Pourquoi Evolem a investi dans Monisnap

Ulys Laroche
Evolem Start
Published in
6 min readJul 15, 2021

Monisnap vient d’annoncer la semaine dernière sa Série A de 10m€ auprès de Serena, Truffle, Notus Technologies, et nous-mêmes.

À cette occasion, on voulait partager notre thèse et notre enthousiasme vis-à-vis de la formidable trajectoire de Monisnap, et expliquer pourquoi nous croyons qu’elle a le potentiel de devenir le leader de l’envoi d’argent à l’étranger par les diasporas.

C’est l’histoire de la rencontre entre un marché cassé et poussiéreux, dans lequel les consommateurs ne trouvent pas leur compte et subissent une expérience chère et pleine de frictions, et d’une équipe à la force d’exécution et à la discipline hors du commun.

Le marché du soutien financier à l’étranger: une belle endormie 💤

La rémittence est le principal moyen financier à disposition des diasporas pour soutenir leurs familles et amis restés dans leur pays d’origine.

Ces flux d’argent sont vitaux pour l’économie des pays émergents: les rémittences représentent 650 milliards de dollars, soit près d’un dollar sur quatre en circulation dans l’économie africaine — 2 600 milliards de dollars en 2019. Dans certains pays comme Haïti, ces flux représentent jusqu’à 38% du PIB.

Nous pensons que ce marché est une belle endormie pour trois raisons principales:

1/ Un flux d’argent énorme, dont la croissance est portée par la digitalisation des échanges

  • Le marché de la rémittence enfle tous les ans de près de 5%, et l’essentiel de cette croissance est portée par les flux digitalisés, en amont (suppression du dépôt cash), en aval (suppression du retrait) ou les deux (rémittence 100% digitalisée)
  • Tous les ans, 100mds€ partent de l’Europe vers l’Afrique, l’Asie et l’Océanie. Rien qu’en France, c’est 10mds€ et environ 750m€ de frais perçus par les acteurs historiques

2/ Des tuyaux rouillés et une économie hors ligne

  • A l’heure qu’il est, 90% des flux ne sont pas encore digitalisés et passent par les circuits classiques de la rémittence physique, qui accusent une dette technique et une lourdeur bureaucratique phénoménales
  • L’expérience n’est pas au rendez-vous: le score de satisfaction de Western Union est, selon les sources, à peine au dessus de la ligne de flottaison ou carrément en territoire négatif
  • Chez les acteurs dominants (Western Union, Moneygram), l’envie d’innover fait face à un réseau physique et une infrastructure IT très lourds à manœuvrer. Parce que l’inertie des organisations ne permet pas d’innover, ces acteurs recherchent l’économie d’échelle par la consolidation, comme le montre la tentative de rapprochement de ces deux acteurs en Juin dernier
  • Chez les “pure player” de la rémittence (WorldRemit, Remitly), la stratégie de faire concurrence frontale aux vieux acteurs est incroyablement gourmande en capital humain et financier. Et pourtant, l’effet d’échelle n’est clairement pas au rendez-vous: WorldRemit fait à peine un dixième des effectifs de Western Union, pour cinquante fois moins de chiffre d’affaires !

3/ Le monde émergent passe du néant au mobile, vite

  • Dans les pays émergents, la majorité des populations sont passées de leurs mains vides à un mobile ou un smartphone, sans passer par la case PC
  • Aujourd’hui, le taux de pénétration du mobile flirte avec les 90%, et les smartphones sont dans la roue de cette adoption fulgurante: leur taux de pénétration va doubler dans les 5 ans pour atteindre 70%
  • Deux usages-clés vont avec ce saut quantique:
  • 1) Les wallet liés à des cartes SIM rechargeables, qui supportent depuis la fin des années 2000 des pans entier de l’infrastructure bancaire et des paiements du quotidien dans les pays émergents
  • 2) La monnaie électronique et les wallet digitalisés, La tendance a explosé au point de devenir une alternative aux comptes bancaires classiques

La “secret sauce” Monisnap 🍯

Aujourd’hui, Monisnap opère deux produits qui s’appuient sur son exceptionnelle plateforme tech:

  • Un produit B2C, qui permet d’envoyer de l’argent soit sur carte SIM (Allo By Monisnap), soit dans un e-wallet (mobile money). Le cas échéant, la rémittence “cash” classique est toujours possible via un partenariat avec Ria
  • Un produit B2B, qui permet à n’importe quel partenaire de proposer la rémittence comme un service en marque blanche ou grise à ses clients, ce qui intéresse tout particulièrement les banques et néobanques

Tout le flair entrepreneurial de l’équipe est d’avoir su rebâtir un service essentiel en ne construisant pas la chaîne de valeur de zéro comme ses prédécesseurs pure-player.

