Demain, tout sera médiatisé.

Meven
For Those Who Know
Published in
3 min readMar 30, 2019

En tant que professionnels du numérique, du design et des sciences sociales, nous avons décidé de nous lancer dans une série d’articles pour FOR THOSE WHO KNOW sur des présents et futurs “vraisemblables”. Loin de nous l’arrogance de deviner le futur ou de prédire l’avenir, notre volonté est simplement de partager nos idées et notre veille pour les confronter avec la réalité et les initiatives en cours, afin de nourrir les réflexions de tous pour construire demain ! Nous sommes d’humbles observateurs du présent !

Nos histoires (car ce ne sont que des histoires) sont parfois positives, par moment dystopiques et pourquoi pas provocatrices ! À vous d’écrire votre propre “demain” en partant de ces inspirations…

“Allô ?
- Oui bonjour, Monsieur Durand à l’appareil.
- Bonjour monsieur.
- Vous savez pourquoi je vous appelle ?
- Oui, je sais… j’ai du retard dans le paiement du loyer… mais… mais je vous promets que j’aurai l’argent d’ici deux jours ! Je travaille sur un nouveau projet qui devrait me rapporter plus d’audience.
- Écoutez Orlane, je vous apprécie bien. Je vois bien à travers vos aventures quotidiennes que la vie n’est pas facile mais j’ai aussi des charges à payer.
- Je sais monsieur. Je vais faire tout mon possible. Je vous le promets !
- Dimanche dernier délai !
- C’est noté ! Dimanche, sans aucun problème.
- Bonne journée Orlane.
- Vous aussi, passez une bonne journée !”.
La jeune femme raccroche.

Sa montre connectée vient de lui envoyer une notification : +5%.
Si la situation est critique, au moins cette scène de désespoir aura attiré quelques spectateurs.

“Merci Billy d’avoir tout filmé” lance-t-elle en direction de son compagnon volant. Billy acquiesce d’un hochement de tête.

“Maintenant direction la maison d’Audrey ! Vous savez c’est ma meilleure amie qui vient d’accoucher ! J’ai hâte que vous puissiez voir la tête de son petit !” s’exclame-t-elle en regardant Billy.

La jeune femme enfile une veste en vitesse et sort de chez elle accompagnée de son fidèle petit drone. La traversée de la ville est une occasion pour elle de diffuser du contenu à ses abonnés. Même si au final rien de spécial ne survient durant ce trajet. Arrivée chez sa meilleure amie, Orlane cherche instinctivement le meilleure angle, la meilleure lumière et donc le meilleur endroit pour prendre le nouveau-né dans ses bras. Une fois installée, les deux amies se mettent à papoter.

“[…] et ça va tu t’en sors financièrement avec le petit ? demande Orlane à la jeune maman.
- Oui ça va, c’est un peu plus compliqué que ce qu’on imaginait mais on s’en sort.
- T’as vendu ses photos au moins ? Les photos de bébés ça rapporte toujours !
- Non franchement j’ai plutôt envie de le préserver de tout ça… Et toi alors ? J’ai suivi ce matin ton appel avec le proprio… Tu vas faire comment pour payer ton loyer ?
- J’ai une idée, mais d’abord… Orlane s’interrompt et fait signe à Billy de se mettre en pause. Voilà qui est fait, je ne voudrais pas gâcher la surprise à mes abonnés ! En plus, couper de la sorte mon feed, ça va sans doute éveiller leur curiosité, se réjouit-elle.
- Alors c’est quoi cette idée ? insiste Audrey impatiente.
- Bien, déjà tu ne le répètes pas hein? T’as pas de drone, caméra ou autre IoT qui nous filment là ?
- Non ça va, je ne fais que des partenariats médiatiques sur mes journées au travail.
- OK. Alors tu sais que maintenant les prothèses bio-mécaniques sont super avancées et qu’on peut en avoir à bas prix ?
- Oui, et alors ?
- Et bien j’ai décidé de couper en direct mon bras gauche en vue de me faire greffer un bras augmenté !

Audrey reste sans voix.

- Mais t’es complétement folle ?!
- Mais non ! Ça va me permettre de générer un maximum d’audimat et j’ai ce partenariat avec la firme qui produit le modèle de bras bionique qui va payer l’opération de pose ainsi que mon futur nouveau bras ! Tout ça va générer assez d’argent pour que je sois tranquille le reste de l’année !
- Mais… mais….
- T’inquiète je gère…. c’est du jamais vu en plus !”.

Sources du présent, pour imaginer demain.

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