Pourquoi les entreprises ont intérêt à recruter des managers introvertis dès maintenant

RH, dirigeants, salariés, savez-vous vraiment ce que veut dire être introverti ? Sans doute que les premiers mots qui vous viennent à l’esprit sont : timide, manque de confiance, peu d’assurance, hypersensible, asocial. Des qualificatifs qui ne sont pas très séduisants mais surtout erronés.

Encore stéréotypés comme des personnes trop fragiles pour occuper des fonctions de manager ou de leader, les introvertis sont souvent radiés au banc de touches. Mais le vent pourrait bien tourner.

Le monde du travail est en pleine mouvance. Le modèle pyramidal qui est encore d’actualité dans la majorité des entreprises, sera bientôt obsolète. Terminée la hiérarchie avec en haut de l’échelle, les fonctions décisionnaires et en bas de l’échelle, les petits exécutants.

En marche de ce mouvement, la génération Y. Elle remet en cause le fonctionnement et l’organisation de l’entreprise. Les jeunes salariés refusent d’être de simples soldats. Leurs mots d’ordre sont : liberté, appartenance, sens, créativité, autonomie, communication. Ils rallient à leur cause les salariés issus de la génération précédente. Il ne manque plus que les jeunes de la génération Z pour cristalliser ce changement. Et ça ne serait tarder.

Les entreprises doivent dès maintenant amorcer le changement pour rester dans la course. Et certaines l’ont déjà compris. En effet, elles sont déjà fortement concurrencées par les startups qui représentent le modèle du travail en vogue. Mais aussi par les entrepreneurs toujours plus nombreux. D’ailleurs, d’après une enquête de l’AFPA, l’une des raisons qui poussent les salariés à vouloir se reconvertir est l’envie de devenir son propre patron.

Pour ne pas sombrer et mener à sa perte, l’entreprise va devoir revoir son fonctionnement et son organisation. Elle va être contrainte de faire des choix au niveau des fonctions managériales de manière à recruter les profils les mieux à même pour assurer cette transition. Les soft-skills et la personnalité du manager sont désormais plus importants que la technicité. C’est là que l’embauche de salariés au profil introverti va devenir essentielle.

Avant de nous intéresser aux raisons qui font que les entreprises ont tout intérêt à recruter des managers introvertis, je vous propose d’abord de s’attarder sur le profil introverti et ce qui le distingue d’un extraverti.

Qu’est-ce que veut dire être introverti ?

Les caractéristiques communes des introvertis

Un introverti est une personne sensible négativement aux stimuli externes comme le bruit, la lumière, la chaleur et les interactions sociales. Là où une personne extravertie va retrouver de l’énergie au contact de ces différentes stimulations extérieures, une personne introvertie va à l’inverse s’épuiser.

Pour recharger ses batteries, elle va devoir se retrouver au calme et seule. Ça ne fait pour autant pas d’elle une personne asociale, bien au contraire.

Tous les introvertis ne se ressemblent pas et heureusement. En fonction de l’environnement dans lequel l’on grandit, de l’éducation et de ses propres expériences de vie, nous avons une personnalité singulière, à part entière.

Toutefois, les études et recherches faites ont mis en évidence un socle commun de traits de caractère que l’on retrouve chez la majorité des introvertis. Ainsi, les introvertis sont sensibles, observateurs et à l’écoute des autres. Ils sont également cérébraux, réfléchis et ils n’aiment généralement pas se retrouver sur le devant de la scène.

La société prône l’idéal extraverti

Les introvertis font l’objet d’idées reçues et de préjugés parce que notre société prône l’idéal extraverti. Dans tous les domaines de notre vie, il faut savoir parler fort et vite, avoir un réseau social très développé, être très audacieux, aimer se mettre en avant, être un bon orateur et avoir tout un tas d’activités.

Voilà pourquoi les entreprises recrutent davantage des profils extravertis sur des fonctions de décision et de management.

Sans en faire une généralité, les extravertis aiment être en tête d’affiche et ont besoin d’être reconnus et de réussir. Ce n’est pas un jugement, mais une vérité qui s’explique par le fonctionnement du système nerveux dont je parle plus loin dans l’article.

Voyons maintenant les raisons qui font que les introvertis doivent être les futurs managers de demain.

