Le pari de l’écologie : ces start-ups qui nous poussent à agir.

Camille Kriebitzsch
Eutopia VC
Published in
6 min readSep 28, 2020

Vous souvenez-vous du pari de Pascal ? Au XVIIe siècle, le philosophe et mathématicien a développé cet argument pour convaincre les plus sceptiques de l’intérêt de croire en Dieu. En effet, si Dieu n’existe pas, le croyant et le non croyant ne perdent rien ou presque si ce n’est d’avoir essayé de vivre une vie plus vertueuse, tandis que si Dieu existe, le croyant gagne le paradis tandis que le non-croyant est condamné à l’enfer.

Transposons ce pari aux sceptiques de l’écologie : pourquoi ne pas croire à la catastrophe écologique qui nous attend et se dire que l’on peut agir pour inverser la tendance ? Si ce n’est qu’un mythe, les croyants et les non- croyants ne perdent pas grand chose à agir : ils vont contribuer à créer de nouveaux modèles économiques et de nouveaux modes de consommation. Mais si c’est une réalité, alors ou bien les croyants auront réussi à préserver la planète pour les générations futures, ou bien les non-croyants l’auront entièrement détruite.

Chez Eutopia, nous avons la conviction qu’il faut agir fort et vite et c’est pourquoi nous accompagnons les entrepreneurs qui avec humilité, sachant qu’aucune solution n’est parfaite, et ambition, sachant qu’il faut voir grand pour faire bouger les lignes, développent des projets en faveur d’une consommation plus responsable. Si ce n’est pas encore votre cas, nous vous proposons de faire le pari pascalien en vous inspirant de ces dix modèles.

1. Faire soi-même plutôt que d’acheter

C’est une tendance dont on parle depuis longtemps et qui a pris un véritable envol avec le confinement. Pourquoi est-ce plus vertueux ? Car on ne produit que ce dont on a besoin, on comprend la valeur des choses et le temps nécessaire à la production, on sélectionne les matières premières en favorisant des ingrédients naturels et /ou locaux, on limite le packaging et le sur-emballage, on développe sa créativité et sa micro-motricité … Pour commencer (ou continuer), la marketplace I-Make propose toutes les fournitures et inspirations nécessaires pour fabriquer vos propres cosmétiques, vêtements et détergents notamment.

2. Miser sur des matériaux durables

Dans la logique de “consommer moins mais mieux”, un nouveau luxe émerge qui fait la part belle aux designs intemporels et aux matières nobles qui sont là pour durer. Trois secteurs, trois exemples : en joaillerie, Ana Luisa fait le choix d’utiliser de l’or et de l’argent recyclé dans ses bijoux ; dans l’ameublement, Tiptoe n’utilise que des matériaux facilement recyclables ou déjà recyclés (plastiques, étagères, chaises) et et toujours très résistants ; en mode, Organic Basics sélectionne chacun de ses tissus en fonction de son empreinte environnementale et de sa longévité : des fibres naturelles, recyclées (comme le nylon ), biodégradables et qui augmentent la durabilité des produits

3. Produire juste ce qu’il faut pour ne plus jeter

4 tonnes de soin cosmétiques sont jetés tous les ans alors que les produits ne sont pas terminés. Sans parler de tous les produits qui attendent sur des étagères d’être peut-être un jour achetés. En proposant des produits de soin sur-mesure, fabriqués à la demande, Laboté permet non seulement d’éviter un sur-stock en amont de la chaîne de valeur, d’éliminer les conservateurs de ses formules, mais aussi de garantir à ses clients de trouver le produit qui leur correspond et de ne plus accumuler les pots jamais terminés dans leurs salles de bain. Dans une même logique, certaines marques de mode ne produisent plus qu’à la commande (Asphalte pour le vestiaire masculin, Mister K pour le vestiaire féminin) ce qui, en plus d’optimiser leur BFR, leur garantit de vendre les collections produites et leur évite ainsi de devoir se débarrasser de marchandise en fin de saison, à l’instar d’H&M, accusé de brûler 12 tonnes de vêtements invendus par an …

4. Refuser les emballages inutiles

C’est le phénomène qui a enflammé les campagnes de crowdfunding cet été : avec plus de 67 000 produits, 900.care veut s’imposer comme la marque qui permet de supprimer le plastique jetable de sa salle de bain avec des produits simples, design et rechargeables. Il faut dire que l’enjeu est colossal puisque ce sont près de 75 000 tonnes d’emballages de produits cosmétiques qui sont jetés chaque année en France. Spring, qui a déjà enlevé tous les emballages superflus de ses tablettes de lessive et lave-vaisselle, va bientôt étendre sa gamme à des détergents rechargeables. Dans l’alimentaire, c’est le modèle du vrac qui prend de plus en plus d’ampleur, le marché devrait ainsi tripler d’ici 2 ans, porté par des enseignes comme Day By Day.

