Personnalités introverties, sensibles et créatives : apprenez à mieux vous connaître

Le test de personnalité MBTI (Myers Briggs Type Indicator) et son intérêt pour les introvertis

Anne-Laure Frite
8 min readApr 13, 2016

Je parlais il y a peu de la difficulté pour les introvertis, intuitifs et créatifs, à s’assumer dans un monde d’extraverti. Pour compléter cette réflexion, je me suis intéressée à un test de personnalité qui m’a été recommandé par ma coach et qui m’a apporté un éclairage précieux pour mieux accepter et comprendre ma personnalité “introvertie” , et surtout mon parcours d’entrepreneur.

Le MBTI, c’est quoi?

L’indicateur de Myers Briggs a été élaboré par Katharine Cook Briggs, psychologue américaine, et sa fille Isabel Briggs Myers, romancière, dans les années 1960. Les deux femmes ont construit le MBTI en s’inspirant de la typologie développée par Carl Jung, psychanaliste suisse qui fut le premier à distinguer des catégories de personnalités extraverties et introverties en psychologie.

“L’introverti est semblable à Apollon, qui s’épanouit dans la compréhension. L’introverti est focalisé sur un monde intérieur, le rêve et la vision. Réfléchi et perspicace, l’introverti peut montrer un certain désintérêt pour les activités collectives.

L’extraverti est associé à Dionysos, il aime s’impliquer dans les activités autour de lui. L’extraverti est focalisé sur le monde extérieur, le monde des objets : il privilégie l’expérience sensorielle et l’action. Energique et vivant, l’extraverti peut se perdre lui-même dans son ouverture sans limite sur le monde”

Carl Jung, 1971, “Psychological Types”, Princeton University Press

Vous avez peut-être déjà vu ces sigles étranges : INFP, IFTP, ISTP … dans les nombreux articles (anglophones) consacrés aux personnalités introverties ou au management en entreprise. Ces acronymes désignent différents types de personnalités telles que décrites dans le MBTI.

Ils désignent des combinaisons de traits de caractère en réponse à quatre éléments structurants de la personnalité :

  1. Le monde favori : Etes-vous naturellement plutôt tourné sur le monde extérieur ou votre monde intérieur ? Ce critère définit si la personnalité est plutôt extravertie (E) ou introvertie (I).
  2. Traitement de l’information : Etes-vous naturellement enclin à vous concentrer sur l’information factuelle, ou à interpréter et à ajouter un sens à cette information ? En fonction de la réponse, la personnalité est décrite comme Sensorielle (S) ou Intuitive (N).
  3. Prise de décision : Etes-vous naturellement enclin à baser vos décisions sur l’expérience et le raisonnement logique, ou sur les circonstances, l’environnement et les personnes ? Ce critère définit un type caractérisé par la réflexion (T pour Thinking) ou le sentiment (F pour Feeling).
  4. Structure : dans les interactions avec le monde extérieur, préférez-vous décider, planifier et encadrer, ou rester ouvert aux nouvelles informations et options ? Cela détermine le fait d’être orienté sur le jugement (J) ou la perception (P).

La typologie du MBTI comporte 16 types de personnalités, divisées entre les introvertis (8 acronymes qui commencent par “I”) et les extravertis (8 acronymes qui commencent par “E”). Si ces quatre questions (monde favori, traitement de l’information, prise de décision et structure) semblent ultra-simples, le test en comporte en réalité une centaine de questions beaucoup plus fines qui permettent de renseigner indirectement ces quatre traits de personnalités.

Voir le tableau des 16 types de personnalités MBTI avec leur descriptif complet (en francais) : 16personalities.com/fr/types-de-personnalite

Les 16 personnalités du MBTI avec leurs principales caractéristiques

Briggs et sa fille sont parties du postulat qu’une de ces fonction domine chez une personne la plupart du temps, définissant ainsi un type de personnalité reconnaissable. Pour déterminer quelle est la fonction dominante, le test se base sur occurrence de certaines réactions naturelles dans plusieurs situations. Il examine la manière dont on réagit spontanément face à un contexte donné (en utilisant plutôt l’intuition, plutôt la perception, plutôt la réflexion, etc.).

