Que signifie réellement l’économie numérique pour nous, individus ?

Attention, poncif : l’économie numérique et Internet façonnent tous les aspects de notre vie. Mode de consommation, rapport au travail, rapport à l’information, communication : rien n’y échappe.

Valentin Decker
Essentiel
Published in
6 min readAug 24, 2017

--

On entend tout et son contraire sur le sujet. On passe instantanément d’un expert en géopolitique à la télé qui prédit la fin du monde à un chef d’entreprise sur LinkedIin qui affirme qu’Internet va sauver l’Humanité.

Comment voir clair à travers ce brouillard ?

Que signifie réellement l’économie numérique et quelles implications concrètes pour nous, les individus ?

Information

Le premier basculement se situe au niveau de l’Information.

Avant l’ère d’Internet, la valeur résidait dans le fait de posséder l’Information. Les livres avaient une importance capitale puisqu’ils constituaient le seul moyen fiable de transmettre les grandes idées de l’histoire de l’Humanité. Les érudits et personnes qui possédaient l’information avaient un rôle essentiel. Ils étaient les garants de la connaissance.

De cette prépondérance de l’information, découle le rôle de l’école et la valeur des diplômes. Ceux-ci étaient un gage de détention d’informations et de connaissances, inaccessibles autrement. Plus le nombre de diplômés dans un domaine est faible (et donc de personnes qui détiennent l’information), plus celui-ci a de la valeur.

Internet a rebattu les cartes, avec Wikipédia en fer de lance.

L’Information est devenue une commodité : elle est accessible partout, par tous. C’est également une des raisons qui expliquent la crise de l’école traditionnelle (Link). Comment un système construit sur le monopole d’Informations dont dispose le professeur peut encore tenir longtemps, à l’âge où l’information est accessible en ligne, gratuitement ?

Avec Internet, la valeur ne se situe non plus dans la possession, mais dans la transformation de cette Information. Dans son adaptation, son utilisation et sa vulgarisation.

Baisse des barrières à l’entrée

La démocratisation des outils technologiques (ordinateurs personnels, smartphones, montres connectées, etc.) a été possible grâce à la baisse des coûts de stockage et la hausse de la puissance de calcul.

Plusieurs avancées ont permis de réduire significativement la plupart des barrières à l’entrée, à savoir tous ces obstacles (qu’ils soient matériels, financiers, humains ou encore logistiques) que doit surmonter une entreprise ou un individu désirant se lancer sur un nouveau marché.

L’exemple le plus parlant est celui de l’industrie cinématographique.

Il y a encore quelques années, seule une poignée de personnes disposant de moyens colossaux étaient capables de se lancer dans cette industrie et de faire des films.

L’arrivée de l’iPhone (et des smartphones en général) a offert au grand public :

  • Un moyen d’écrire un film avec l’application « Notes »
  • Un moyen de tourner un film en haute définition via la caméra
  • Un moyen de faire le montage et la post-production avec diverses applications
  • Un moyen de distribuer son film grâce à Internet et Youtube

Un marché disposant de fortes barrières à l’entrée s’est transformé en quelques années. On voit aujourd’hui énormément de créateurs indépendants vivre de leur art et de leurs vidéos sur Youtube. Et ce n’est que le début.

La distribution était une des barrières à l’entrée les plus difficiles à surmonter : comment faire en sorte que mon produit ou mon art soit distribué au plus grand nombre de personnes ?

Avant Internet, c’était extrêmement compliqué.

Bon nombre d’entreprises ont ainsi bâti leurs avantages compétitifs et leur pouvoir sur cette distribution. En maîtrisant celle-ci, ils étaient assurés de toucher le consommateur final. Peu importe la qualité du produit, s’ils étaient les seuls à être capables de livrer un supermarché, une librairie ou un cinéma, ils n’avaient aucune concurrence.

Internet, avec notamment les réseaux sociaux, nous permet de toucher des millions de personnes gratuitement et instantanément.

Younès Rharbaoui évoque le cas de Nusret Gökçe dans un récent article.

Sans Internet, ce boucher / chef de restaurant Turc aurait été reconnu pour la qualité de sa viande et ses rituels uniques, dans les principales villes de Turquie.

Grâce à Internet, il est devenu une star à l’échelle planétaire. Plusieurs millions de personnes le suivent sur son compte Instagram, il a créé une véritable marque, les plus grandes stars de cinéma et joueurs de foot se déplacent spécialement pour le voir à l’œuvre et il a ouvert des restaurants dans les villes les plus prestigieuses du monde comme New-York ou Dubaï.

