3 conseils pour réussir son programme d’intrapreneuriat

Harold Peleszko
Five by Five
Published in
5 min readFeb 12, 2019

Retour d’expérience du programme 66 Miles.

66 Miles est un programme de pré-accélération inter-entreprises dédié aux femmes. Il est opéré par Five by Five en collaboration avec l’incubateur Willa, sous le parrainage de Mounir Mahjoubi, Secrétaire d’Etat en charge du Numérique.

Après 4 mois d’accompagnement intenses, 4 sprints, 8 projets et intrapreneures accélérés et plus d’une douzaine de partenaires, intervenant.e.s, mentors à nos côtés, la deuxième saison du programme 66 Miles touche à sa fin.

Program manager & designer pour cette saison 2 et partisan de l’apprentissage continu, c’est l’occasion pour moi de partager quelques enseignements de ce que nous avons retenu, issu du vécu et de notre expérience lors de ce programme qui nous tient tant à coeur.

Objectif : contribuer, à notre échelle, au design de vos programmes d’intrapreneuriat.

#1 Se poser la question de la fin… au début

Chez Five by Five, si nous savons que sa définition est multiple, nous aimons parler d’intrapreneur.e comme étant “Un.e salarié.e (ou une équipe de salarié.e.s) bâtissant un projet entrepreneurial à l’intérieur de son entreprise — projet qui ne correspond pas à sa description de poste.”

Si on “accélère” ces intrapreneur.e.s dans un programme pour capitaliser sur leur force vive, la réussite de ce programme tourne autour d’une question clé : et après ?

Quelles sont les ambitions de sortie de cette phase d’accélération — qui n’est qu’un début ?

  • Comment et sur quels critères saurez-vous qu’il faut continuer, ou — et l’enseignement y est équivalent à nos yeux — arrêter ?
  • Quels “véhicules”, entendez par là “structure, sponsors et ressources ”, sont mis à disposition pour donner suite aux projets ?
  • Quelles configurations pouvez-vous offrir aux intrapreneur.e.s en tant qu’humains dans votre organisation ?

C’est en se posant ces questions sur la “fin” qu’émergera la thèse de votre programme d’intrapreneuriat. En lien avec votre stratégie, vos ambitions et vos moyens, elle permettra de penser l’atterrissage du programme et d’en conditionner le design.

#2 Intrapreneuriat ≠ entrepreneuriat : quand le lean startup ne suffit pas.

Pour concevoir les modules de nos programmes, nous utilisons des méthodologies inspirées de grandes méthodes, éprouvées, qui sonneront sans doute familières — Customer Development, Lean Startup, Design thinking, etc. Autant de façons de mettre l’utilisateur au centre de la réflexion et d’expérimenter sur son projet pour réduire les incertitudes, optimiser les ressources et tendre vers un produit ou service que les utilisateurs voudront — vraiment.

Pourtant, la position particulière d’un.e intrapreneur.e implique que ces méthodologies ne suffisent pas si l’on veut l’accompagner efficacement. Souvent engagé.e dans une “excubation” douce à temps partiel sur la première phase de son projet, l’intrapreneur.e doit composer avec des allers-retours entre les sprints du programme et l’organisation dont il vient. Pour capitaliser sur la force de ce double système, il faut dessiner, même dans les grandes lignes, les nuances de cette configuration par rapport à l’entrepreneuriat :

Le programme doit être créé en composant avec cette injonction paradoxale : “dehors mais pas trop quand même”.

  • Quel est le projet de l’intrapreneur.e sous le projet d’intrapreneuriat (évolution interne, formation, besoin d’émancipation, obsession pour un problème à résoudre, etc) ?
  • Comment capitaliser sur l’existant dans l’entreprise, aussi bien en terme de produit et service (na pas réinventer la roue), qu’en terme d’humains, (N+1 et équipe proche mis en tension, etc.)
  • Comment cartographier les relais potentiels et préparer un argumentaire interne pertinent ? Comment embarquer les interlocuteurs qui prendront les décisions en internes ?

Ces questions doivent être au centre d’un programme qui déclenche des suites concrètes. Elles impliquent une connaissance de l’environnement “entreprise” et des méthodologies spécifiques, dont la finalité dépasse les méthodologies plus classiques : équiper les intrapreneur.e.s aussi bien en hard que soft skills pour pouvoir naviguer, avec leur projet, dans l’entreprise.

Quelques exemples d’outils que nous avons utilisés :

  • Sécuriser le soutien en interne

Lors du lancement du programme 66 Miles, nous insistons sur la présence de sponsors internes de l’entreprise, déterminés en amont. Lors d’un atelier, nous asseyons sponsors et intrapreneures ensemble afin qu’ils signent une “charte d’engagement” pour fixer les choses : devoirs, droits et modalités de communication.

  • Se positionner vis à vis de son projet

Très vite, des questionnements vis à vis de l’ownership du projet, de ses suites, de l’intrapreneure par rapport à son poste émergent. Pour rationaliser et équiper les intrapreneur.e.s afin de mieux naviguer en interne, nous utilisons ce board de vision.

#3 Un programme est une expérience.

Derrière expérience, nous mettons chez Five by Five tout ce qui n’est pas de la méthodologie à proprement parler — mais tout aussi précis et étudié, qui alimente l’intrapreneur.e en apprentissage, en ouverture, en découverte, en rencontres et contribue à la réussite des personnes et des projets.

Chaque programme doit avoir sa propre composante “expérience”. Pour 66 Miles, programme d’entrepreneuriat féminin inter-entreprises où des profils et des coeurs de métiers différents se côtoient, nous la voulons tournée autour de la communauté apprenante et de l’empowerment féminin.

Pour contribuer à cette expérience, nous avons inclus dans le programme des éléments d’échanges de compétences et de réseaux entre intrapreneures, de mentors lunches avec des experts de l’écosystème, d’apéros inter-promos saison 1 et saison 2, de speakers inspirant.e.s, de sessions de coaching tournées prise de parole face à un auditoire plus ou moins mixte…

  • Un exemple pour renforcer la communauté apprenante :

Nous cartographions les compétences et contacts à échanger entre intrapreneures. Objectif : savoir qui peut aider ou transmettre un contact sur tel ou tel sujet, expertise, compétence et renforcer la communauté apprenante.

L’expérience, c’est cette somme de composantes qui contribuent à l’engagement des intrapreneur.e.s et de leur écosystème. Qui donne envie de contribuer par la suite à la diffusion de ces nouvelles manières de faire et de créer au sein de leur entreprise même et de rassembler d’autres acteurs par un effet boule de neige.

Nous aimons les feedbacks, n’hésitez pas à partager vos expériences d’intrapreneuriat et de design de programme.
Ecrivez moi : harold@fivebyfive.io !

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