Fiche jeu III : Cache-cache
Type : jeu d’intérieur
Nombre de participants : un chat et quelques souris
Accessoires : quelques bonnes cachettes
Règle du jeu
L’endroit idéal pour organiser une partie de Cache-cache est un manoir du XVIè siècle. Mais comme tout le monde ne dispose pas de cet accessoire, la plupart du temps on joue dans un appartement. Et dans un appartement normal, il n’y a pas tant de bonnes cachettes que cela et de toute façon, tout le monde les connaît, à force. Voilà pourquoi, jouer à Cache-cache, pour les parents, consiste essentiellement à faire semblant de jouer à Cache-cache. Ce qui n’en rend pas moins complexe la règle du jeu.
Tout commence par le choix du chat
Il y a peu d’exception à la règle : au premier tour, c’est le parent qui s’y colle. Plus qu’un constat, c’est un conseil : le moyen le plus sûr de mettre tout le monde d’accord. Le chat va donc compter sa ou ses dizaines dans son coin pendant que les souris s’égayent à la recherche de leurs cachettes. A cette étape déjà, le jeu a perdu tout son intérêt cynégétique : les bruits qui proviennent des diverses pièces de l’appartement suffisent déjà à renseigner le chat sur les emplacements choisis par l’un ou l’autre des enfants. Quand ce ne sont pas les cris : assez peu imaginatifs en la circonstance ou trop peu sûrs de leur choix, les petits poissent les grands dans leurs caches. Rebuffades, prises de bec, de tête, pugilat et intervention du chat pour calmer les souris. La partie a commencé…
Après avoir compté jusqu’à 10 d’une voix forte et traînante avec crescendo dans les aigües vers la fin, le chat hurle un menaçant : “Attention, j’arrive !”. Il peut agrémenter le début de sa recherche de quelques ricanements méphistophéliques ou imitation des bandes son un peu inquiétante des mauvais films à suspens. Il se met ensuite à se parler tout haut, faisant état de sa délibération intérieure, ses doutes et ses espoirs, simulant une chasse d’une rare intensité. Ce qui donne quelque chose comme : “Oh ? oh ? cela sent la chair fraîche par ici ! Mais, mais mais ? J’ai cru entendre un bruit… Est-ce que quelqu’un s’est caché dans cette chambre ?” La réponse, positive, a bien sûr été obtenue dès le seuil franchi : proéminence inhabituelle de la couette, frémissement du rideau, chaise repoussée du bureau, petites fesses qui dépassent derrière le pouf… Les plus petits se contenteront parfois d’enfouir leur visage dans un coussin, estimant que nous ne pouvons pas les voir puisqu’eux ne nous voient pas (voir la variante Coucou, ah le.la voila !).
La stricte règle du jeu voudrait qu’à ce moment le chat se précipite, vorace et triomphant, sur ses petites victimes. Nous lui conseillons de n’en rien faire ! Frôlez-les, immobilisez-vous juste à côté de leur cachette (ils ne doivent voir que vos grosses chaussures trépigner à quelques centimètres de leur nez) : “Où sont-ils cachés, ces petits voyous ? Ah, je sais ! Là ! dans ce placard !” Dans ce placard, il n’y personne car personne ne peut tenir dans ce placard. Néanmoins, vous avancez jusqu’à sa porte (ah ! ah ! il y a quelqu’un qui va moins rigoler dans quelques secondes !”) que vous ouvrirez d’un coup.
Lorsque tous les jouets entassés dans l’armoire auront cessé de dégringoler sur vos pieds, vous manifesterez alors avec vos soupirs votre désappointement de n’y avoir trouvé personne.
Comme vous n’allez tout de même pas passer l’après-midi à faire le guignol — vos enfants finiraient par vous prendre pour le dernier des imbéciles — vous déciderez finalement de déclencher la phase finale de cette première partie : la découverte des cachettes.
