Abidjan 2017 : Vers un nouvel élan eurafricain pour la jeunesse ?

Par Axel Darut, membre de l’Europe en Marche

Europe en Marche
Europe En Marche
6 min readNov 29, 2017

--

Crédits image : ©Fotolia

Alors que l’actualité internationale souligne les défis communs que connaissent l’Union Européenne (UE) et l’Afrique en matière de flux migratoires, de traite des êtres humains, de protection de l’environnement ou encore en matière de sécurité, les représentants d’Afrique et de l’UE ont décidé de se rencontrer le 29 et 30 novembre 2017 à l’occasion du Sommet UE-Afrique, afin de renforcer leurs liens politiques et économiques en vue d’un investissement durable dans la jeunesse.

Un paysage en mutation en Afrique

L’Afrique est présente dans toute sa diversité sur la scène internationale, s’affirmant progressivement de manière confiante, dynamique et plus optimiste que jamais.

La dynamique démographique actuelle du continent est telle qu’en 2050, la population africaine comptera 2,4 milliards de personnes, majoritairement des jeunes, tandis que celle de l’Union européenne, qui sera vieillissante, aura chuté à 500 millions de personnes. Pour faire face à cette croissance exponentielle de la population africaine, la gouvernance politique et l’accompagnement économique des pays d’Afrique seront des facteurs déterminants pour l’avenir du continent et des autres régions du monde.

Les projections démographiques en Afrique laissent peu de doutes sur la nécessité absolue de créer des millions de nouveaux emplois. Selon les estimations réalisées par le Fonds Monétaire International (FMI), l’Afrique subsaharienne doit créer d’ici à 2035, 18 millions de nouveaux emplois chaque année, le nombre d’emplois formels créés étant aujourd’hui seulement de 3 millions par an. En outre, compte tenu de la taille réduite du secteur formel et de l’absence de système de protection sociale dans la plupart des pays du continent, une majorité de jeunes continuera à se tourner vers l’économie informelle et l’agriculture de subsistance pour subvenir à leurs besoins.

Cette croissance démographique offre cependant de potentielles opportunités économiques. La consommation privée, alimentée par l’essor de la classe moyenne, étant estimée à 2 000 milliards d’euros par an en 2025, les entreprises situées en Afrique devront dès lors être en mesure d’offrir un marché encore plus vaste, avec des niveaux de dépenses atteignant 3 300 milliards d’euros par an, d’ici à 2025.

Dans un tel contexte africain en mutation, il est clairement dans l’intérêt stratégique de l’Union européenne d’approfondir et d’adapter le partenariat qu’elle a établi de longue date avec les acteurs du continent.

Une coopération eurafricaine renforcée

Considérant la valeur historique des liens qui unissent l’Union européenne et les pays africains, et le fait que leurs destins soient aujourd’hui étroitement liés, les deux continents ont renforcé au cours des dix dernières années, leur partenariat, fondé sur des valeurs et des intérêts communs, dans le cadre de la stratégie commune Afrique-UE (JAES).

Aujourd’hui, l’Union européenne dans son ensemble, est le principal investisseur étranger en Afrique, son principal partenaire commercial, un garant essentiel de la sécurité , sa principale source de transfert de fonds et son premier partenaire dans le domaine du développement et de l’aide humanitaire. Un réseau sans cesse plus étroit de contact humains et d’échanges renforcent les liens entre les populations de ces deux continents.