Le manager introverti répond aux besoins de créativité des salariés et d’innovation de la société

Parmi les nombreuses qualités que compte un introverti et que j’ai énumérées, l’écoute en est l’une des principales. Une personne introvertie est connue pour être dans l’écoute active. Elle n’écoute pas d’une simple oreille ce que va dire son interlocuteur. Non, elle écoute sincèrement et profondément. Elle prend ensuite le temps de traiter l’information en repensant et en décortiquant ce que son cerveau vient d’emmagasiner.

Or, être à l’écoute de ses clients, de son équipe et des autres services est indispensable quand on est manager.

Un manager introverti va donc être attentif aux idées de ses collaborateurs. Il ne cherche pas à imposer les siennes à son équipe ou à se mettre en avant. Au contraire, il fait en sorte que les salariés sous sa responsabilité soient force de proposition et ils valorisent leur créativité.

En adoptant une telle posture d’écoute, ils donnent de la valeur à son équipe. Les salariés peuvent exprimer et développer leurs potentiels, ce qui favorise l’innovation. Et l’on sait que l’innovation fait partie des préoccupations prioritaires de l’entreprise. Encore plus face aux startups et aux entrepreneurs qui ont parfois un temps d’avance.

En donnant naturellement la possibilité aux salariés de proposer de nouvelles idées (que ce soit au niveau technique, organisationnel ou autre), le manager introverti s’adapte efficacement aux nouvelles attentes du monde du travail. Aussi, il se pose en véritable révélateur des facultés, des capacités et des potentiels des salariés.

Les salariés se sentent également libres. Libres de pouvoir exprimer leur créativité, mais pas seulement.

Le manager introverti répond au besoin de liberté des salariés dans l’organisation de leur travail

L’organisation actuelle du travail est obsolète

Comme nous l’avons vu, un individu au tempérament introverti est sensible négativement aux stimulations extérieures. Pour recharger ses batteries, il doit se retrouver seul et au calme.

Qui de mieux qu’un introverti peut comprendre que le modèle actuel du 9h-18h dans les locaux de l’entreprise est à jeter à la poubelle ?

Cette organisation du temps de travail imposée est obsolète parce qu’elle ne correspond pas à tous les salariés. Certains salariés seront plus efficaces le matin très tôt en travaillant de 6h à 10h30 par exemple. Pour d’autres, ça sera le soir à partir de 20h et jusqu’à 23h.

Aussi, certains salariés — et notamment les introvertis — seront beaucoup plus performants en travaillant seuls dans un lieu calme que dans un open-space bruyant où il y a constamment du passage. C’est mon cas par exemple. Quand j’étais salariée, je travaillais nettement mieux en télétravail qu’au bureau.

Il n’y a donc pas UNE organisation du temps de travail efficace, mais DES organisations du temps de travail efficaces et qui sont aussi variées que le nombre de salariés.

Évidemment, certaines contraintes d’activités imposent une activité obligatoire durant une certaine plage horaire. Mais, il est tout à fait possible de s’adapter le reste du temps.

Laisser le choix aux salariés de leur propre organisation du travail

Un manager introverti comprendra donc très aisément que l’organisation actuelle de travail n’est pas adaptée à tous. Il sera naturellement plus enclin à laisser les salariés choisir leur propre mode d’organisation. À partir du moment où le travail est fait, il se moque de savoir s’il a été fait depuis son canapé, depuis le café du coin ou sur le toit-terrasse d’un building.

Les salariés sont donc libres. Libres de travailler d’où ils veulent et quand ils veulent, du moment où c’est un minimum cadré. De cette façon, le salarié a moins l’impression d’être la marionnette de son manager et il adapte son travail à sa vie personnelle et non pas l’inverse. Et c’est précisément ce que recherchent les actifs.

Le manager introverti est un bon leader

Dans quelques années, le terme de manager sera peut-être remplacé par celui de leader. En effet, le manager doit posséder toutes les qualités et compétences que l’on attend d’un bon leader. Et un introverti les possède déjà.

Les critères d’un bon leader sont les qualités d’un introverti

Le leader représente le groupe. On attend de lui qu’il fasse avancer les autres, sans rechercher la gloire. Il doit laisser de côté son ego et ne doit pas chercher à affirmer son autorité. Pour répondre à ces critères, il faut être empathique et humble. Deux qualités qui caractérisent les personnes introverties. En effet, de par leur écoute, leur sensibilité et leur bienveillance, elles développent naturellement ces qualités.

