Transformation digitale : Où en est le Maroc ?

[Interview] Conjoncture — Revue de la Chambre Française de Commerce et d’Industrie du Maroc. Digital, transformation numérique, fintech et avenir de ces secteurs sont au menu.

Amine Azariz
Fintech.ma
4 min readDec 5, 2017

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Cet article reprend une interview donnée à la revue Conjoncture, éditée par la CFCIM — Chambre Française du Commerce et de l’Industrie du Maroc. J’y réponds aux questions de Thomas Brun, sur la transformation numérique au Maroc, l’état des Fintech et l’avenir du secteur du digital dans le pays.

Vous pouvez télécharger le numéro entier, ou la page de l’interview à la fin de l’article. Bonne lecture !

Conjoncture : Comment est perçue la transformation numérique au Maroc ?

AA : Je pense que la transformation numérique passe d’abord par la transformation de la philosophie de l’entreprise, de sa vision et de celle de ses dirigeants vers le digital. Cela concerne la stratégie commerciale et, surtout, les ressources humaines.

C’est toute la culture de l’entreprise qui doit intégrer le numérique et le digital avant de pouvoir juger si sa transformation numérique est réussie. Le top management et les cadres stratégiques de l’entreprise doivent vraiment comprendre les enjeux du digital et savoir comment l’utiliser pour façonner le futur de l’entreprise. La transformation digitale n’est pas la transformation des outils, mais celle des esprits.

Au Maroc, je dirais qu’on avance plutôt bien, avec des secteurs plus avancés que d’autres. Globalement, il y a un élan positif dans le sens du digital. Que ce soit les villes, les entreprises ou le e-gov, on remarque de plus en plus de services dématérialisés, et que de plus en plus de solutions technologiques sont utilisées.

Mais je dirais aussi que le Maroc reste loin derrière les avancées technologiques de pays tels que la Turquie, des pays du Moyen-Orient, et même de certains pays d’Afrique subsaharienne.

De votre point de vue, quels sont les secteurs qui avancent bien et ceux qui sont en retard ?

Le secteur de la finance et le secteur bancaire sont aux premières loges. L’engouement vers la digitalisation y est accru et des projets concrets voient le jour régulièrement.

Le e-gov et les services publics sont aussi dans une dynamique intéressante, comme on a pu le voir récemment avec la dématérialisation de la vignette automobile ou le paiement des taxes et impôts.

Viennent ensuite les « utilities », comme les « telcos » (opérateurs de télécommunications), régies d’électricité et d’eau, ou encore Poste Maroc, qui font des efforts non négligeables en termes de digitalisation. Il en va de même pour les médias.

Quant aux derniers de la classe, je dirais que ce sont les secteurs de la santé, de l’éducation et de la justice.

Qu’est-ce qui explique les retards dans plusieurs secteurs publics et privés ? Compétences, moyens, volonté ?

AA : Sans doute les trois. Pour certains c’est la compétence : il est assez difficile de trouver des ressources humaines qualifiées, capables de mener des stratégies digitales de fond, tout en faisant le lien entre le top management et les différents départements de l’organisation.

Il est également difficile de trouver un middle management ayant une bonne culture du digital et une vision claire des implications et opportunités qu’offre la transformation.

Pour ce qui est des moyens, là encore, on en revient à la vision et à la philosophie : si les preneurs de décisions ne sont pas convaincus de l’utilité de la transformation, ils ne débloquent pas les moyens suffisants pour mener les projets nécessaires !

Quant à la volonté, c’est la même chose : il est tout à fait naturel que la résistance au changement soit plus forte quand on n’est pas convaincu.

Quel avenir pour la fintech au Maroc ? L’évolution du cadre juridique est-elle suffisante ?

Je suis convaincu que le secteur de la fintech au Maroc a un très bel avenir devant lui.

D’abord, grâce à l’évolution du cadre juridique, en effet : elle n’est sans doute pas suffisante, mais elle permet au moins au secteur d’exister !

Maintenant, c’est aux entrepreneurs et entreprises de la place de profiter de ce changement pour lancer des nouveaux produits et services en innovant. Sans innovation, le secteur ne pourra pas exister.

À quelles nouveautés pouvons-nous nous attendre prochainement ?

Je crois que les nouveautés viendront principalement dans le secteur du paiement. Les telcos, pour qui la porte de la fintech a longtemps été fermée, vont enfin pouvoir faire bouger le marché.

Il faut rappeler que dans les pays voisins et sub-sahariens, la révolution Fintech a été très bénéfique aux opérateurs télécoms qui sont sans cesse à la recherche de nouveaux leviers de croissance.


Propos recueillis par Thomas Brun, Conjoncture N°991

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About the author: Amine Azariz (website). Founder Fintech.ma / Consultant.
Previously: e-Payment Services Manager @ M2T. Head of Product @ AmanPay. Co-founder & CTO @ Greendizer. Co-founder StartupYourLife.

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