Travail à plein temps… conscience à plein temps ? Au playgrnd*, on essaye.

Clément Grenier
Transitions by design
6 min readJan 9, 2018
© Stefan Cosma

On peut aussi considérer qu’on a aujourd’hui un véritable problème au sein de cette économie de l’attention, et que la faute ne tient pas seulement à l’ensemble de technologies qui peuvent nous divertir ou nous disperser, mais tout autant à un environnement.

Ce fameux théorème de Pythagore

Tout le monde reconnait un enfant qui n’est pas concentré. Il regarde le bleu du ciel par la fenêtre de sa classe, il s’arrête au milieu de son exercice et se demande vraiment ce qu’il fait là et pourquoi son carré de l’hypoténuse doit valoir la somme des carrés des deux côtés de ce triangle, sachant qu’il a été incapable de s’endormir en se crispant sur ce déménagement et en priant pour que ses parents ne se séparent pas.Cet enfant subit un déficit d’attention qui lui empêche d’être là, lui interdit d’être impliqué, engagé, présent à ce qu’il faut au quotidien. Au mieux, il s’ennuie. Au pire, il décroche.

le problème n’est pas seulement local, mais touche à la racine de toute l’expérience du travail, et même de toute relation auprès d’un client : comment et être attentionné auprès de soi-même ? Pourquoi est-ce la condition d’un travail accomplissant, libérateur, efficace, productif ?

Cette fameuse slide

Maintenant, reprenons une histoire très similaire avec une adulte de la vie active qui doit à tout prix remplir ce spreadsheet pour demain, qui doit préparer cette présentation pour la semaine prochaine, auprès de ce client avec lequel il ne s’entend pas, et entre deux slides, son regard glisse. Il va se faire un café. Trois minutes plus tard, il n’est plus dans le bleu du ciel comme l’enfant, mais dans le bleu de Facebook, à scroller son écran jusqu’à trouver quelque chose qui puisse enfin résoudre cette équation du carré de la première slide égale à la somme du carré des deux autres slides. Au mieux, il s’ennuie. Au pire, il espérera que cela ne se remarquera pas.

Regagner en attention

Problème de l’attention sur l’ordinateur : Je change sans cesse de centre d’intérêt, je viens de procrastiner pendant plus de deux heures sur cette série d’articles concernant l’hygiène des chats.

Ces deux histoires, à priori, n’ont pas de rapport immédiat. Mais en vrai, il y a une question d’importance : non pas seulement résoudre cette fameuse équation (en moins de deux semaines, l’enfant saura très bien la réaliser) ni même faire cette présentation de la meilleure manière possible (au final, tout prendrait plus de sens si l’adulte avait les responsabilités de cette relation-client), le problème n’est pas seulement local, mais touche à la racine de toute l’expérience du travail, et même de toute relation auprès d’un client : comment et être attentionné auprès de soi-même ? Pourquoi est-ce la condition d’un travail accomplissant, libérateur, efficace, productif ?

C’est en considérant cette simple question de la concentration qu’on est capable d’améliorer notre regard sur toutes sortes de tâches accomplies, sur la satisfaction d’un client, et plus attentionné, pour travailler mieux.

© Adam Krowitz

Partir des points de douleur de l’expérience-employé

Il semble essentiel de se demander comment toute entreprise est capable de mettre en place les meilleures solutions innovantes afin de répondre à des points de douleur de toute expérience client, relationnellement, humainement, opérationnellement compliquée. Cette expérience-client trouvera ainsi au moins une double amélioration : du côté du client, mais aussi du côté du responsable de clientèle, ou toute personne en charge d’une telle responsabilité, avant de l’améliorer à une échelle beaucoup plus systématique pour l’ensemble de l’entreprise.

  • Fatigue : je sors du travail à 22h, je passe 1h dans les transports, je reviens à 9h, je suis au bord du craquage. J’avoue qu’au 15ème mail, je fais cette faute d’orthographe et j’appelle Annie Clara (qui est la directrice région de ce fournisseur hyper important).
  • Trop de tâches, difficulté à répartir les tâches : J’ai commencé il y a dix minutes à répondre à telle personne, mais je dois être en réunion dans 30 mn, en même temps, je crois qu’il faut que je valide tel processus. OK ? C’est à rendre pour quand ? Et personne ne peut remplir ces factures à ma place ?
  • Désinvestissement/Ennui : Euh… les gars, il paraît que l’on doit travailler avec cette entreprise, ils nous méprisent, tout le monde sait que l’on ne fait pas partie de leurs priorités Business.
  • Problème de l’attention sur l’ordinateur : Je change sans cesse de centre d’intérêt, je viens de procrastiner pendant plus de deux heures sur cette série d’articles concernant l’hygiène des chats. Comment est-ce que je vais faire pour justifier du fait que je n’ai pas avancé sur la définition de mes objectifs ?
  • Le téléphone portable : On s’est tous retrouvé dans cette réunion au cours de laquelle, au moment le plus important, on voyait trois personnes en train de remarquer leurs mails. Enfin, on n’est pas au collège : alors quoi ? On interdit les portables ?
  • Une vie trop sédentaire et un manque d’oxygène : ces réalités, alors même qu’elles ne semblent pas faire partie de ce mécanisme d’amélioration de l’attention dont nous parlons, elles définissent pourtant tout autant ces petits aspects de l’expérience client et de l’expérience employé. Je veux dire : si on invite ce client dans nos bureaux, et que l’envoie dans la troisième salle du 4ème sous-sol, là où avaient lieu les tortures à l’âge de pierre, je me doute que…
  • Un environnement perturbateur : trop de bruit, d’interruptions… : Euh, à force de bruit, de conversations (je veux dire c’est cool), mais au final, est-ce qu’on est vraiment là dans ce qui se dit ? L’autre question concerne évidemment le silence pesant de ce collègue de travail qui, au bout du trentième café de sa journée, s’est enfin proposé de m‘en apporter un.

Prenons en compte le problème de l’attention

On peut très bien s’imaginer que tout cela n’est que périphérique, mais on peut aussi considérer qu’on a aujourd’hui un véritable problème au sein de cette économie de l’attention, et que la faute ne tient pas seulement à l’ensemble de technologies qui peuvent nous divertir ou nous disperser, mais tout autant à un environnement, à des éléments de collaboration et relationnels sans lesquels toute expérience de travail à plein temps devient une conscience à quart-temps au mieux, et au pire, un enfer moderne.

75% des emplois en France sont aujourd’hui des services. Avant que les robots ne viennent conquérir l’open-space, n’oublions pas que pour l’instant, ces services sont humains. Les solutions, elle aussi, doivent être humaines.

Next time*!

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© Markus Spiske

Et d’ailleurs, pourquoi on fait cela ?

Je publie plusieurs articles destinés à partager mes expériences sur la concentration et sur l’attention au travail, une manière de vous emmener sur mon terrain de jeu.

En un mot, pour moi la vie est un peu comme une falaise. Je développe des approches créatives et stratégiques au sein du playgrnd* conciliant mon désir d’invention, d’écriture et l’ouverture de voies non parcourues.

Shall we play together?

Clément.

Après l’hygiène des chats © Anthony de Koon

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