Hello Tomorrow : Des étoiles plein les yeux ! (Episode #1 — Aerospace)

Ariane Dubedout
Possible Future
Published in
6 min readOct 30, 2017

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La semaine dernière avait lieu à Paris la 4ème édition de l’événement Hello Tomorrow, dédié aux innovations “deep tech”.

La particularité de cet événement : mettre en valeur, pendant 2 jours, les projets de ruptures, d’entrepreneuriat scientifique, qui pourront avoir un maximum d’impact sur l’industrie et sur la société. L’occasion pour quelques Frenchies d’explorer de plus près ces startups qui vont changer le monde !

Nous avons choisi de vous raconter, dans une série de publications, ce que French Bureau retient de l’événement, à travers les thématiques que nous avons préférées.

Pour introduire cette série de publications, nous avons choisi l’une des thématiques les plus impressionnantes : AEROSPACE.

L’innovation technologique… au service de tous

Dès l’ouverture de l’événement, le ton est donné. Les startups mises en avant pendant ces deux jours sont celles qui contribuent à construire un futur souhaitable.

This is how we will make the world a better place: by using science to slowly create new products that solve real problems.
- Xavier Duportet, cofondateur de Hello Tomorrow, dans son discours d’ouverture

Un message et une vision que nous avons retrouvés dans les mots de Mounir Mahjoubi, qui dans son introduction a réaffirmé la vision du gouvernement Français vis à vis de l’innovation technologique, avec ces deux mots : “Performance et Humanité”. Nous avons également constaté cette vision chez les startups de la thématique aérospatiale : Comment construire des satellites en mesure de fournir Internet haut débit à l’humanité entière, et non pas à une élite privilégiée (ThrustMe) ? Si demain, les transports du quotidien se feront dans les petits jets à décollage vertical de Lilium, comment faire pour que les trajets soient accessibles à tout le monde, au même prix qu’un Uber ? Comment les avions tout-électriques d’Ampaire peuvent ils redéfinir une aviation civile plus silencieuse, écologique, et moins chère ?

Réconfortant ! Les entrepreneurs deep tech semblent partager une vision très inclusive et responsable du futur qu’ils écrivent.

Des étoiles plein les yeux !

Les trois conférences d’entrée du jeudi matin nous ont bien remis à notre place : Laura Kerber, chercheur à la NASA, nous explique que dans son équipe, on ne choisit pas ses projets parce qu’ils sont faciles, mais au contraire parce que ce sont les plus difficiles au monde.

Son projet à elle : aller sur Mars. Et les challenges ne manquent pas : concevoir les fusées les plus puissantes jamais construites ; réduire le coût de production de ces fusées ; calculer et suivre les bonnes trajectoires pour arriver sur Mars au bon moment ; se poser sur la planète en toute sécurité malgré son atmosphère particulière ; survivre pendant un voyage dont on ne mesure pas les effets sur le corps humain ; et enfin, survivre sur la planète rouge, ce qui implique non seulement de résister à la météo extrême mais aussi d’arriver à extraire de l’eau (activité inexistante sur Terre…) qui s’évapore dès qu’elle entre en contact avec l’atmosphère …

Laura Kerber, notre coup de coeur de la matinée !

Son intervention passionnante, inspirante (et drôle !) nous fait nous sentir tout petit.

Elle nous présente la conquête de Mars comme un parallèle de la découverte de l’Amérique en 1492… mais 100x plus ambitieux. Heureusement, nous avons quelques avantages aujourd’hui : la NASA et les explorateurs spatiaux sont capables d’apprendre de leurs erreurs, et une mission qui échoue est une mission qui aide les suivantes à réussir mieux (comme les différents robots ayant échoué à atteindre la planète, tout en fournissant des données précieuses aux bases terrestres). Laura Kerber nous aura marqués, et a donné un de nos talks préférés de ces deux jours.

