Pourquoi, nom d’un chien, les gens lisent-ils pendant leurs vacances ?

Petit rappel de quelques points importants du Guide du parfait vacancier. 

Anj Pambüh
3 min readJul 10, 2014

Les vacances ne devraient jamais durer plus de quinze jours. Et pendant cette quinzaine, on ne devrait jamais lire de livres. Jamais. Pas le moindre livre. Rien. Que dalle. Eventuellement, les journaux essentiels. Et encore ! Pourquoi ? Parce que lire, ma bonne dame, c’est du travail ! Or, les vacances, c’est fait pour se reposer du travail : c’est marqué dans le dictionnaire. Et si on ne tient plus compte de ce qu’il y a dans le dictionnaire, alors c’est la peine que Ducros y se décarcasse !

Qui lit pendant les vacances ? Ceux qui n’en ont prétendument pas le temps au cours de l’année. Ceux qui achètent très peu de livres. Ceux dont le métier ou la fonction a très peu à voir avec la lecture. Ceux à l’intention desquels fleurissent partout dans les journaux et sur les sites divers toutes sortes de listes de suggestions de lecture. Ceux qui, l’été venu, envahissent les plages et les jardins publics armés de liseuses ou de pavés qui, pour n’être pas du cochon, n’en sont pas plus de l’art. Et quelques autres encore, sans doute !

Tous ceux-là croient se faire du bien en se farcissant la tête de bêtises sous les parasols et à l’ombre des platanes. En réalité, ils se font du mal. D’abord parce qu’ils croient ainsi tuer le temps, mais, le temps, mon bon Monsieur, ne meurt jamais. Ensuite parce que ces lectures McDo, obèses et addictives au possible, reposent invariablement sur un même schéma de déception : à peine les a-t-on consommées qu’on a déjà faim.

Et puis, lire à la plage, franchement, quelle idée ! Personne, jamais, ne se rend dans une bibliothèque en maillot de bain pour y piquer une tête. Il est peut-être grand temps que personne, plus jamais, ne se rende au bord d’un océan avec l’idée de s’y gâcher la vue sous le fallacieux prétexte de se cultiver.

Encore que les choses seraient relativement simples si, à côté de ces saisonniers de la lecture, il n’y avait pas l’armée de ceux dont lire est le métier : les journalistes, les critiques littéraires, les enseignants, les écrivains, les éditeurs. Et aussi les élèves et étudiants, dans une certaine mesure. Ceux-là lisent déjà toute l’année, a priori. Que, diable, ont-ils encore besoin de s’encombrer de livres pendant leur période de repos ? A croire qu’ils ne savent pas que le mot “vacances” désigne “une période de temps pendant laquelle une personne cesse ses activités habituelles”. En gros, si on est footeux, on se met à la peinture pendant les vacances. Et au football si on est peintre. A la menuiserie si on est éditeur. A l’animation de soirées si on est agriculteur. Et au tricot si on est enseignant.

Bref, emporter ses livres en vacances quand on est lecteur le reste de l’année, c’est comme emporter ses outils de travail sur son lieu de vacances quand on est plombier : ça ne se fait pas. Et c’est interdit !

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Anj Pambüh

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