Votre cerveau vous empêche d’être productif.

Jérémy Coron
Essentiel
Published in
7 min readNov 15, 2020

Avant, j’étais bordélique.

Je me rappelle parfaitement bien du sol de ma chambre jonchée de Legos qui m’a valu plus d’une engueulade avec mes parents.

Tout comme je me rappelle de mes piles de livres posées n’importe où.

Sans parler de mes tas de vêtements…

J’ai gardé cet amour pour le désordre durant mes études où je perdais régulièrement mes copies, mes cahiers ou la liste de mes devoirs.

Mon entrée dans le monde professionnel n’a pas fait exception à ma désorganisation.

Mon bureau était noyé sous les dossiers de recrutements, mes stylos étaient éparpillés dans tous les sens et mon écran d’ordinateur était juste illisible tant il contenait de dossiers, d’images, de PDF et de raccourcis en tous genres…

El famoso “bordel organisé”

Mon entrée dans le monde professionnel a également été guidée par ma recherche de productivité et d’efficacité et, partout, je retombais sur le même sempiternel conseil du bureau organisé pour être productif.

Ce conseil, je ne l’ai jamais compris et je ne l’ai jamais suivi.

Mon bureau était un champ de bataille, mais moi je m’y retrouvais parfaitement bien dans mon « bordel organisé » alors, où était le problème ?

C’est seulement en commençant à m’intéresser aux neurosciences et aux comportements hérités de notre évolution que j’ai compris toute l’importance d’avoir un bureau organisé au travers d’une notion clé.

Une révélation !

Notion clé dont personne ne parle et dont la connaissance fait cruellement défaut à celles et ceux qui ne jurent que par leur « bordel organisé ».

Depuis que j’ai cette notion à l’esprit, mon bureau est clean, limpide et je dirais même minimaliste.

De quelle notion s’agit-il ?

Je vous laisse la découvrir en lisant cet article où nous allons parler de neurosciences, de survie et du réflexe du « zoom-dézoom » !

Allez, c’est parti !

Notre cerveau nous veut du bien

Le cerveau humain, et animal, est animé par deux seuls et uniques objectifs : assurer la survie de son hôte et assurer la reproduction de ses hôtes.

Dans cette optique, notre cerveau s’est muni de centaines d’outils, de réflexes et de protocoles tout au long de ses millions d’années existence et d’évolution.

Il a testé des éléments, des fonctions, des stratégies.

Il en a gardé certains et en a supprimé d’autres.

Tous ceux qu’il a conservés ont fait leurs preuves. Ils ont été décisifs dans nos capacités de survie et de reproduction au regard de l’environnement dans lequel notre cerveau (et notre espèce) a évolué.

Notre cerveau a évolué dans un environnement dangereux et hostile.

Environnement qui, aujourd’hui, a changé du tout au tout…

➡️ Plus de tigres à dents de sabres, aujourd’hui on a des chats.

➡️ Plus besoin de chasser pour se nourrir, aujourd’hui on a des supermarchés.

➡️ Plus besoin de lutter contre le froid, aujourd’hui on a du chauffage.

➡️ Plus besoin de dépecer nous-mêmes des animaux pour nous vêtir, aujourd’hui on a des boutiques.

Ce changement du tout au tout a été soudain, voire immédiat à l’échelle de l’humanité. Notre cerveau n’a pas eu le temps de s’y adapter. Il a conservé toutes les caractéristiques qui ont assuré sa survie et sa reproduction durant ses millions d’années d’existence.

Découle de ce décalage-là nos biais cognitifs, la peur que nous éprouvons à parler en public (peur du rejet), certaines phobies et nos premières impressions.

Découle également de cet héritage ce que j’appelle le « réflexe du zoom-dézoom » qui est certainement l’héritage qui nuit le plus à notre capacité à être productif et efficace au quotidien… Notamment quand notre bureau est tout sauf organisé et épuré.

Le réflexe du zoom-dézoom

Rien de mieux qu’une petite histoire fictive pour explique et illustrer ce qu’est le réflexe du « zoom-dézoom ».

Le protagoniste de cette histoire s’appelle Gmurf, c’est notre lointain, lointain, lointain, lointain, lointain, lointain ancêtre qui vivait à l’époque préhistorique.

Je s’appelle Gmurf

Gmurf a été missionné par sa tribu pour aller chercher des bais et des fruits.

Gmurf, téméraire, hardi et plein de bonne volonté, accepte la mission.