La vision portée par les deux autres intervenants de la matinée est tout aussi impressionnante. L’objectif de John Bradford, de Spaceworks, est de mettre les humains en hibernation, pour augmenter la résistance physique, et diminuer les besoins logistiques pendant le transport vers Mars… Le tout pour imaginer des véhicules qui emmèneront 100 personnes sur mars à chaque voyage, et non plus 2 ou 3 personnes à la fois… Et l’on n’est pas dans la science fiction : Spaceworks a développé la technologie de refroidissement du corps qui pourrait permettre de porter sans risque le corps humain à 32–34 degrés celsius. Leur prochain défi : réaliser les tests sur des humains. Pour Bradford, la technologie devrait être disponible pour les premiers vols habités vers Mars en… 2030 ! Appel aux volontaires…

John Bradford, de Spaceworks, veut faire hiberner les humains pour les emmener sur Mars :)

De son côté, Ane Aanesland, fondatrice de ThrustMe, cherche à miniaturiser les propulseurs de satellite. En quoi est ce que cela change le monde ? D’après elle, 10 000 satellites devraient être lancés dans les 10 prochaines années. Pour fournir un internet haut débit à l’ensemble de l’humanité, et pour observer les effets du changement climatique. Elle anticipe que pour permettre ce changement d’échelle dans le nombre de satellites, les propulseurs joueront un rôle clé. Ils constituent la partie la plus difficile à miniaturiser, et également celle qui permet de contrôler leur emplacement (donc d’éviter les collisions dans l’espace et la production de débris)…

Ce qui nous a beaucoup impressionnés, c’est qu’après avoir développé une technologie révolutionnaire, elle a dû défricher un autre chemin : celui de la création d’une entreprise de deep tech, et le challenge de convaincre autour d’elle du réalisme de sa vision, et de la faisabilité de son projet.

Ce qui a résonné à nouveau lorsque nous avons entendu le pitch de Lilium, les grands vainqueurs du challenge Hello Tomorrow de l’année dernière :

The most important thing that happened after Hello Tomorrow last year, when we won the grand prize, is that the broad mass started believing in us!
- Patrick Nathen, Co-Founder of Lilium Jets

Et en effet, après avoir passé plusieurs années à porter leur vision malgré les “naysayers” et les “non-believers”, l’équipe de Lilium a réussi à lever 10M$ puis 90M$ en moins d’un an, pour développer et améliorer leurs prototypes… qui viennent d’effectuer leurs premiers vols !

Cette année, c’est Ampaire, une startup californienne qui veut construire “a Tesla in the sky”, qui a gagné le concours de startups dans la thématique Aerospace. Leur ambition : faire du vol électrique supersonique une réalité.

Des startups comme les autres ?

Alors, comment fait-on lorsque l’on veut changer le monde par la science, mais avec la vitesse des startups de la Silicon Valley ? Pour les exposants Aerospace, pas de doute : on s’approprie les méthodes des startups de la Silicon Valley. Prototypage, Test & Learn, Start Small Scale Fast…. des approches bien intégrées par les entrepreneurs scientifiques qui ont témoigné pendant ces deux jours.

Et pour lever des fonds ? Idem… mais dans d’autres ordres de grandeur.

Reste à convaincre des fonds d’investissements, peu habitués à ces montants, et aux cycles de développements qui peuvent prendre plusieurs années. Et pourtant, ça marche ! Ane Aanesland, de ThrustMe, nous disait :

When we first raised money, 90% of our investors had never invested in space companies
- Ane Aanesland, co-fondatrice et CEO de ThurstMe

Preuve que ces sujets “aerospace”, si visionnaires soient ils, arrivent à convaincre des investisseurs dès lors qu’ils montrent un marché potentiel.

Car c’est finalement ça, qui nous a le plus impressionné chez les startups sélectionnées par Hello Tomorrow : tous ces projets existent (et se financent) parce qu’ils ont identifié un marché pour leurs objets de recherches. C’est en sortant une application concrète, sur un réel marché, que ces entrepreneurs vont changer le monde.

Bref : une belle dose d’inspiration et des étoiles plein les yeux pour les Frenchies.

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Retrouvez également la suite de nos publications sur le Hello Tomorrow Summit :

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