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Je ne suis ni surdouée, ni hyper-sensible, ni multi-potentielle.

Surdoués, hyper-sensibles, multi-potentiels, haut-potentiels, êtres éveillés, enfants indigos, que sais-je encore… Je ne cesse de voir des articles défiler dans mon fil d’actualité sur ces étiquettes d’un nouveau genre.

Marion Soeur Warain

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[ Ceci est un billet d’humeur et non une analyse des profils atypiques. Ceci est une réponse aux articles douteux et tests permettant des auto-diagnostics rapides sur internet. J’aborde ici un aspect qui a suscité chez moi beaucoup d’interrogations et d’inquiétudes.]

Je crois que le moment où tout ceci m’a le plus agacé,

c’est cet instant étrange où je me suis reconnue dans tous les articles qui parlent des personnes multi-potentielles, hyper-sensibles, surdouées.

Vous êtes décrits comme ayant les caractéristiques suivantes « empathiques et gentils, résilients, passionnés, créatifs, multitâches, en recherche de vérité, avec un souci de justice, une hyperactivité cérébrale, des oscillations émotionnelles ».

Je vous épargne les articles qui utilisent ces étiquettes comme un joyeux fond de commerce, où les mots tels que “super-pouvoirs” apparaissent…

On ne va pas se mentir, qui n’aurait pas envie de ressembler à cette description ?

Et bizarrement la moitié de mon Facebook, sans parler des milliers de likes et de commentaires qui déferlent, s’identifie à tous ces articles. Vous ne trouvez pas ça étrange ? Que signifie cette urgence massive de s’identifier à telle ou telle étiquette qui justifie, dans sa définition, de mon mal-être et de mes difficultés au quotidien ?

Est-ce possible que nous soyons tous définis par ces critères ? Est-ce possible que ces mots fassent partie de notre humanité commune, de ce qui fait de nous des êtres humains ?

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Avons-nous oublié nos capacités ?

Vous n’imaginez pas le nombre de parents que j’ai rencontrés qui m’ont confié que leurs enfants sont spéciaux, différents, plus sensibles et intelligents que la moyenne. Au point où ça m’a interpellé… Est-ce qu’on est en train de donner naissance une génération plus évoluée en termes de capacités intellectuelles, émotionnelles, intuitives ?

Ou est-ce qu’avec les années qui passent, l’éducation, les schèmes de pensées, les cadres, les obligations, l’autorité, les punitions, les réprimandes, la violence ; ce que le monde, la société, les parents attendent des enfants ; on ne les brimerait pas sur ce qu’ils sont réellement lorsqu’ils viennent au monde ?

A force de vouloir s’accommoder aux règles de la société, de ce qui se fait et ne se fait pas, de vouloir nous initier à un modèle unique, peut-être qu’on a oublié ce que c’est un enfant, ce que c’est un être humain…

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Ce qui se trouve derrière l’être conditionné

Je suis intimement persuadée que lorsque l’enfant (ou plus tardivement l’adulte qui en a la volonté) a été accompagné, afin de se développer pour devenir authentiquement lui-même, s’épanouir pleinement, il devient un adulte humain.

Humain, en ce sens qu’il possède en eux des capacités intellectuelles mêlées à des facultés émotionnelles et relationnelles.

Humain, car aidé par leur intuition, ces messages, ces idées, ces élans instinctifs, qu’on ne saurait expliquer mais qui nous guident.

Humain, car portant en lui le désir d’amour et d’empathie, d’être connectés à ses aspirations profondes et à aider les autres à se réaliser.

Humain, car curieux et désireux d’apprendre par nature.

Ma peur réside dans le fait que ces catégories nous limitent à leur définition, nous divisent, plus qu’elles nous permettent de nous épanouir.

Ma crainte est que l’on croit en des individus différents et supérieurs, ce qui s’exprime d’ailleurs dans les mots « sur-doué », plus que doué, « haut-potentiel ».

Je suis certaine qu’à l’endroit où tu es « plus », à un autre endroit tu es « moins ».