Dans la perspective d’une stratégie commune, le nouveau partenariat UE-Afrique d’Abidjan prévoit la poursuite de trois principaux objectifs :

  • Le développement d’un engagement mutuel et d’une coopération plus accrue sur la scène internationale, sur la base d’un socle de valeurs et d’intérêts communs, y compris dans le cadre des relations bilatérales
  • Le renforcement de la sécurité terrestre et maritime des territoires continentaux, et la lutte contre les menaces internes et transnationales, grâce à un investissement dans la sécurité sur les deux continents, tel qu’illustré par le récent investissement de 50 millions d’euros réalisé par l’Union européenne, afin d’assurer le développement de la force G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad)
  • Un développement économique durable et inclusif en Afrique, avec pour objectif, la création d’emplois dont le continent a besoin, se traduisant en contrepartie par des possibilités d’investissement économiques pour l’UE

Ces problématiques s’inscrivent dans un contexte de pauvreté important en Afrique, qui compte parmi ses Etats, 33 des 47 pays les moins avancés (PMA), et près de 218 millions de personnes vivant dans un état de pauvreté extrême. Le renforcement de la coopération eurafricaine pourrait à cet égard, permettre de répondre aux objectifs de développement durable à l’horizon 2030, en particulier en ce qui concerne l’éradication de la pauvreté.

Crédits image : ©Europe1

Le facteur clé : la jeunesse

Afin que la résilience sociale, économique et environnementale puisse être réellement envisageable, l’enjeu des discussions du sommet UE-Afrique devra se porter sur l’engagement à promouvoir des politiques publiques et des investissements appropriés dans le domaine de la santé, de l’éducation et des droits en matière de sexualité et de procréation. La mise en œuvre de tels engagements devrait permettre de veiller à ce que les jeunes soient en mesure de prendre des décisions éclairées, notamment en ce qui concerne l’égalité des sexes et les droits des enfants.

Parce que la jeunesse africaine est une chance, mais également une grande responsabilité, le sommet UE — Afrique se tournera vers l’investissement dans le capital humain, afin d’avoir une jeunesse connectée aux réalités mondiales et dotée de compétences qui répondent aux besoins actuels et futurs du marché du travail, en renforçant les systèmes éducatifs et de formation professionnelle, tant formels qu’informels, le travail indépendant et l’entreprenariat.

Les discussions devraient également s’orienter sur les initiatives des administrations africaines en matière d’éducation, qui devront investir au moins 20% de leur budget national, pour répondre aux objectifs de développement durable fixés par l’Organisation des Nations Unies, avec en parallèle, une augmentation de la contribution de l’Union européenne au Partenariat mondial pour l’éducation et au fonds de la Banque Mondiale « L’éducation ne peut pas attendre ».

L’objectif éducatif de ce partenariat pourra ainsi être poursuivi par des mesures telles que celles proposées par le président de la République, dans son discours de Ouagadougou du 28 novembre 2017. Ainsi, tel qu’a pu le préciser Emmanuel Macron à l’occasion de sa visite présidentielle, la priorité de ce partenariat UE-Afrique doit être d’une part, axée sur l’éducation des jeunes filles, « vecteurs de développement de la société », à travers le rôle positif des femmes et leur participation au sein des sphères économiques et politiques ainsi que dans le cadre de la prévention des conflits et de la construction d’une paix durable. Le président de la République a en outre, préconisé une augmentation des échanges dans le domaine de l’enseignement supérieur entre les deux continents. Cette évolution permettrait selon lui, de reconnaître le potentiel de chacun, tout en favorisant un partage des connaissances à travers l’accès pour les jeunes africains et européens, aux formations d’excellences dispensés sur chacun des deux continents. Le Chef de l’Etat a également recommandé pour la France, la création de visas de longue durée pour les africains diplômés sur le territoire français, ainsi qu’une augmentation du nombre de français sous contrat de volontariat en entreprise sur le continent africain grâce à l’accompagnement de Business France. Ce nouveau système permettrait un rapprochement des acteurs économiques, favorables à l’insertion des jeunes sur le marché du travail eurafricain.

Enfin, parce que la jeunesse doit également prendre part au processus décisionnel, la déclaration d’Abidjan du sommet de la jeunesse Afrique-Europe d’octobre 2017 recommande un alignement de l’âge de candidature sur l’âge électoral, logique à laquelle les personnes, ayant le droit de vote puisse également être éligibles pour se présenter à des élections.

--

--

Europe en Marche
Europe En Marche

Pour une meilleure information sur l’Union Européenne !