énormément d’autres et des beaucoup plus importantes. » — Barack Obama
« Barack Obama a tellement réduit le choix et la diversité de sa garde-robe qu’il est en mesure de répondre à n’importe qu’elle situation à n’importe quel moment en prenant une décision réfléchie, car il n’a que ça à penser. » — Stuart Heritage
Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Chacun doit trouver, grâce à la pratique, les choses qui lui correspondent et qui marchent le mieux pour lui.
RJ Andrews a réalisé une infographie très complète des routines et habitudes de travail de quelques-uns des plus grands artistes. On y apprend que :
- Honoré de Balzac était un monstre de travail : il écrivait entre 1h et 8h du matin puis entre 9h30 et 16h. Il dormait de 18h à 1h.
- Gustave Flaubert écrivait de 21h30 à 3h du matin. Il lisait de 14h à 19h.
- Victor Hugo écrivait uniquement de 18h à 20h.
L’infographie complète est disponible ici.
La seule règle est qu’il n’y a pas de règle, si ce n’est d’être sur le pont tous les jours. Et de chaque jour se rapprocher de ses objectifs.
À titre personnel, j’ai testé énormément de choses : la méditation, les journaux personnels, les gestionnaires de tâches, le running, les pomodoros etc.
Avec le temps, j’ai réussi à développer plusieurs habitudes solides, qui me permettent d’avancer dans mon travail :
- J’arrive à lire entre 1 heure et 2 heures par jour, que je découpe en plusieurs phases de 20 minutes (matin-midi-soir si possible).
- Je suis productif le matin (c’est sûrement lié au concept de fatigue mentale) et le soir. Lorsque je sais que je dois travailler, il m’arrive de faire une sieste de 30 minutes juste avant pour être plus en forme.
- J’ai du mal à travailler après mes repas.
- Je travaille sur mes articles tous les jours et, lorsque j’écris, j’écoute toujours une playlist de musique sans parole. Je mets mon téléphone en mode avion pour ne pas être interrompu.
- J’ai besoin de séquencer mon travail. Il m’est très difficile de travailler 4 heures d’un coup. Je suis beaucoup plus productif si je le découpe en plusieurs sessions, avec des pauses régulières.
- Pour mes recherches, j’utilise un système de petites notes, inspiré de celui de Ryan Holiday.
Bien entendu rien n’est figé et les habitudes fonctionnent par périodes. Elles évoluent et connaissent des hauts et des bas.
Les compound interests
Le pouvoir des habitudes et des routines s’expliquent par la notion de compound interests. En finance, on parle de compound interests lorsque les intérêts obtenus à chaque période sont réinjectés dans le capital, pour l’augmenter progressivement et rapporter également des intérêts à leur tour.
Le concept est assez simple. Imaginez que vous possédez 1 000 € et que vous les faites croître de 10 %, chaque année.
- Dans 5 ans, vous aurez 1 600 €
- Dans 10 ans, pratiquement 2 600 €
- Dans 25 ans, vous aurez plus de 10 800 €
Les intérêts sont exponentiels. Plus le temps passe et plus ils rapportent.
Warren Buffet est l’exemple ultime d’un homme qui a su tirer profit des compound interests d’une manière exceptionnelle. Aujourd’hui, il est le 2ème homme le plus riche de la planète, avec une fortune estimée à 75,6 Milliards de $.
Dans la biographie de Buffet écrite par Alice Schroeder, « The Snowball », elle raconte qu’en 1940, à l’âge de 10 ans, Warren est tombé sur un livre qui allait avoir un profond impact sur sa vie : « 1 000 façons de faire 1 000 $ ». C’est à ce moment qu’il y a découvert le concept de compoud interests. Warren voyait alors chaque dollar aujourd’hui comme 10 $ dans le futur.
C’est l’illustration de comment une petite somme d’argent peut être transformé en fortune à travers le temps. Comme une boule-de-neige qui grossit lorsqu’on la roule sur un tapis de neige. D’où le titre, « The Snowball ».
Et lorsque l’on regarde l’évolution de la fortune de Buffet, on comprend tout de suite la puissance des compound interests.
Il a accumulé plus de fortune pendant les 20 dernières années de sa vie que pendant les 50 premières.
Ce que je trouve fascinant avec cette notion de compound interests, c’est qu’elle ne s’applique pas uniquement au domaine financier.
C’est exactement la même chose pour sa propre éducation et sa vie en général.
« Sucess arises out of the steady accumulation of advantages. »
— Malcolm Gladwell
Lire pendant 1 heure semble insignifiant. On a l’impression que ça ne sert pas à grand chose et que ce n’est pas comme ça qu’on arrivera à se perfectionner dans un domaine.
Mais essayons de raisonner en compound interests. Une heure par jour équivaut à :
- 365 heures de lecture en 1 an.
- 3 650 heures de lecture sur 10 ans. Gros impact.
Imaginez le nombre de livres lus et la connaissance accumulée. Chaque nouvelle lecture s’appuiera sur la précédente. Votre cerveau intégrera les informations de plus en plus vite. Vos capacités mentales suivront, elles aussi, une courbe exponentielle.
Dans « L’effet cumulé », Darren Hardy utilise une formule pour résumer la puissance de ces compound interests :
Micro actions * régularité * temps = changements radicaux.
On a tendance a penser que les gros changements sont soudains et arrivent « overnight ». Mais c’est exactement le contraire. Les changements mûrissent et se nourrissent pendant plusieurs années avant de devenir visibles.
« Slow and steady diligence is the true way to wealth. » — Benjamin Franklin
La seule manière d’atteindre de grands objectifs est de les découper en petites tâches, petit objectifs journaliers et hebdomadaires. Il est très facile de se laisser décourager par la quantité brute de travail à fournir.
La quantité de travail à fournir pour écrire un livre est importante et l’exercice demande une grande rigueur. Pour ne pas me laisser submerger par la tâche, j’ai séquencé mon travail avec un calendrier précis. Chaque semaine, j’écris et je publie un article, correspondant à une partie de ce livre. Et chaque jour, je me fixe comme mission d’avancer sur l’article de la semaine. Le travail m’apparaît beaucoup plus digeste et réalisable.
Une à 2 heures de travail par jour pendant plusieurs années est le moyen le plus sûr pour atteindre les fameuses 10 000 heures, nécessaires à la maîtrise de son art.
« Though we think big, we must act and live small in order to accomplish what we seek. » — Ryan Holiday
Cet article est extrait de mon premier livre : “Devenir remarquable à l’ère du numérique”.