On obtient finalement un portrait assez détaillé non pas de l’image que l’on veut donner de soi, mais bien de la manière naturelle et spontanée avec laquelle nous avons tendance à aborder le monde et notre quotidien.

La force de ce test réside dans la richesse de la description des différentes personnalités. La plupart des personnes qui ont fait le test rapportent que c’est “effrayant de vérité”, “absolument dans le mile”, “extrêmement éclairant”, notamment parce que les réponses sont très précises sur nos manières d’interagir avec le monde. Bien sûr il ne s’agit que d’un test parmi d’autres, dont la validité scientifique est toujours discutable. Cela permet néanmoins de pouvoir, par soi-même, explorer sa propre façon d’interagir avec le monde et de se donner des clés de lecture intéressantes pour pouvoir s’assumer et s’épanouir.

Comment faire le test ?

De nombreux sites permettent aujourd’hui de faire le test en ligne et d’obtenir un compte rendu très détaillé sur la manière d’intéragir avec les autres, les personnalités “compatibles” avec la sienne, les choix de carrière les plus épanouissants selon sa personnalité ou encore le type de relation amoureuse qui nous correspond le mieux.

J’ai pour ma part fait le test aussi dans une perspective de positionnement professionnel, pour cesser d’explorer des voies qui n’étaient pas les bonnes (donc “échouer” au sens “monotâche” du terme, et donc ressentir de la culpabilité), pouvoir me recentrer sur l’essentiel et reprendre confiance en moi.

L’un des meilleurs sites est sans doute 16personalities.com (disponible en plusieurs langues, dont le français, mais les résultats des tests sont plus complets dans la version anglophone) qui permet de faire le test et d’accéder à une douzaine de pages de résultats gratuitement. Pour ceux qui veulent aller plus loin dans l’analyse, un ebook de 140 pages est en vente à un prix raisonnable pour chaque type de personnalité.

Pourquoi le MBTI est-il particulièrement utile aux introvertis ?

Le test n’a pas été conçu exclusivement pour les introvertis, puisqu’il couvre l’ensemble du spectre d’une population occidentale classique (les créatrices du test étant américaines, c’est d’abord là bas qu’il a été mis en pratique).

Or, l’un des traits de caractère des introvertis réside dans leur attirance pour la compréhension des choses. La plupart sont aussi hypersensibles (perceptions et émotions plus intenses que la moyenne) et facilement angoissés, en questionnement perpétuel. Un test qui permet de décrypter et d’accepter ces aspects de notre personnalité est très utile pour soulager le sentiment d’anormalité, voire d’imposture, que beaucoup ressentent.

Il est par exemple beaucoup plus difficile pour les personnalités intuitives et créatives de prendre des décisions fermes et de les assumer avec force, surtout pour les personnalités dites “idéalistes” (ENFP, INFJ, INFP, ENFJ). Toujours ouverts à d’autres manières de voir ou de faire, nous sommes dans le doute perpétuel d’avoir “pensé à tout”, considéré toute la complexité d’une chose. Les introvertis souffrent beaucoup dans ce monde qui impose de savoir où l’on va et d’y emmener les autres parfois sans avoir le temps de réfléchir beaucoup au pourquoi du comment (la fameuse “dictature du leadership”).

Pour mieux tirer profit de nos traits de caractère, de nos talents, de nos spécificités en tant qu’introvertis dans un monde dominé par la norme extravertie, il est essentiel de se doter des bonnes armes. Avoir une connaissance aussi fine que possible de son type de personnalité renforce la confiance en soi, et permet de pouvoir communiquer avec les autres plus sereinement sur ce qui nous convient le mieux et notre manière de fonctionner. Réduction des conflits, réduction du stress, acceptation de son besoin de solitude, de créativité, apprentissage de moyens pour se ressourcer… Les bienfaits sont nombreux !

Croisements avec les 4 “tempéraments” de David Keirsey

S’inspirant du travail des Briggs, David Keirsey, lui aussi psychologue américain, a défini quatre “tempéraments” déclinés en 16"personnalités” type. La plupart des outils que l’on trouve aujourd’hui sur internet pour réaliser des tests de personnalité (y compris ceux utilisés par le monde du recrutement et du management dans les grosses sociétés) reprennent le travail de Keirsey pour interpréter les résultats du MBTI.

