Intrapreneuriat : comment écrire les grands chapitres de votre programme ?

Five by Five accompagne des équipes d’intrapreneurs depuis quelques années dans le développement de leurs projets. Ils nous offrent, entre autres, une unique perspective sur nos modules d’accompagnement et nous permettent de penser plus largement à la meilleure façon d’adapter le lean à leurs spécificités. On ne le répètera jamais assez : les intrapreneurs ne sont pas des entrepreneurs comme les autres — et leur accompagnement doit le refléter.

Comme 32% des français et françaises, j’ai une double vie : de jour, je travaille, et de nuit, j’écris. Cette double casquette de program manager / designer de programmes d’un côté et d’écrivaine amatrice de l’autre peut sembler avoir peu en commun au premier abord.

Le profil dont le cours en bourse ne cesse pourtant d’augmenter, ça n’est pas celui de l’écrivain, c’est celui de l’entrepreneur. Cependant, dans le cadre de l’accompagnement d’intrapreneurs, les entrepreneurs (aussi bons soient -ils ou elles) ne peuvent pas répondre à toutes les questions. Parlez-leur de business model, de produit, de go-to-market, là sont leurs points forts.

Là où les écrivain.es amènent leur plus-value, c’est dans leur maîtrise de la structure narrative. Cela n’est pas un hasard si le storytelling n’a jamais aussi bien vendu — la façon dont on parle d’un projet, d’une idée est cruciale pour son développement et bingo, c’est ce dans quoi les écrivains excellent.

Mieux encore : ils ou elles se spécialisent dans la composition d’équipes engageantes — après tout, sans personnages, pas d’histoire — et ont toujours quelques conseils.

Chez Five by Five, les intrapreneurs ne sont pas des entrepreneurs comme les autres

Les équipes d’intrapreneurs ne se forment pas dans les mêmes circonstances que les équipes de startups plus traditionnelles. Il est important de prendre ces éléments en considération pour donner à cette équipe ses meilleures chances de succès.

Selon ma petite expérience, on retrouve chez les intrapreneurs trois raisons d’engagement :

• affinité (amis ou collègues proches, attirés par le projet),
• expertise (maîtrise d’un secteur en particulier en rapport avec le projet),
• opportunité (sujet porteur, développement personnel et professionnel).

Dans le cas d’une équipe de co-fondateurs « classiques », ces critères sont souvent contrebalancés par des expertises (produit, marketing, technique…) qui se veulent complémentaires. Les périmètres d’action de chacun se dessinent donc plus naturellement et ce, dès le recrutement.

Les intrapreneurs quant à eux, parce que pouvant émerger plus souvent du même département, voire de la même équipe et ayant fait leurs armes dans la même entreprise, ont des profils rarement aussi différenciés. De plus, l’équipe ne peut pas bouger aussi rapidement que dans le cadre plus classique : l’entreprise porteuse ayant engagé des dépenses ou libéré du temps pour ces employé.es.

Comment faire alors pour se donner les meilleures chances de succès ?

L’écriture, c’est de l’architecture

Vous me voyez arriver avec mes gros sabots : c’est ici qu’on se met à parler d’écriture. Je dois l’avouer, j’étais sur les dents depuis quelques paragraphes.

Le processus d’écriture m’a toujours fascinée. Comment créer une histoire qui a du sens, et amène de la valeur ? Comment construire des personnages humains, aux relations profondes et équilibrées ? La réponse tient souvent dans la structure, pilier technique d’un art qui apparaît — souvent à tort — comme léger, et nonchalant.

En fiction, les personnages forment une joyeuse équipe de héros ou d’antagonistes poussés les uns vers les autres dans un but : arriver à la conclusion de leur histoire. Ils sont, d’ailleurs, souvent là pour les mêmes raisons.

Prenons la Communauté de l’Anneau, par exemple :

• affinité (Frodon et Sam, amis de longue date),
• expertise (Gandalf et Aragorn, alliés aux connaissances et compétences précieuses),
• opportunité (Boromir et Legolas, joignant l’aventure par intérêt pour son projet, mais également pour des raisons personnelles).

Un auteur ou une autrice devant s’assurer que ces personnages possèdent des arcs narratifs qui se croisent mais ne se catapultent pas et font avancer l’histoire globale, concentre souvent son travail dans la mise en place d’une structure solide qui lui permet de les cadrer au gré de leurs aventures. La qualité de cette mise en place fait d’ailleurs souvent la différence entre une bonne et une excellente histoire.

