Ta conseillère d’orientation avait-elle raison ?

Tu as encore le droit de choisir ton job en 2018

Alexis Minchella
Essentiel
6 min readMay 7, 2018

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La vie rêvée de Walter Mitty

Je vais faire ça pendant 3 ans, et puis j’arrête […] .

Je suis sûr que tu as déjà entendu cette phrase. Ou peut-être que toi aussi tu te l’ai dit.

Je discutais avec un ami, parti travailler à Londres pour une célèbre banque américaine.

On parlait de son départ et il n’avait pas vraiment l’air ravi de rejoindre cette nouvelle aventure. Le monde de la finance lui ouvrait pourtant grands les portes.

Il voyait plutôt ce job comme un sacrifice. Quelques années difficiles et intenses pour pouvoir faire, par la suite, quelque chose qui lui plairait d’avantage.

Je fais ce job pendant 3 ans, et je pourrai ensuite me faire plaisir.

Je n’ai rien contre la finance. Plusieurs personnes de mon entourage travaillent aujourd’hui dans ce secteur. Mais je ne sais pas s’ils sont vraiment heureux.

Je ne suis pas ici pour faire le méchant gourou. J’aimerais juste poser cette question :

Pourquoi se forcerait-on à faire un job qui ne nous plaît pas ?

Aujourd’hui, il n’est plus simplement question d’avoir un travail ou non. Mais plutôt, de trouver un job dans lequel on s’épanouit au quotidien.

Personne ne te grondera si tu sors du cadre !

Quand je pense à mes parents qui ont exercé plus ou moins le même métier pendant toute leur carrière, je ne suis pas sûr de vouloir reproduire ce modèle.

En plus, aujourd’hui il est beaucoup plus facile de prendre un chemin différent de celui qui a été tracé pour nous.

Mais qui a tracé ce chemin ?

En premier lieu, nos parents…

La plupart de nos parents sont persuadés que notre réussite est conditionnée par la sécurité d’un job stable et d’une très bonne rémunération. C’était effectivement le cas pour eux, mais le monde d’aujourd’hui a bien changé !

Pouvons-nous parler de sécurité de l’emploi, lorsque l’on sait que près de 50% des métiers que l’on exerce aujourd’hui disparaîtront dans 10 ans ?

Concernant la rémunération, je voudrai leur répondre que ce n’est plus suffisant. On ne cherche plus seulement l’entreprise prête à nous offrir le plus gros salaire, mais celle qui nous donnera envie de se lever le matin.

La “quête de sens” est tendance.

Pourtant, 91% des salariés sont désengagés dans leur job aujourd’hui. La frontière entre vie pro et vie perso est de plus en plus mince, d’où l’importance de se sentir bien dans son job.

Et puis, il y a l’école…

Les métiers évoluent, nos aspirations aussi, et pourtant rien n’a vraiment changé dans l’éducation, depuis près d’un siècle.

Il y a une vingtaine d’années, on ne se posait pas vraiment de question. L’école était le moyen le plus simple d’apprendre et d’accéder à la connaissance.

Dans son livre, Libérez votre cerveau, Idriss Aberkane a d’ailleurs une vision particulière sur le sujet.

Imagine-toi devant un buffet à volonté. Plats, entrées, viennoiseries, desserts, boissons, bonbons, tout ce que tu veux !

Maintenant, le serveur arrive et te demande de terminer l’intégralité du buffet en une heure. Tu n’as pas le choix, car tout ce que tu n’auras pas mangé te sera facturé. L’enfer non ?

Cette situation, il la compare à l’éducation. On emmagasine un maximum de connaissances dans un cadre strict sans vraiment se poser de questions sur les objectifs derrière tout ça. Mais tu as soif d’apprendre, alors tu suis le chemin, jusqu’à en être écoeuré.

L’école est restée industrielle. Et il n’est pas le seul à le penser. Seth Godin, un auteur à succès aux Etats-Unis, en parle régulièrement dans ces ouvrages — La supercherie d’Icare, Linchpins,…

Notre éducation est centrée sur la conformité. Lorsque l’on sort de l’école, on a tous le même bagage, les mêmes compétences et souvent les mêmes expériences.