Également, on attend d’un bon leader qu’il ait une vision. Cette vision, il la co-construit avec ses collaborateurs et la direction. Il doit réussir à rallier l’ensemble des salariés à sa vision. Pour cela, il doit être patient, persuasif sans être agressif et être encore à l’écoute. Des qualités présentes chez les managers introvertis qui sont calmes, pacifistes et à l’écoute.

De plus, une personne introvertie a le sens de l’observation et, est très intuitive. Elle ressent les émotions des autres, perçoit des détails qui passent souvent inaperçus chez d’autres. Un manager introverti saura donc adapter sa posture et son discours en fonction de la personne qu’il a en face.

Un introverti saura quitter sa casquette de leader quand il le faudra

Enfin, un bon leader sait se retirer quand c’est nécessaire. Cette capacité demande un vrai effort pour une personne extravertie. En effet, un extraverti recherche constamment la récompense et la réussite. Les études[1] faites expliquent cela par le fait que le cerveau d’un extraverti fonctionne différemment du cerveau d’un introverti.

Comme l’explique Marti Olsen Laney dans son livre Introverti et heureux, un extraverti a un seuil de dopamine plus élevé qu’un introverti. La dopamine est liée à la récompense, la nouveauté, le succès, bref, à tout plaisir ou stimulation externe. Ainsi, un extraverti a besoin de toujours plus de stimulations extérieures, de défis, de nouveautés et de récompenses pour enfin atteindre son seuil de dopamine qui va déclencher la sensation de bien-être.

A l’inverse, le cerveau de l’introverti a un seuil de dopamine moins élevé. De plus, comme je l’ai dit plus haut, les stimulations extérieures plombent l’énergie d’un introverti. Voilà donc une explication biologique qui démontre qu’un introverti, en bon leader, saura se retirer beaucoup plus facilement s’il le faut.

De manière générale, la posture d’un manager introverti est celle d’un bon leader : respect, humilité, souci de l’autre, considération.

[1] Je vous renvoie au bouquin Introvert — a scientific explanation and guide to an introvert’s minde de Madge Falco

Le manager introverti instaure et améliore le bien-être des collaborateurs

L’une des principales occupations des entreprises et des salariés est le bien-être. Être épanoui au travail est devenu primordial. Les entreprises ont bien compris l’importance de s’inquiéter du bien-être de ses collaborateurs. Des salariés performants et fidèles sont des salariés heureux dans leur job.

Améliorer le bien-être passe déjà par l’écoute de son équipe, par le fait d’être sensible à leurs difficultés, à leurs problèmes, à leur personne tout simplement pour pouvoir réfléchir et mettre en place des actions en faveur du bien-être. Des qualités et capacités que l’on retrouve chez les introvertis.

Les bénéfices sont nombreux : le manager gagne la confiance des salariés, l’absentéisme baisse, le turn-over se réduit et l’engagement des salariés se renforce. Et par ricochet, la performance et la productivité s’améliorent.

Le manager introverti est un bon technicien

Être manager exige de gérer de l’humain. Sans l’humain, l’entreprise ne tourne pas. Mais un bon manager doit être également en mesure de maîtriser les technicités de son boulot.

Grâce à sa capacité de concentration qui lui permet de travailler pendant des heures, le manager introverti est très performant. Aussi, sa curiosité fait qu’il ne se repose pas sur ses lauriers. Il est alerte et il se tient informé des nouveautés.

Son sens du détail et de l’analyse lui permettent d’être prudent. Avant de prendre une décision, il étudie dans les moindres détails les risques, les opportunités, les avantages, les forces et les faiblesses d’un projet ou d’un produit. Il ne prendra donc pas de décisions sur un coup de tête, ce qui est primordial quand on occupe un rôle de manager.

Récap des différentes raisons pour lesquelles les introvertis seront les bons managers de demain

Ils sont à l’écoute, bienveillants, humbles, réfléchis, consciencieux, fins observateurs, sensibles et généreux.

Dans un contexte de mutation du monde du travail, l’humain et ses aspirations n’ont jamais été aussi importants. Face à des startups et des entrepreneurs qui prospèrent et séduisent les salariés, les qualités d’un introverti seront alors très utiles à l’entreprise pour éviter de mener à sa perte.

Salariés introvertis, à quand vos candidatures ?

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