Les quatre “tempéraments” sont : les gardiens (habileté logistique), les artisans (habileté tactile), les idéalistes (habileté diplomatique) et les rationnels (habileté stratégique). Chaque tempérament regroupe 4 personnalités différentes, deux personnalités introverties (dont l’acronyme MBTI commence par I) et deux personnalités extraverties (dont l’acronyme MBTI commence par E). Le site 16personalities.com a renommé ces quatre tempéraments : les gardiens deviennent les sentinelles, les artisans sont les explorateurs, les idéalistes sont les diplomates et les rationnels sont les analystes. La trame d’interprétation reste la même, un croisement entre MBTI et le travail de Keirsey.

Tableau des 16 personnalités types selon le MBTI et le KOS

Ce que j’en ai retenu

J’ai appris d’étonnantes choses en lisant les résultats du test. Je suis INFP (Introvert, Intuitive, Feeling and Perceiving), ce que le site 16personalities.com nomme une “médiatrice”. En gros, tout ce qui relève d’une structure établie ou d’un cadre rigide m’angoisse au plus haut point, alors que les relations de coopération créatives m’épanouissent (ces années de crises d’angoisse à ne pas réussir à m’intégrer dans un CDI étroit trouvent donc leur explication). Je suis plutôt tournée vers le futur et l’innovation (en effet), ce qui me rend tout à fait distraite voire incompétente quand il faut organiser et manager des choses trop “terre à terre”, surtout quand celles-ci sont dépourvues de sens, de valeurs ou d’éthique (oui, j’ai réussi à me faire renvoyer d’un inventaire chez Carrefour après à peine trois heures de travail car même en essayant très fort, je ne parvenais pas à me concentrer assez pour compter les vis).

Mon truc à moi, ce sont les idées, les causes et les projets. J’aime guider les autres en me basant sur des principes de bien commun, plutôt que les convaincre par le raisonnement pur, et surtout dans une logique de compétition (“gagner” la joute verbale, remporter le contrat, etc.). Moi qui me pensais très mauvaise business woman, je suis en fait simplement une entrepreneure sociale, une sorte de mélange entre une chercheuse (voix professionnelle que j’ai d’ailleurs exploré), une “pionnière” (des idées) et une rassembleuse. Avoir cette mise en perspective de mes forces et mes atouts par rapport à d’autres types de personnalités m’a grandement aidé à assumer le chemin très particulier de mon projet d’entreprise retourenfrance.fr , que j’ai tout à fait “échoué” à faire rentrer dans une case pendant plus de deux ans.

Incubateurs trop exigeants, accélérateurs trop agressifs, couveuses trop terre à terre, boutiques de gestion trop limitées… Il me faut plutôt une émulation intellectuelle et surtout un bon appui opérationnel pour réussir à concrétiser toutes mes idées et à les transformer en produit. C’est ce qui s’est mis en place avec mon partenaire, président du Digital Village de Roissy-en-Brie. Grâce à ses compétences digitales et opérationnelles (en gestion de projet), mais aussi à ses capacités de comprendre ma vision et de démêler mes idées parfois complexes (il est lui-même ENFJ), nous avons enfin concrétisé l’une de mes idées qui était de réaliser le tout premier guide du retour en France (par exemple).

Avoir su tout cela, j’aurais mieux géré mon stress et sans doute évité le burnout dans mon premier job en startup (en tant que chef de projet opérationnelle, donc le pire rôle pour moi), mais aussi réduit le sentiment d’échec permanent de ces dernières années. Un entrepreneur qui a des idées mais ne sait pas comment gagner de l’argent avec tout de suite est pourtant bien plus prometteur qu’un “producteur” pur dénué de vision… Mais ça, je ne le savais pas avant !

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Anne-Laure Frite

Passionnée par les Internets, je tente régulièrement de devenir chercheuse universitaire ou écrivain célèbre sans jamais y parvenir.