Ma routine de startupeur/freelance

En tant qu’indépendant, je n’ai pas de rythme, outre celui que je veux bien m’imposer. Je suis donc passé par différentes phases, certaines plus organisées que d’autres. Dans l’évolution de mon activité, jouant contre la montre en permanence, j’ai dû me rendre à l’évidence : si je veux gagner du temps, je dois optimiser ma vie. Il est bien sûr plus facile de s’en rendre compte après coup, c’est pourquoi je vous livre ici le feedback de mes expériences.

Mes débuts: Routine du salarié

Au début de ma startup, bien qu’étant deux, j’ai tout d’abord pris l’habitude de travailler de chez moi. Il nous arrivait tout de même de nous retrouver chez mon associé lors de sessions de travail soutenues. J’avais gardé les mêmes horaires qu’un rythme de travail classique.

Horaires: Levé 7h30, travail à 8h30 et fin de journée vers 19h.

En réalité, la difficulté d’être chez soi est de s’imposer des horaires limites de travail. Il m’arrivait très souvent de travailler jusqu’à 23, voire 2h du matin. Déjà je vous laisse imaginer la douleur du lendemain mais surtout, ma vie de couple en a été gravement impactée.

Pour: Simple à mettre en place, tolérant sur les écarts.

Contre: Mauvais pour la vie (sociale et de couple) car aucune séparation entre le pro et le perso. Pas de rythme cohérent (ne permet pas de bosser plus/mieux).

Conclusion : Au terme de 6 mois, j’ai dû arrêter. J’ai progressivement perdu le sommeil et pour cause, je passais de l’ordinateur au lit, à cogiter sur les problèmes de la journée.

En groupe: Routine de rush

Nouvelle période, nouvelle expérience, cette fois-ci dans un espace de coworking avec des horaires précis (de 9h à minuit). Nous étions deux à travailler en permanence avec un cadre très strict : nous avions pour objectifs d’accompagner 3 startups à la fois. Nous devions être très performants dans le temps. Nous utilisions Trello pour la gestion des tâches, Pomodoro pour la gestion du temps, et des KPI internes par semaine pour être sûrs d’avancer dans la bonne direction.

Horaire : Levé 8h30, travail à 9h30 et fin vers 23h

La journée était dédiée à nos clients startup, le soir nous étions sur notre projet. Il ne m’est jamais arrivé d’être aussi performant. Ce système de gestion du temps nous a permis de prolonger des sessions de travail intenses pendant près de 6 heures d’affilées (ce qu’on appelle le “flow”).

• Le flow est un état mental atteint par une personne lorsqu’elle est complètement plongée dans une activité, et se trouve dans un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans son accomplissement. -> pour ceux que ça intéresse : Flow: The Psychology of Optimal Experience

Nous avions aussi mis en place un système d’apprentissage continu : nous lisions énormément de livres sur les startups (The Lean Startup, Running Lean, Zero to One…) et nous réservions le dimanche soir au partage de connaissances et à l’apprentissage mutuel (sur le développement personnel, le business, le code…).

Malheureusement ce rythme n’est pas sain car il pompe énormément d’énergie, et au bout de 3 mois, c’est une fatigue physique et mentale qui vient à bout de vous.

Physique car vous vivez en autarcie: vous passez 90% de votre temps avec vos associés et avouons-le, entre mecs, manger sainement n’est pas la priorité.

Mental car vous êtes devenu un très bon exécutant mais vous avez perdu toute créativité. A force de tout millimétrer, vous vous enfoncez dans une sorte de routine mono-maniaque et ça, c’est dangereux.

Pour : L’efficacité au travail (vraiment mutipliée), plus besoin de réfléchir, vous êtes une machine! Esprit de corps avec votre team. Vous faites des miracles.

Contre : Cette performance a un coût. Vous ne vous reposez jamais vraiment. Vous ne pouvez pas faire cette routine sans équipe.

Conclusion : Cette routine, malgré son efficacité, doit être vraiment cadrée et ne pas s’étendre dans la durée. A force de tirer sur vos réserves d’énergie, vous allez être out. Une maladie qui se prolonge, des maux de têtes récurrents… Votre corps vous alerte mais vous n’en tenez pas compte.

Précision supplémentaire : J’ai eu l’occasion de tester le early morning ainsi que de la diététique comme le fasting (que je pratique toujours à ce jour) et la warrior diet à l’occasion de cette routine et les résultats ont été bien différents de ce à quoi je m’attendais. Je reviendrai sur cette expérience lors d’un prochain article :)

Routine actuelle: Routine de l’équilibre

Nouvelle phase entrepreneuriat, je suis à nouveau seul mais dans un lieu de coworking privé. C’est le moment de faire le bilan de mes expériences passées et d’en tirer le meilleur. Trouver une routine qui scinde distinctement ma vie pro et perso, qui ne m’épuise pas et me permet d’être serein au travail.

Horaires : Levé 9h, travail à 10h et fin vers 19h.

Beaucoup plus calme n’est-ce pas ? Effectivement, j’ai beaucoup plus de temps pour moi et pour mes proches tout en restant productif. Comment ? En retrouvant ma créativité (enfin!). Ce changement ne s’est pas fait sans mal. J’ai beaucoup culpabilisé de ne faire que 8–9h dans la journée. Je n’avance pas autant qu’en période de rush mais je ne m’épuise plus et surtout, je suis heureux. Cela paraît bête comme ça mais le facteur bien être est très important dans notre métier.

Le matin je prends un peu plus mon temps. Je lis et fais un peu de sport (j’ai gardé quelques restes du early morning).

Le soir, si j’ai besoin d’aller plus loin, je remets en place mon Trello et mon Pomodoro et c’est parti. Il m’arrive même de couper ma journée de travail vers 19h, de prendre un peu de temps pour moi (même dormir!) et de recommencer vers 22h jusqu’à 2h du matin.

Pour : Bien être ! Du temps pour soi et les autres. Maximise la créativité. Modulable en fonction des périodes de travail.

Contre : Pas aussi productif qu’en période de rush. Je ne pense pas que cela puisse s’appliquer à une team.

Conclusion : Bien que difficile à adopter, j’ai trouvé une routine qui me convient pour le moment. La créativité est essentielle pour mon activité d’aujourd’hui et celle-ci ne se contrôle pas. Elle se développe dans les moments de repos, dans la douche, dans une discussion, pendant un moment câlin (ne me jugez pas!), tout ce qui permet à l’esprit de se relaxer.

Bien qu’il soit facile de se concentrer uniquement sur le travail, je pense qu’il est essentiel de travailler sur ses habitudes afin d’aller le plus loin possible en tant qu’indépendant. Le côté malbouffe, le manque de sommeil et d’activité physique ont un impact beaucoup plus fort que vous ne pouvez l’imaginer. Il est donc capital d’en prendre soin.