Premier séminaire du collectif : penser l’éducation en communs

Gentils Benjamin
Faire Ecole Ensemble
3 min readApr 20, 2020

Article de Thomas Germain

La situation inédite que traversent les milliers d’enseignant·e·s et d’élèves dans le contexte de confinement et de fermeture des écoles ont fait émerger de nombreuses controverses sur les réalités des (dis)continuités pédagogiques. Constitué spontanément dans la perspective de soutenir (au mieux) les enseignant.s face à cette situation souvent difficile, le collectif citoyen Continuité Pédagogique agrège une vaste diversité d’acteurs et de points de vues, traversé·e·s par autant de questionnements.

La démarche aété immédiatement soutenue par divers·e·s chercheur·e·s et intellectuel·le·s du monde académique. Nous avons eu l’occasion d’aborder des questions que nous nous posions avec certains d’eux lors d’un séminaire contributif, organisé en ligne, ce samedi 18 avril. Ce temps de rencontre nous a permis de prendre du recul et d’aborder les implications de la crise du covid-19 sur les systèmes éducatifs et de réfléchir ensemble aux futurs des modèles d’enseignements basés sur l’agir en communs.

A ce titre, nous tenons à adresser nos sincères remerciements à Riel Miller et l’UNESCO ainsi qu’à Saadi Lalhou et l’Institut d’Etudes Avancées pour leur soutiens dans l’organisation de ce temps ainsi que leurs précieuses contributions. Nous tenons également à remercier chaleureusement Pascale Laborier, Roberto Casati,Pascale Haaf Jean-Bernard Ouedraogo et l’ensemble des volontaires du collectif pour leur implication depuis l’annonce de la fermeture des établissements.

Penser le futur de l’éducation en communs

Directeur du programme Futures Literacy à l’UNESCO, Riel Miller à une longue expérience de l’étude des évolutions des systèmes éducatifs aussi bien dans le secteur privé qu’au sein d’institutions publiques. Lors d’une courte intervention introductive, il a mis l’accent sur l’opportunité inédite que représente la crise actuelle pour repenser nos modèles d’enseignements :

Doit-on penser un “retour à la normale” avec un peu plus d’égalité et de confiance ? Est-ce ce qui doit être visé dans cette conjoncture ? Comme nous traversons un événement rare, on peut se saisir de cette occasion pour penser et concevoir d’autres manières d’appréhender l’apprentissage dans nos sociétés.

Selon lui, l’enjeu de l’après-crise, réside surtout dans nos capacités à construire de nouveaux systèmes éducatifs qui puissent permettre de redonner la “soif d’apprendre”. Pour cela, il faut appuyer nos modèles en priorité sur le sens et le bien-être. Il précise que les “grandes forces” en présence vont tout faire pour rétablir le passé, comme ont pu le montrer les crises précédentes.

ar la suite, nous avons pu échanger librement pendant près de deux heures et adresser collectivement de nombreuses questions.

  • Comment penser les inégalités dans le contexte actuel d’enseignement à distance ?
  • Ou se situe l’interface entre l’espace intime et l’espace public dans la relation famille-enseignants ?
  • Comment l’enseignement numérique transforme-t-il les pratiques pédagogiques ? et avec quelles limites ?
  • Comment impliquer les jeunes, premiers concernés par ces transformations ?
  • A quelles prédations le service public est-il soumis ? Comment construire de nouvelles relations communs-public ?
  • Quelle place pour les engants pour penser la société post-crise ?

Quuestions auxquelles n’ont pas manqué de réagir nos parrains :

  • R. Casati : De la même manière que le cinéma, n’est pas du théâtre filmé, l’éducation à distance, n’est pas un cour filmé, ce n'est une image de l’éducation.

A la fin de nos échanges, Jean-Bernard Ouedraogo a pointé du doigt le caractère eurocentrique de nos échanges. Il insiste sur la nécessité de `se questionner sur le périmètre du monde à partir duquel nous parlons. Nous aurons l’occasion d’approfondir cette question avec lui dans les prochains jours.

En fin de séance, Saadi Lahlou est revenu sur l’importance capitale de la documentation pour inscrire, garder trace et partager ce que l’on est en train de faire.

En tant que chercheur, je suis tenté de tirer des grandes conclusions sur ce qu’il se passe dès maintenant. En fait, on doit pouvoir se laisser le temps de digérer pour analyser, mais la capacité d’oubli est incroyable. Je vois qu’il y a des systèmes de capitalisation au sein de votre collectif, qui sont extrêmement précieux

Inscrite dans l’ADN même du collectif, l’ensemble des contributions du collectif sont documentées et visent a constituer un commun autour des pratiques pédagogiques. Vous trouverez au lien ci-dessous le compte rendu de nos échanges (sous licence CC-BY-SA)

Documentation complète de nos échanges : Penser l’après en communs : l’éducation du futur

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