Trois mots : dialogue, cadre et rôles

Bon, que les choses soient claires : la recette magique n’existe pas. C’est une conclusion à laquelle on peut venir assez naturellement, en lisant un des milliers d’articles qui promettent le succès entrepreneurial ou en accompagnant des équipes au jour le jour comme nous le faisons à Five by Five.

Un écrivain ne pourra jamais vous dire « Oh, j’ai la méthode parfaite, et c’est X ou Y ». De la même façon, un mentor ne pourra jamais mettre le doigt sur LA configuration d’équipe qui fonctionne à tous les coups : elle n’existe pas. Chaque histoire, et chaque équipe de fondateurs, est différente : surtout chez les intrapreneurs.

Ceci étant dit, j’ai passé cette méthode au test, et elle fonctionne plutôt bien. Pour concevoir un programme d’intrapreneuriat qui prenne en compte ces spécificités, et faire grandir vos équipes, pensez comme des écrivain.es : dialogue, cadre, et rôles.

1/ Dialogue : Parlez !

On ne le répètera jamais assez : des personnes (ou personnages) qui ne se parlent pas ne peuvent pas créer de réelle connection. Parler du travail, d’eux-mêmes et s’exprimer autour de valeurs personnelles est un terreau fertile pour construire une équipe autour des singularités de ses différents membres.

> Notre approche à Five by Five : un atelier d’alignement d’équipe d’abord centré sur les valeurs personnelles, desquelles les intrapreneurs bâtissent un jeu de valeurs commun, une vision et un objectif final.

> Nos ateliers de prédilection : Cover Story ; Jeu de Valeurs ; Ce que l’on est, ce que l’on est pas ; 5 bold steps

2/ Cadre : Créez un environnement dans lequel évoluer et changer

Il est important, dans un premier temps, de construire un cadre de travail propre à cette nouvelle aventure : un langage et des rituels communs, par exemple. Le cadre, dans une histoire, est à la fois un environnement et un rythme : ces deux éléments sont à considérer simultanément.

> Notre approche à Five by Five : un atelier de roadmap et de lean project management où ensemble, les intrapreneurs déterminent quels jalons ils veulent avoir franchi pour atteindre leur objectif final pour mieux cadrer leur expérience. Mise en place avec eux de sessions de stand up, synchro ou planning avec un déroulé clair qui évoluera avec l’expérience du projet, sans donner un air de plan quinquennal.

> Petit tip — Les jalons sont des phrases affirmatives : (ex : « Nous avons itéré sur notre premier prototype grâce à des retours utilisateur ») qui sont plus faciles à découper par la suite.

3/ Rôles : pour donner au collectif ses meilleures chances de succès

S’il est vrai que l’intrapreneuriat est avant tout une expérience de travail qui se doit d’être un maximum horizontale, il est important d’aider les intrapreneurs à définir ensemble quelles sont leur zones de responsabilités. Chaque projet n’amène pas les mêmes rôles ou compétences, et ces rôles auront vocation à évoluer. Guider et définir, dans un premier temps, leur permet de trouver leur place dans ce nouvel environnement sans se prendre les pieds dans le tapis.

> Notre approche à Five by Five : décomposition de chaque jalon en sprints et en tâches pour avoir une vue 360° du projet qui soit commune. Ensuite, manifestation d’intérêt sur des sujets ou des ensembles d’aspects du projet et définition de ces zones de façon très claire : qui fait, qui approuve, qui épaule ?

> Nos ateliers de prédilection : Mes forces et faiblesses ; Manifestation d’intérêt ; Matrice de responsabilités

—

Bon, et ensuite ? On peut pousser la métaphore plus loin : il faut créer de l’intérêt chez le public, et s’assurer que cette histoire qui se construit soit diffusée, et plaise… Mais ça, on pourra en parler une autre fois.

Storytelling, structure narrative : sans ces éléments, difficile de se faire une place dans la multitude de (bonnes) idées qui se développent. Nous sommes convaincus à Five by Five que l’intrapreneuriat ne peut se faire en silo : aller chercher des bonnes pratiques d’ailleurs est une des clés du succès, en tant qu’accompagnant comme accompagné.

Et vous, comment abordez vous la mise en place d’ateliers pour entrepreneurs ou d’intrapreneurs ? Le lean vous suffit-il ? Quelles sont vos grandes sources d’inspiration, qui peuvent paraître peu orthodoxes au premier abord ?

Parlons-en !

Kassandra
kassandra@fivebyfive.io