Why do I create, love & hate ?

Marianne Ferrand
4 min readJul 3, 2016

--

Miranda Kerr — Sexy demain.

Cela fait quelques temps maintenant que je fréquente Medium. Quelque chose se passe, je n’ai presque plus envie de me perdre dans les pages sans fin ni fond des médias traditionnels. J’aime découvrir ces plumes vives qui de San Francisco à Paris s’alpaguent et se répondent. Dans ma tête je like même d’un coup de pouce en l’air — par habitude.

Pourtant, j’ai développé un gros malaise.

Les questions de développement personnel et moi, on bataille depuis longtemps. A douze ans j’ai décrété que Glamour, serait ma Bible. Le chemin à suivre pour trouver cette sacro-sainte féminité, que j’imaginais si nécessaire pour survivre en société. Il fallait apprendre à être une femme. J’imaginais que celles qui brillaient sur le papier glacé seraient les plus à même de m’instruire, de me décrire les manière d’être et de paraître. J’étais jeune et influençable. Je croyais fort en lisant les pages dorées, pimpées, en faite presque gluantes que je devenais une Femme brillante.

J’allais rendre mon fessier plus bombé, devenir une intellectuelle, smart certes mais surtout très bonne avec des lunettes.

Fight for Liberty.

Paix à mon âme de teenager en chaleur.

Les promesses, à défaut d’être vraies étaient belles, mais douze ans plus tard, j’ai décrété que personne ne me raconterait plus de crack. Tant pis pour les faux espoirs, les tentations, les déceptions. Ce sont de beaux souvenirs d’adolescence- RAS, chacun ses petites légendes personnelles. Et comment oublier ce que le luxe doit au tapin réalisé par ces filles parfaites et à ceux qui savent choisir la meilleure lumière ? Comment oublier, de même, ce que nos imaginaires leur doivent? Non, c’était impossible de leur crier des insanités à la figure. Ils devaient vendre du rêve en carton, dicter l’idéal pour que les femelles sachent s’entendre parfois.

J’étais lasse de me trouver chaque fois imparfaite. Peut-être n’ai-je pas mis assez d’ardeur au combat. Je ne sais pas. Mais je sais qu’à un moment le besoin d’ailleurs, d’autres superbes, m’a amené à internet. J’étais partie à la recherche d’histoires vraies sans préceptes en carton et paillettes sous les aisselles.

C’est comme cela que je suis arrivée sur internet, sur les blogs, sur Twitter, sur Medium.

Baby, I’ll try, one more time.

J’ai découvert internet.

Longtemps après les premier post de blog dégustés, j’ai trouvé sur l’un d’eux un lien vers une galaxie attrayante : Medium. “Why you should be a morning person”, est le premier post que j’ai lu. J’aurais du me méfier mais je dois admettre que j’ai trouvé l’idée chouette. Je l’ai tweeté. Et une ribambelle de post lifestyle, #croisentoi, #deviensquitues, #urthebest, se sont accumulés dans ma timeline. Je les ai dévorés. Cette lecture, depuis mon lit, avait le mérite de me faire croire très fort que le succès m’attendait derrière ma porte d’entrée.

D’un coup le soleil brillait et j’imaginais les palmiers surplombant les boulevards, sereins et rangés en file, ils accompagnaient la métamorphose du territoire. L’atmosphère en même temps que moi prenait des airs de fête, ceux d’un doux pays où le temps file à la vitesse où on le souhaite. En accord avec les éléments, l’eau qui apaise, la terre qui nourrit, je tenais enfin l’équilibre. La société se pamait devant tant de bonheur. J’allais manger des graines, penser positif, devenir une optimiste et dompter mon caractère de contemplative, d’observatrice, de meuf qui a du spleen.

Mais les posts de génie sont devenus des cafards.

J’ai continué à me lever à 9 heures les jours gracieux, 11 heures les malheureux. Les papiers me narguaient alors que le café était encore trop chaud. L’auréole de lumière s’étiolait et je me rendais compte que le mind-set ne me seyait guère. J’ai fuis ce nouveau diktat. Je l’ai méprisé pour ne pas avouer que je ne savais pas comment l’abattre. Alors pour ne rien perdre j’ai fait la fière. J’avais résisté à la féminisation outrancière, je résisterai à l’ère de la tech, du sur-moi qui s’émancipe et se perd. Non, rien à faire, il était hors de question que je devienne une talkeuse, une pitcheuse de bien être.

J’adore fumer, boire, me lever tard. Je fais du sport en montant les escaliers, je ne rêve pas de San Francisco la nuit, j’aime le ciel bleu-gris de Paris. Je ne suis pas faite pour cette vie où l’harmonie règne. La sérénité m’ennuie et le healthy way of life me donne des sueurs froides.

I’m in.

Re-birth — Hello Medium

J’ai observé longtemps sans agir. J’ai critiqué sans faire mieux. J’ai moqué sans tenter. Et puis j’ai décidé qu’il fallait dénoncer cette dictature insupportable. Il fallait faire quelque chose pour pouvoir dire, “ bullshit”, aux autres. Ecrire pour ne rien dire et trouver au deuxième tournant, après trois cigarettes et un verre de vin, une idée vive.

--

--