Si je prends mon cas, à notre arrivée en école de commerce, on nous apprend qu’il y a trois voies royales.

  • Intégrer les équipes produit chez L’Oréal
  • Devenir un financier aguerri au sein de HSBC
  • Rejoindre les équipes d’audit de KPMG

On arrive à peine dans ce monde du business, on n’y connaît pas grand chose et surtout, on ne sait pas ce qu’on veut faire. Alors on les écoute en se disant qu’ils doivent sûrement avoir raison. Voilà comment une école arrive à créer des profils complètement identiques !

On se fixe nos propres limites…

On n’ose pas faire les choses différemment. J’en parlais dans un précédent article, l’inconnu nous fait peur.

Malgré la pression que peuvent exercer nos proches et le système éducatif, on reste les seuls maîtres de nos décisions.

On passe notre temps à collectionner des expériences qui feront bien sur notre cv et à avoir les bons diplômes. Mais on ne prend pas vraiment le temps de faire des choses qui comptent pour soi.

C’est à nous de choisir ce que l’on veut réellement faire. Personne ne pourra décider à notre place, pas même cette conseillère d’orientation qui ne t’apprendra pas grand chose.

La solution miracle n’existe pas

Quand on est jeune, on a tous peur de faire un travail désincarné. Alors il est important de se demander pourquoi on fait les choses, au quotidien ? Quel en est le sens ?

L’une des choses les plus importantes est d’avoir le minimum de regrets possibles.

The Regret Minimization Framework

Il y a quelques jours, je suis tombé sur une interview de Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon. Dans cette vidéo de 1999, le journaliste lui demande pourquoi avoir quitté un emploi confortable à Wall Street pour créer Amazon.

Il parle alors du “Regret Minimization Framework”. Lorsqu’il aura 80 ans, Bezos veut avoir le moins de regrets possibles. Toutes ses décisions sont basées sur ce modèle. Il avait l’envie profonde de créer Amazon avec cette intuition de ce que deviendrait le e-commerce. Mais il ne savait pas de quoi serait fait le futur.

L’idée n’est pas de créer le prochain Amazon, mais simplement de réfléchir à ce mode de pensée basée sur la minimisation du regret.

Si demain est ton dernier jour, auras-tu des regrets ? Lesquels ?

Arrêtons de vouloir tout rationaliser dans notre job.

Lorsque tu demandes à des auditeurs financiers s’ils prennent du plaisir dans le travail, la réponse est claire.

Le job est répétitif avec peu de valeur ajoutée, mais le salaire est confortable.

Ces personnes-là ne prennent donc aucun plaisir dans le processus quotidien, mais s’attache à cette récompense qu’est le salaire à la fin du mois. Dommage, quand tu connais le temps que tu y consacres.

Ne pense pas trop !

Je ne veux pas être un moralisateur. Mais j’encourage chacun à se poser des questions.

  • La curiosité. La meilleure des choses est probablement de réfléchir sur soi, sur ce que l’on aime faire, ce que l’on a envie de faire. Cette curiosité a aussi besoin d’être nourrie.

Les livres sont une source incroyable d’inspiration. Ils n’apporteront peut-être pas des réponses à tes questions, mais ils te permettront de te questionner pour trouver tes propres réponses.

  • S’entourer des bonnes personnes est tout aussi important. Ils sont à la fois des soutiens et des inspirations.
  • Faire. Cela peut sonner bateau, oui. Mais, c’est en fait des choses, concrètement, que l’on saura ce qui nous plaît. On trouve des excuses pour ne pas faire. Et pourtant, il n’y a qu’en essayant que l’on saura où aller.

Je reviendrai sur cette dernière partie dans un prochain article.

Aujourd’hui, on a tous la possibilité de faire des choses que l’on a choisi de faire !

Alors pourquoi ne pas essayer de faire les choses différemment.

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