« Nusret was born in the Information Era, and he is now an Internet sensation ».

Saltbae

Une concurrence accrue et mondiale.

L’abaissement des barrières à l’entrée et l’ubiquité de l’Information ont une conséquence directe : une hausse sans précédent de la concurrence entre les individus. Une concurrence mondiale, plus uniquement locale.

Sous l’effet de la commoditisation de l’Information et du nombre de diplômés qui explose chaque année, les diplômes perdent doublement de leur valeur.

Il y a aujourd’hui plus de personnes titulaires d’un MBA que dans toute l’histoire de l’humanité.

En parallèle, d’autres modes d’éducation émergent et viennent également accroître le niveau de compétition. À l’image des MOOCs (Massive Open Online Course) qui permettent de se former sur à peu près tous les sujets possibles et imaginables gratuitement, en ligne.

La plateforme Coursera offre, par exemple, la possibilité de suivre gratuitement les cours des universités les plus prestigieuses au monde depuis chez soi. Un cours à HEC normalement dispensé devant une petite centaine d’élèves (avec des frais de scolarité avoisinant les 15 000 € l’année) est désormais suivi en ligne par plusieurs milliers de personnes. Dans le monde entier.

Mentionnons enfin le rôle de l’anglais, langue officielle de l’ère d’Internet, qui permet de se faire comprendre de tous et de communiquer avec tous. Et qui exclut donc mécaniquement ceux qui ne la maîtrisent pas.

Égalité des chances

Sans tomber dans l’idéalisme, Internet a permis des avancées significatives en termes d’égalité des chances.

De par sa nature transparente, ouverte et gratuite Internet est accessible par n’importe qui, pratiquement partout dans le monde.

Internet est un lieu fondamentalement méritocratique où ce qui compte n’est pas d’où tu viens ni qui tu es, mais ce que tu fais.

Tout le monde est désormais capable de partager ses idées. Et celles qui se diffusent ne sont pas les fruits d’un avantage naturel injuste, comme la naissance dans une bonne famille ou dans un pays développé. Mais elles se diffusent parce qu’elles sont populaires. Parce qu’elles touchent les gens et les engagent.

Internet est centré autour de l’individu. L’attention d’un internaute sur un site web est réduite à quelques secondes. Il dispose d’un droit de vie ou de mort sur le contenu qu’il consomme. S’il ne le divertit pas assez ou ne l’intéresse pas suffisamment, il passera sans scrupule au suivant. Au contraire, si ce contenu est passionnant, drôle ou inspirant, il le partagera à ses pairs et celui-ci aura une chance de devenir viral et avoir du succès.

La clef est la satisfaction utilisateur.

→ Tout ceci à permis l’explosion de deux phénomènes :

1. Les Start-ups

Dans Zero to One, Peter Thiel définit les start-ups comme « des petits groupes d’individus réunis par le sentiment d’une mission à accomplir. »

Partout dans le monde, des individus se réunissent pour tenter de résoudre des problèmes et apporter de la valeur aux gens sous la forme de petites entreprises à la croissance ultra-rapide. Ses entreprises remettent en question les modèles pré-établis et les industries existantes. Pensez à Airbnb qui a révolutionné le marché du tourisme ou encore Uber le marché du transport de personnes.

La prolifération du nombre de start-ups a été rendu possible, car le prix de création d’une entreprise et le risque initial à prendre n’ont jamais été aussi faibles. Quand il fallait plusieurs centaines de milliers d’euros pour créer une entreprise et maîtriser tous les aspects de la chaîne de valeur (logistique, production, distribution etc.) il y a quelques années, il est aujourd’hui possible de créer sa start-up pour quelques centaines d’euros. Le tout, depuis sa chambre étudiante.

2. La possibilité de vivre de son art

Les plateformes comme Youtube, Instagram, Facebook, Medium ont mis fin à la barrière de la distribution permettant à ceux qui créent du contenu de toucher, en un clic, plusieurs millions de personnes. Ils peuvent aujourd’hui développer une audience / un groupe de fan qui les soutiendra et achètera ce qu’ils créent.

Le rêve des artistes de tous les temps est devenu possible : vivre de son art.

La plupart ne deviendront pas millionnaires, mais ils auront acquis indépendance, passion et liberté.

Si vous avez apprécié cet article, partagez-le et recommandez-le pour aider les autres à le trouver ! Merci ! ❤

Essentiel vous présente de grandes idées pour libérer votre potentiel et vivre mieux. Abonnez-vous pour ne rien rater !

--

--