Ceci demande de l’humilité et de la clairvoyance. Pourquoi est-ce un discours que je ne lis que très rarement dans ces articles qui mettent en avant les individus « plus » et « hyper » ?

Aujourd’hui, je dénonce ces pratiques abusives de diagnostics et articles douteux sur internet,

ainsi que ces démarches réalisées par une certaine catégorie de parents qui recherchent davantage une reconnaissance sociale, “mon fils est surdoué”, non pas pour trouver une réponse à un mal-être et une inquiétude, mais pour répondre à leurs attentes élitistes, soigner leurs propres blessures de dévalorisation. Je suis ahurie par les témoignages des professionnels en psychologie qui ont appuyé ce que je présentais…

Je crains que ces différentes catégories nous empêchent d’accéder ensemble à un idéal, celui d’être égaux et multiples.

Si nous changions de regards et de langages, ces personnes que nous nommons “handicapées” pourraient bien nous trouver quelques handicaps également.

Si les animaux pouvaient parler, ils nous trouveraient “sous-doués” pour sûr !

Pourquoi ne pouvons-nous pas accepter que nous sommes des êtres qui avons une façon de réagir et de ressentir différente tout simplement ?

Je ne suis pas en train de dire que ces catégories n’existent pas.

Ces étiquettes nous donnent des repères, un langage commun, certes. Elles ont le mérite d’exister pour ne pas en faire un tabou et permettre de concevoir des accompagnements adaptés si nécessaire (encore faut-il rentrer dans la bonne case, bien sûr!). Elles sont rassurantes.

J’ai vécu moi-même l’expérience de cette appartenance. Avoir l’impression de trouver une explication, un sens, aux traits de ma personnalité parfois difficiles à intégrer, à admettre.

Puis, une fois l’étape d’identification intégrée, je m’en suis éloignée. J’ai mis de la distance entre cette étiquette et moi pour ne pas devenir cette étiquette entièrement ! Pour ne pas qu’elle me définisse.

Ma famille compte également des profils atypiques que l’on nomme “autistes”. Je suis tout à fait à même de comprendre la démarche des parents et des équipes de santé dans ce cadre-là, tout en étant consciente des limites de ce système d’identification, d’accompagnement et de prise en charge en France. A quoi sert d’être diagnostiqué quand si peu est mis en place pour aider les familles et le développement de l’enfant ?

Là où mon identité nous rassemble, un intitulé nous sépare.

Je ne suis pas hyper-sensible, j’ai des émotions qui se manifestent de façon intense.

Je ne suis pas multi-potentielle, j’ai de l’intérêt pour plusieurs domaines, sujets, activités que j’aime parfois lier ensemble sous différentes formes, ou passer de l’un à l’autre.

Je ne suis pas un être éveillé, j’ai vécu une expérience d’éveil.

Je ne suis pas surdouée, je ne suis pas un haut-potentiel, je ne suis pas une enfant indigo, je ne suis pas un produit de la génération Y ou Z.

Je suis bien plus que ça. Je suis Humaine.

J’ai rencontré et évolué avec des personnes qui m’ont aidé à « dé-couvrir » cette partie de moi d’humanité en sommeil, et à l’exprimer. Pas selon, des cases à remplir, des systèmes binaires d’appartenance à une catégorie de personnes, des recettes toutes faites.

Mais, au contraire, en repartant de moi, qui suis-je ? Moi. Pas l’étiquette qui permet de m’identifier.

Il n’y a pas de mot pour définir qui je suis.

Je souhaite de tout mon cœur que chacun retrouve cette part d’humanité qui fait de chacun de nous des êtres exceptionnels, uniques, différents, émotifs, intuitifs, intelligents, empathiques cheminant ensemble vers l’individualité de tous.

Marion Soeur-Warain, hypnothérapeute, coach et auteure. J’accompagne les individus à contacter et libérer leurs ressources invisibles, leur potentiel insoupçonné.

N’hésitez pas à me contacter et à me suivre sur les réseaux sociaux !

Prochains ateliers à Paris :

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Marion Soeur Warain

Auteure, thérapeute hypnose humaniste et danse intuitive, globe-trotter, humaine passionnée ! http://marionsw-devenir.com