Eloge de la faiblesse : Soyez imparfaits

Thomas Leonetti
3 min readSep 16, 2016

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“Fais pas ci, fais pas ça”. Ritournelle parentale dont on nous a rabattu les oreilles durant nos jeunes années. Nous devions être beaux, forts, résistants, et intelligents. C’était une condition sine qua none à la survie de notre espèce au XXIè siècle qui s’annonçait. Nous devions être parfaits. Et a fortiori, libres et épanouis. Le passage de l’échec s’annonçait étroit, il allait devenir une impasse. Nous, génération Y, plongés dans les méandres du Web, du digital et du numérique, nous devions être rectilignes tout en étant créatif.

“L’amour Vache” de Gericault — réalisé selon la technique parfaite du “Nombre d’Or”

Quand je suis entré dans le monde merveilleux des métiers du Web, il y avait une lueur d’espoir qui scintillait au loin. Nous n’étions, en apparence, soumis à aucun diktat. Le management était ouvert, participatif, plus transversal que vertical. Le “Friday Wear” était quotidien, les apéros pantagruéliques se prolongeant tard dans la nuit estudiantine.

Au fur et à mesure de mon “avancement professionnel” (comme les DRH aiment à le nommer), il y avait une sorte de course intellectuelle qui s’animait en moi. Ecrire des articles, participer à des conférences, bref : acquérir une légitimité aux yeux du métier, de mes pairs, de mes patrons. Et tendre ainsi vers une vision perfectionnée et perfectionniste de l’être “2.0”.

Le milieu des métiers du Web a ceci de dévastateur qu’il fabrique des idoles, des modèles à suivre. Il dépeint ce que nous devrions être selon les paramètres et les critères établis. Dans le milieu où j’évolue, le Référencement Web, nous érigeons deux statues par jour et nous en détruisons quatre. Le premier qui a battu l’autre est un héros, celui qui vivote est un perdu pour la cause. Cette vision est extensible aux autres métiers du numérique. Des hérauts se font et se défont, à coups de conférences, d’articles, et de découvertes. Mais ne soyez pas eux, soyez vous !

Acceptez-vous pour vous estimer et ne vous jugez plus. En soi, il est quasiment impossible de répondre positivement à la consigne que je viens de vous donner. C’est parce que ce milieu a fabriqué de toutes pièces une idolâtrie parfois malsaine, que nous nous retrouvons parfois dans un syndrome bien connu : celui de l’Imposteur.

“Je ne mérite pas tout cela”, “Je ne vais pas y arriver”, “tu te rends compte qu’à ma place, elle-il aurait fait mieux ?”. Non. Personne ne fera mieux que ce que vous avez décidé de faire. Personne ne fera une meilleure wireframe que vous, car — même légèrement imparfaite — elle sera à l’image de votre expertise et de votre investissement.

Le milieu des métiers du Web peut être destructeur, car il souhaite tendre l’individu vers une standardisation de la perfection. Faire toujours la meilleure conférence, les meilleurs articles, les meilleures publications, la meilleure interface. Ne vous dévalorisez jamais, mais ne devenez pas parfaits. Les boiteries de l’estime de soi sont saines et salvatrices.

Soyez dans l’action sereine. Il sera difficile de se libérer du poids des pressions sociales, surtout dans nos fonctions numériques, mais une fois que vous accepterez d’être imparfaits, alors vous vous sentirez épanouis de ne plus obéir aux lois de la gravitation web.

Et comme le dit l’excellent livre de Christophe Andre : “Soyez imparfaits, libres et heureux !”

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Thomas Leonetti

#SEO en quête de d'univers parallèles. Expert #ASO. En osmose professionnelle avec @CloTemesvari. Auteur de Web Search : Réflexions