Problème : sachant exactement depuis la première minute du jeu qui est caché où, qui allez-vous décidé de trouver en premier ? La question est importante car c’est le premier délogé qui devra faire le chat au tour suivant. La vraie règle voudrait que ce soit le premier aperçu. Mais il est probable que cela soit le plus petit, celui qui s’est caché derrière son doigt, qui ne sait pas compter jusqu’à dix et n’a aucune notion de finasseries dont il faut faire preuve pour assumer pleinement son rôle de chat. Choisissez donc le plus grand pour cette fois : lui-même n’aura pas vos scrupules et désignera impitoyablement le plus petit au tour suivant…
Fin de la manche
Première solution : après avoir passé pour un crétin bigleux pendant un quart d’heure, vous prenez votre revanche en vous approchant sans bruit de la cachette (la vraie, cette fois) et, au dernier moment, vous vous jetez sur votre proie en hurlant. Seconde solution : vous reprenez votre approche bavarde, mais en faisant bien comprendre cette fois, que vous avez deviné quelle était la bonne cachette. Vous vous rapprochez, plus près, encore plus près et, après quelques secondes de silence totale, vous vous précipitez en criant.
Lorsque viendra votre tour de vous cacher, vous vous demanderez où diable vous allez bien pouvoir fourrer cette grande carcasse qui vous sert de corps…
La disparition : une variante pour les tous petits
Cette variante connue sous le nom de La disparition réduit le jeu de cache-cache à sa trame dramatique la plus élémentaire. Il y a une seule cachette, reconnue comme telle — par exemple sous la couette des parents. C’est la cachette où l’enfant va se dissimuler avant d’annoncer : “je suis caché !” Le jeu consiste à s’étonner de la disparition de l’enfant : “Mais où est passé Carla ? Quelqu’un a-t-il vu Carla ? “ “Nooon !”, répondront vos complices. “Elle est peut-être partie dans le jardin/le pallier/la cour ? Ou alors en Corse ? (pour plus de crédibilité vous irez jeter un coup d’œil par la fenêtre, au cas où…). “Je ne comprends pas !”. Vous vous assiérez au bord du lit, comme découragé. “Ah, je sais, elle a dû croire qu’il y avait école aujourd’hui. Je pars la rattraper !”. Bruit de pas simulé sur le plancher. A ce stade, l’enfant signera sa présence par une petit cri ou rire. Même type de fin que pour la règle normale.
Lorsque l’enfant grandissant, viendra le temps d’appliquer la règle principale, cette variante trouvera son prolongement naturel avec le phénomène suivant : le petit se cache presque systématiquement dans la cachette où il vous a trouvé au premier tour. Normal : si vous l’avez choisi, c’est qu’elle est bonne. D’ailleurs, vu le temps que vous allez mettre à le trouver (voir supra), il ne pourra que se féliciter de son choix… et s’étonner que vous e fassiez pas de même au tour suivant.
Coucou, ah le.la voilà !
Ce jeu mérite une attention particulière : il est en effet presque toujours le premier auquel on joue avec bébé. De fait, sa règle est plutôt simple : on cache son visage en disant “coucou”, on le découvre en disant “ah le.la voilà !”, les traits écarquillés de bonheur, avec cet air hilare d’idiot du village que l’on affiche souvent lorsqu’on s’adresse aux bébés. Il existe des variantes comme, par exemple, de dire “coucou” au moment où l’on se découvre, ou encore de choisir pour se cacher un autre refuge que ses mains (mur, porte, bord de lit, corps de quelqu’un d’autre…) mais le principe demeure le même : apparition, disparition, apparition, disparition, ab libitum. Il doit probablement trouver son origine dans les pendules à coucou qui, avant la télévision, Internet et les smartphone, devaient se révéler pour les gosses un puissant divertissement. L’intérêt de ce jeu pour l’adulte est évident : tenter de se faire bien voir de l’enfant (et parfois de ses parents). Pour l’enfant, c’est plus compliqué : le principe repose à la fois sur la peur de la disparition et le soulagement de la réapparition (ou l’inverse lorsqu’il s’agit de la vieille tante velue de Carpentras). Avec le temps et l’habitude, lorsque l’enfant sera certain que l’on ne peut pas vraiment disparaître derrière ses mains (mais simplement y trouver une excellente cachette), il finira par le faire soi-même.