Au contraire, Monisnap a su maîtriser techniquement et économiquement des morceaux choisis de cette dernière, et a construit son produit en suivant les trois principes suivants ;

1/ Choisir ses combats pour ne pas brûler trop de cash

  • L’équipe a volontairement choisi les parties de la chaîne de valeur de la rémittence les moins lourdes en termes de réglementation, donc les moins consommatrices en cash.
  • L’essentiel des efforts se sont concentrés sur ce qui était tout aussi cassé qu’essentiel : acquisition et parcours utilisateur, infrastructure de paiement, KYC

2/ Construire une plateforme tech exceptionnelle et taillée pour l’échelle dès le premier jour

  • Le CRM et l’acquisition ont été entièrement automatisées et sont constamment optimisées par apprentissage machine
  • L’infrastructure serverless permet nativement une scalabilité instantanée et virtuellement illimitée grâce, notamment grâce aux fonctions Amazon Lambda
  • La stack est entièrement maîtrisée en interne et permet de compter ses déploiements en jours voire en heures plutôt qu’en mois

3/ Nouer des partenariats gagnant-gagnant avec son écosystème pour faire exploser sa croissance

  • Pour capitaliser encore davantage sur la supériorité technique de son produit, Monisnap a introduit la “Rémittence-As-A-Service” en marque blanche ou marque grise avec le partage de marge comme modèle économique
  • D’un côté, Monisnap se décharge complètement des coûts d’acquisition et réglementaires, son revenu devient de la pure marge
  • De l’autre, le partenaire (banque, néobanque, plateformes et e-commerçants) s’offre (i) un relai de croissance (ii) une expérience client irréprochable (iii) un levier de rétention pour faire revenir les utilisateurs sur les applications mobiles

En suivant ces trois principes, Monisnap a prouvé qu’il était possible de générer de la croissance profitable dans cette industrie, sans mettre dix ans à rentabiliser une cohorte d’utilisateurs comme le font les concurrents pure-player tels que WorldRemit.

Une équipe à la capacité d’exécution hors du commun

Optimiser à l’extrême 🤖

Avec une équipe de moins de dix personnes, Monisnap a décuplé sa base utilisateur en 2020. Cette croissance ne fait que renforcer le cercle vertueux de rigueur et d’exécution, noyau dur de la culture de Raphaël, Jonathan et Jean-Baptiste.

Obsédés par l’optimisation produit et conscients de la valeur composée de ces observations dans le temps, l’équipe a toujours au moins un A/B test en cours et ne prend de décision majeure que lorsque l’indice de confiance dépasse les 95%.

Il en va de même pour l’acquisition: l’équipe de Monisnap est experte dans l’optimisation automatique de l’acquisition payante, et a une approche scientifique de son SEO qui la démarque très aisément de ses concurrents. Cette culture est portée par un arbitrage humain tranché: 30% de son équipe tech est dédiée uniquement à ces deux sujets.

Cette discipline paie: plus Monisnap attire de trafic, plus les tests sont fiables, plus ils peuvent être complexes, plus ils génèrent des décisions produit éclairées, qui à leur tour attirent plus de trafic et de rétention 🔁

Start with the “Why”

Au-delà de la qualité de l’équipe et de sa culture, la mission de Monisnap est résolument positive: elle permet de soutenir financièrement sa famille et ses proches à l’étranger, facilement et à moindre coût.

Monisnap rattrape à toute vitesse des acteurs dominants assis sur une économie de rente, là où le vrai besoin est à la facilitation de l’usage et à la bancarisation rapide de populations délaissées par les institutions financières traditionnelles.

Chez Evolem, nous sommes extrêmement sensibles à ce que nos entrepreneurs soient une force positive pour la cité et le développement économique. C’est pourquoi s’associer à cette vision et cette équipe était depuis le début une évidence !

A Raphael, Jonathan, Jean-Baptiste et toute l’équipe: hâte de voir ce que vous nous réservez pour la suite !

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