Une conception erronée de la réussite.

Thomas Tissot
Essentiel
Published in
5 min readJan 26, 2019

23. Le nombre de fois où a été rejeté le manuscrit de Dune écrit par Frank Herbert, aujourd’hui considéré comme l’un des romans de science fiction le plus vendu au monde.

27. Le nombre de lettres de rejet reçu par J.K Rowling lorsqu’elle tenta pour la première fois de faire publier Harry Potter. Ce qui reste à ce jour le plus grand succès, du moins en terme financier, de l’histoire de la littérature aurait pu ne jamais voir le jour sans la détermination dont elle a fait preuve. La légende voudrait qu’avant de publier le premier tome, son éditeur lui ait conseillé de garder son job dans la mesure où elle “n’allait sûrement pas en vendre beaucoup.”

Plus de 190. Le nombre de morceaux mis en ligne gratuitement par le rappeur américain Russ avant qu’enfin l’un de ses singles commence à attirer l’attention du grand public. A peine deux ans plus tard il signe un contrat de 2 millions de dollars avec Capitol Records.

800. Le nombre de lettres de rejet reçu par Seth Godin la première année où il décida de devenir écrivain. Il est aujourd’hui l’auteur de 18 best-sellers traduits dans le monde entier. Certains d’entre eux considérés comme ayant révolutionné le monde du marketing. Cet homme qui a sans doute connu plus de rejets que n’importe quel autre auteur a publié à date plus de 7 000 billets sur son blog.

9 000. Le nombre de paniers qu’aurait loupé Michael Jordan sur l’ensemble des matchs de sa carrière. On ne parle ici que de matchs… Entraînements exclus.

A la lecture des chiffres évoqués ci-dessous, j’ai le sentiment que le “secret” de la réussite réside dans une idée quelque peu contre-intuitive : celui qui réussirait le mieux serait celui qui n’a pas eu peur d’échouer le plus grand nombre de fois.

Bien que notre espèce soit passée maître dans l’art de s’enorgueillir des capacités de notre cerveau, il serait bon de ne pas oublier qu’il souffre malgré tout d’un certain nombre de biais. Notamment de ce que l’on appelle le biais de confirmation.

Pour ceux qui n’en aurait jamais entendu parler, en voici une brève définition :

Le biais de confirmation, également dénommé biais de confirmation d’hypothèse, désigne le biais cognitif qui consiste à privilégier les informations confirmant ses idées préconçues ou ses hypothèses (sans considération pour la véracité de ces informations).

En d’autres termes, lorsque nous sommes convaincus d’une chose nous aurons tendance à ne voir que les informations qui abondent dans notre sens. Exemple : Michael Jordan est un génie, lui seul est capable d’accomplir ce qu’il a réussi à faire. Il est unique et personne ne pourra jamais l’égaler.

Peut-être… Ou peut-être pas. Avez-vous déjà entendu parler de Roger Bannister ?

Le 6 juin 1954, par une journée d’été pluvieuse, Bannister devint le premier athlète au monde à courir le mile run (l’équivalent de 1 600 mètres) en moins de 4 minutes. Le précédent record du monde avait été établi 9 ans plus tôt et semblait ne pas pouvoir être battu… Jusqu’à ce que Bannister franchisse la ligne d’arrivée ce jour-là.

Bannister devint alors le coureur le plus rapide du monde sur 1 mile et il le resta pendant 46 jours à peine. Ce qui paraissait insurmontable jusqu’ici devint presque une nouvelle norme en l’espace de quelques années. On dénombre à ce jour plus de 1 400 athlètes ayant couru le mile run en moins de 4 minutes.

Revenons un instant au biais de confirmation. La réponse la plus simple et la plus confortable lorsque l’on se pose la question de savoir pourquoi certaines personnes sont capables de réussites extraordinaires et d’autres non est tout simplement de considérer qu’elles sont spéciales, différentes, qu’elles ont des talents dont nous ne disposons et ne disposerons jamais.

Puis, sur la base de ce constat, notre cerveau, qui aime par dessus tout avoir raison, ne retient que les informations qui abondent en ce sens, celles qui sont congruentes par rapport à l’histoire que nous avons choisis de nous raconter. Il ignore, évite soigneusement et met au placard tout ce qui pourrait suggérer qu’une autre manière de voir les choses, peut-être même plus juste, est possible.

Parce que cela peut parfois revenir à admettre que l’on est responsable.

Admettre qu’il nous appartient de prendre les choses en main.

Admettre qu’une autre réalité est possible.

C’est par exemple ce qu’à fait Bannister, en courant le mile run en moins de 4 minutes ; il a prouvé qu’il était possible de faire autrement. De faire mieux. Embarquant derrière lui plusieurs générations d’athètes.

Cela implique aussi souvent d’admettre que la peur d’échouer et de se démarquer (ridiculiser?) nous empêche d’agir.

Et c’est tout à fait normal. La peur est un mécanisme de survie ancré dans le cerveau reptilien dont la fonction primordiale, bien que parfois inadaptée, à pour but de nous éviter de mourir.

Seulement voilà, la peur de l’échec est bien souvent irrationnelle. Dans bien des cas, notre survie n’est pas en jeu. Le risque de se faire excommunier du groupe est minime, nous n’allons pas nous retrouver seul dans le froid à devoir faire face aux loups affamés de sitôt.

Ce mécanisme inné, nécessaire à bien des égards, peut parfois s’avérer un tantinet archaïque.

Puis, une fois passée la barrière du cerveau reptilien, interviennent les conventions sociales, ce frein qui tient exclusivement de l’acquis, que nous avons bien souvent hérité de nos familles ou que l’on nous a inculqué à l’école et en société.

“Tu n’as rien d’exceptionnel. Tu n’es pas différent. Le seul moyen pour toi de t’en sortir est de veiller à rester dans le rang et à répondre aux attentes de ….(insérez ici la réponse de votre choix : famille / boss / conjoint).”

Alors qu’en fait le secret de la réussite tient à 4 étapes très simples, du moins en apparence :

  1. Prendre l’initiative
  2. Échouer
  3. En tirer les leçons adéquates
  4. Recommencer

C’est tout ce qu’il y a à savoir. Littéralement. Toutes les success stories que vous pourrez lire tiennent en 4 phrases.

Cependant simple ne veut pas dire facile. Et la complexité intervient lorsque l’on essaie de déterminer comment naviguer au mieux au sein de ces quatre étapes. Il y a des nuances à comprendre et des combats à mener, notamment contre soi-même, durant chacune des étapes du processus.

Mais si vous avez besoin d’un plan, d’une carte vers le succès, la voici.

Je vous invite maintenant à saisir la balle au bond et shooter 9 000 fois.

Qui sait ce qui pourrait se passer.

En ce qui me concerne, j’ai 9 000 billets de blog à écrire.

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Thomas Tissot
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J’écris chaque semaine sur la stratégie, la performance, la psychologie et les organisations. Retrouvez mes écrits sur : www.thomas-tissot.com