Il s’en va seul dans la forêt pour faire sa cueillette et, d’un coup d’un seul, un tigre à dents de sabre lui bondit dessus et, en moins de temps qu’il faut pour dire « aie », Gmurf finit en steak tatare.

Quelques années plus tard, Plurf, petit-fils de Gmurf (donc notre lointain, lointain, lointain, lointain ancêtre) vient, à son tour, d’être mandaté pour faire de la cueillette de baies et de fruits.

Le cerveau de Plurf, à la différence de celui de Gmurf, a évolué.

Lui a compris que se concentrer sur une activité dans un milieu hostile était risqué, dangereux et potentiellement synonyme de mort assurée.

Son cerveau a alors développé les prémices d’un nouveau réflexe, le fameux réflexe du zoom-dézoom.

Nouvelle compétence développée !

Ainsi, le cerveau de Plurf, alors qu’il s’affaire à cueillir des baies et des fruits alterne, toutes les 3 à 4 secondes, entre une attention totale et exclusive à l’activité de cueillir (le zoom) et une analyse de l’environnement qui l’entoure (le dézoom).

Ainsi, si un prédateur survient, le cerveau de Plurf sera à même d’avertir son hôte du danger, ce qui augmentera considérablement ses chances de survie par un réflexe de fuite ou de combat.

Là où son papi n’a rien vu venir.

Voilà ce qu’est ce réflexe.

Réflexe qui s’est perfectionné au fur et à mesure de notre évolution et donc nous avons hérité.

Réflexe zoom-dézoom, productivité et bureau rangé.

Alors, en quoi ce réflexe nous limite actuellement, en quoi il porte préjudice à notre productivité et à notre efficacité ?

Aujourd’hui, nous n’avons plus de tigres à dents de sabre en liberté (et même en vie), nous ne vivons plus dans un environnement hostile, nous ne risquons plus notre vie à chaque coin de rue, pourtant ce réflexe continue d’agir et de sévir.

Si notre vie n’est plus engagée à chaque instant, où ce réflexe intervient-il ?

Il intervient tout simplement sur tout ce qui nous entoure, sur tout ce qui pourrait constituer non pas un danger immédiat pour nous, mais ce qui pourrait constituer un problème futur.

Et c’est en ça qu’un bureau mal organisé et bordélique est préjudiciable en matière de productivité et d’efficacité professionnelle.

Un tel bureau place notre cerveau au centre d’une multitude de stimuli qui viennent capter son attention, qui viennent lui rappeler à l’esprit ce qu’il doit faire, ce qu’il n’a pas fait, ce qui est sa priorité, ce dont il retarde l’échéance et j’en passe.

Tous ces dossiers empilés, tous ces courriers non lus, tous ces cartons à ranger, toutes ces lettres recommandées à envoyer qui jonchent la surface de nos bureaux sont tout autant de stimuli qui viennent détourner notre cerveau de son travail, qui viennent lui rappeler les conséquences futures de son inaction.

Le cerveau dézoome alors constamment pour « surveiller » ces stimuli.

Certes, c’est rapide, certes, c’est bref.

Tellement rapide et tellement bref qu’on ne s’en rend parfois même pas compte.

Pourtant, même inconsciemment ça ruine notre productivité.

Cumulées à l’échelle d’une journée, ces poignées de secondes deviennent des minutes, des heures à l’échelle de la semaine, des journées à l’échelle de l’année…

Le temps qui passe

Également, ce qu’il est important d’avoir à l’esprit, c’est le fait que l’interruption ne se limite pas à cet instant infime de déconcentration, mais ses effets se poursuivent encore après.

Ils se prolongent durant le laps de temps nécessaire à notre cerveau pour se remettre dans le bain, pour se reconcentrer, pour reprendre le fil et le cours de sa pensée…

Tout ça pour dire que non !

Non, le bordel organisé n’est pas une solution viable au regard de notre héritage évolutif.

Comprendre cela a changé ma vision du rangement et de l’organisation.

Comprendre ce « pourquoi » a autant été une révélation qu’un déclencheur pour moi.

J’espère qu’il en sera de même pour vous et que vous allez accorder une importance clé au fait d’avoir un bureau rangé, clean et ordonné à partir de maintenant…

Vous voulez aller plus loin ?

Si vous voulez aller plus loin dans la découverte des mécanismes de notre cerveau et des stratégies pour optimiser le potentiel de ce dernier, je vous invite à découvrir mon podcast hebdomadaire et à rejoindre ma lettre privée.

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Jérémy Coron
Essentiel

Passionné de neuroergonomie et de surperformance professionnelle, je vous partage le résultat de mes recherches au travers de mon podcast hebdomadaire.