5. Louer, partager plutôt que posséder

Le modèle n’est pas nouveau mais tend réellement à s’amplifier et gagne progressivement de nouveaux terrains : à défaut d’avoir un produit à usage individuel (ou des actifs dormants), plusieurs utilisateurs se partagent le même bien. Sans parler d’Airbnb ou Getaround, on peut désormais partager son dressing avec Le Closet, découvrir chaque mois de nouveaux jouets avec Whirli, louer son téléphone avec Mobile Club ou encore assister à des cours de yoga aux heures vides des écoles grâce à Oly Be.

6. Réparer plutôt que jeter

28 millions d’appareils tombent en panne chaque année en France et parmi eux, seulement 5 millions sont réparés. Face à ce constat, la startup Murfy s’est donné la mission ambitieuse de prolonger la durée de vie des appareils électroménagers en lançant un service de réparation à domicile. Sur le secteur de la mode, Tilli propose un service de couturier qui permet de donner une deuxième vie à vos vêtements. Dans l’univers des jouets, Joyeuse dispose d’un atelier de réparation, propose des tutoriels d’auto-réparation et permet de changer les faces de ses conteuses sans changer la Conteuse elle même pour profiter de son jouet le plus longtemps possible.

7. Oser acheter des invendus

Le gaspillage et les pertes alimentaires sont évalués à 10m de tonnes de produits jetés par an en France soit près de 155 kg par habitant. Précurseurs sur ce sujet, Phénix et Too Good to Go ont développé de nombreux partenariats avec des distributeurs pour gérer leurs invendus et limiter la casse. Pour engager davantage le consommateur final dans cette approche, Nous anti-gaspi a ouvert un réseau d’épiceries dont l’ensemble du catalogue provient de stocks considérés traditionnellement comme impropres à la vente (produits mal calibrés, packagings saisonniers ou encore dates de consommation trop courtes).

8. Faire du neuf avec du vieux

“Ce n’est pas neuf, c’est nouveau” : c’est ce que martèle BackMarket, le leader de l’électronique reconditionné, dans tous les couloirs du métro parisien. La tendance de la seconde-main qui avait déjà conquis la mode (Vestiaire Collective, Vinted) s’étend aujourd’hui à tous les secteurs de la consommation, y compris la cosmétique (Glambot). Face aux pure-players du secteur, certains acteurs traditionnels tentent aussi d’intégrer cette pratique en mettant en place sur leurs sites des outlets ou forums de vente entre les clients via des outils comme Place2swap.

9. Favoriser le local

Depuis son lancement, Le Slip Français se donne pour mission de revaloriser les filières françaises et le Made in France, un message qui a pris de plus en plus de portée avec la crise du COVID (77% des Français déclarent acheter des produits locaux aussi souvent que possible). La démarche semble même se resserrer en mettant encore plus en avant les savoir-faire et richesses de nos régions. Ainsi, dans l’alimentaire, les initiatives comme La Ruche Qui Dit Oui, ou son pendant digital Potager City, rencontrent de plus en plus d’adeptes. Le tourisme se met aussi au local avec des acteurs comme Explora Project qui favorisent les guides et les écosystèmes locaux ayant un impact positif.

10. Se reconnecter avec la nature

Le confinement et la crise que nous traversons semblent avoir réveillé notre intérêt pour la nature. On s’émerveille de revoir des plantes pousser dans les villes, d’entendre à nouveau les oiseaux, on quitte les villes dès que possible (près de 20% des habitants du Grand Paris ont quitté leur région entre le 13 et le 20 mars). Pour les urbains en mal de campagne, des startups comme Peas & Love proposent de remettre les mains dans la terre en cultivant son potager sur les toits des ville.

Si vous avez la même conviction que nous, que vous observez d’autres modèles intéressants ou que vous développez des projets qui ont du sens, écrivez-nous à hello@eutopia.vc.

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