Tout savoir sur le paiement mobile au Maroc (+ interview vidéo)
Le lancement du paiement mobile est imminent, lit-on un peu partout dans la presse. Bientôt les marocains pourront utiliser leurs téléphones pour payer un café, envoyer de l’argent à un ami ou encore prendre le tram.
On voit même les premières campagnes de communication s’afficher, elles mettent en avant des produits appelés Inwi Money, WePay, BPay, Jibi, Orange Money, SoPay ou encore Beztam-e.
Mais vous vous posez sûrement les mêmes questions que beaucoup de marocains : de quoi s’agit-il vraiment ? En quoi c’est utile ? Qu’est-ce que le paiement mobile va changer à notre quotidien ? Voici quelques éléments de réponse.
Le paiement mobile aussi appelé m-payment ou mobile payment est tout simplement le fait d’utiliser son téléphone comme moyen de paiement à l’image de la carte bancaire, le chèque ou encore du cash. Là où le téléphone a révolutionné l’appareil photo, le baladeur MP3, la radio, le dictaphone, la calculatrice… en les intégrant tous dans un même appareil, le mobile est en phase de remplacer notre portefeuille.
Et là, je vous entends dire, mais alors pourquoi ? Comment ça marche ? Et surtout, à quoi ça sert ?
Il faut d’abord savoir que le paiement mobile est bien plus avancé dans les pays en voie de développement que dans les pays développés. L’Asie et l’Afrique sont (pour une fois) loin devant les Européens et les Américains. Le mobile payment est surtout présent dans les pays où la bancarisation de la population reste faible, où le cash représente la seule option de paiement et gestion de ses finances. Un moyen loin d’être idéal, sécurisé ni durable, qui n’a pas changé depuis des siècles.
Mais revenons au Maroc. Combien de fois on se retrouve à vouloir payer des petits montants, que ce soit chez un marchand, le parking, le tram, le taxi ou même en ligne… sans pouvoir le faire. Pas de monnaie, que des billets, portefeuille oublié, un marchand qui n’a pas de TPE ou montant trop faible pour utiliser la carte bancaire. Combien de fois on a voulu envoyer un petit montant à un ami ou membre de la famille qui en a besoin, sans devoir payer des frais exorbitants de transfert d’argent classique… pour envoyer 100 DHs à un ami dans la même ville où vous habitez, il faut débourser plus de 30 DHs de frais. Sans parler des déplacements physiques nécessaires pour effectuer le transfert et pour le récupérer.
Avec le paiement mobile, tout cela change. La plupart des solutions sont pensées autour des micro-paiements, les produits et services de faibles coûts, les frais sont généralement minimes voir gratuits et les paiements instantanés.
À Dubaï par exemple, vous pouvez payer votre parking avec un simple SMS. Encore mieux, il est possible de prolonger la durée de son stationnement de la même manière, un SMS, confortablement, sans courir ou risquer de finir avec un sabot à la fin de la journée.
En Chine, la plupart des distributeurs automatiques sont dotés du paiement mobile, généralement visibles par des QR Code (Quick Response Code) qu’on voit à tous les coins de rues, chez les vendeurs au marché, dans le taxi, le métro… Plus besoin d’être obligé d’avoir de la monnaie sur soi. Un simple scan du code QR et le tour est joué. Le marchand reçoit immédiatement une confirmation sur son propre téléphone.
Et le bénéfice du mobile comme support à l’argent peut aller bien au de-là du confort.
En Inde, le gouvernement a commencé récemment à distribuer les salaires et les aides sociales aux familles, directement sur leurs téléphones mobiles. Réduisant ainsi les coûts faramineux que ça lui coûtait avant, coûts liés à la logistique et la distribution du cash à des centaines de millions d’Indiens. Les dernières statistiques montrent qu’avant de passer à la solution mobile, entre les intermédiaires, les pertes, les vols, le transport et la mal-gestion des fonds, le gouvernement perdait plus de 45% de l’argent à distribuer. Un problème immense, résolu avec une “simple” app.
Cependant, au Maroc, nous sommes encore loin de tout cela.
Le marché démarre à peine et nous avons encore beaucoup de challenges à surmonter avant d’arriver à une adoption du mobile comme moyen de paiement répandu. Des challenges culturels, techniques et structurels, qui mériteraient un article à part entière. Le fonctionnement effectif aussi est un point qui nécessitera beaucoup de communication et de pédagogie de la part des acteurs et des organismes de l’état. Le consommateur aura besoin de comprendre les mécanismes, les frais, la sécurité de ces solutions avant de pouvoir les utiliser. Des points que nous allons aussi détailler dans des publications futures.
Ce qui compte aujourd’hui, c’est que les acteurs sont conscients de l’enjeu et des bénéfices que le Maroc peut tirer d’une avancée technologique de la sorte. Sous l’impulsion de la Banque Centrale, tout le monde s’active. Opérateurs télécom, banques, opérateurs de transfert d’argent, entrepreneurs et startups, tout le monde se prépare.
Le chemin ne sera pas facile, il sera même semé d’embûches, d’erreurs de parcours et de faux départs. On passera par l’excitation des débuts, on passera par les effets d’annonces, sûrement aussi par la désillusion, puis la prise de recul et de plusieurs pivots, mais on finira par réussir.
Nous partons de si loin, qu’on ne peut qu’y arriver.
Vidéo / Interview
Pour en savoir encore plus : Interview “Paiement Mobile” sur MATIN Première avec Thomas Brun.
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