Si vous ne deviez retenir que 5 idées de toutes les annonces French Tech de la semaine…

Kat Borlongan
La French Tech
Published in
9 min readSep 18, 2019

Quelle rentrée ! A l’occasion de France Digitale Day et du Scale-Up Tour, les annonces en direction de l’écosystème ont été très nombreuses cette semaine… Si vous n’avez pas tout suivi, voici ce qu’il faut en retenir. (Read the English version here.)

1. Un afflux massif et absolument inédit de capital (5 milliards !) pour les startups les plus prometteuses de l’écosystème

Une bonne nouvelle pour commencer : la French Tech est sortie du stade de la pénurie de capital-risque (ce qui était un vrai problème il y a encore quatre ans). Il est maintenant possible de réaliser des “mega” levées de fonds en France : 2019 en a apporté la preuve.

Il suffit de regarder la liste des principales levées des six derniers mois : Meero ($230), Doctolib ($170), Kyriba ($160), Mano Mano ($120M), Ynsect ($120M), Dashlane ($120M), Vade Secure ($77M) et Wynd ($79M.)

Une information encore plus enthousiasmante maintenant : il reste encore une large marge de progression pour l’écosystème. Et il y a encore plus de capital disponible pour cette nouvelle étape ! En effet, le Président de la République l’a annoncé hier : après d’intenses négociations menées par le Gouvernement, 5 milliards d’euros vont être consacrés par les investisseurs institutionnels et les compagnies d’assurance à la French Tech.

Sur les trois prochaines années, ce sont donc :

  • 2 milliards d’euros qui seront injectés dans les fonds de capital risque français consacrés à l’investissement “late-stage”, c’est à dire en séries C+. Le but est que ces fonds atteignent un milliard d’euro chacun, ce qui leur permettrait de participer à des tours de table de 50 à 100 millions d’euros, et même plus. Ces 2 milliards d’euros vont être investis soit directement par les investisseurs institutionnels dans les fonds, soit à travers un fonds de fonds géré par Bpifrance.
  • 3 milliards d’euros qui seront investis par des gestionnaires d’actifs français spécialisés dans les entreprises technologiques cotées. Le but est d’encourager les introductions en bourse des champions de la French Tech. Ces sommes seront investies via des fonds sectoriels ou via des mandats institutionnels confiés à des gestionnaires d’actifs.

Si vous avez du mal à vous rendre compte de ce que tous ces €€€ représentent, dites-vous qu’en 2018, le montant total levé par l’ensemble des startups de la French Tech était de “seulement” 3,6 milliards d’euros…

(Si le sujet vous intéresse, je vous invite à vous plonger dans le rapport de Philippe Tibi.)

2. L’équipe de la Mission French Tech a été multipliée par 10, avec 150 membres. Voilà ce qui se passe quand la French Tech est intégrée à la stratégie nationale.

J’en parle avec beaucoup de fierté et de joie : la Mission French Tech est désormais l’équipe la plus étoffée et, en terme d’organisation, sans doute la plus atypique, de toutes les équipes dédiées aux startups qui sont actuellement en place au sein des gouvernements à travers le monde.

Si on regarde en arrière… (vous pouvez passer si vous avez déjà entendu cette histoire 1000 fois) :

Quand la Mission French Tech a été créée en 2013, elle comptait 9 personnes. Le but de ces pionniers était de valoriser la culture startup, de fédérer les différentes énergies de l’écosystème et de rendre le coq rouge incontournable dans le paysage mondial de la tech.

Grâce au travail de cette équipe, tous ces objectifs avaient été atteints lorsque j’ai été nommée Directrice de la Mission French Tech en 2018. En parallèle, l’environnement avait changé, et avec lui, les actions à mener. Surnommée la “seconde” Mission French Tech, notre objectif est donc devenu de faire de la France l’un des meilleurs pays au monde pour lancer et faire croître des champions mondiaux de la tech, avec un impact positif pour la société. Un vrai défi, pour lequel, vous le devinez, une équipe de 9 personnes est loin d’être suffisante.

J’accélère un peu, pour nous projeter un an plus tard, c’est à dire aujourd’hui :

Sous l’impulsion de notre Secretaire d’Etat aux affaires digitales, Cédric O, la French Tech est désormais au coeur de la stratégie nationale. Les entrepreneurs ne sont plus associés aux hoodies et au ping pong. Ce sont des gens qui créent des emplois, s’assurent que la France existe dans le paysage de la tech mondiale, et font avancer l’économie du pays.

Les annonces du Président de la République se traduisent par l’intégration de nouveaux membres à notre équipe. Nous allons commencer à travailler avec eux très prochainement. Il s’agit de :

  • un réseau de plus de 45 Correspondants French Tech au sein du Gouvernement, des ministères, des agences de l’Etat, des organismes de recherche et des régulateurs.
  • tous les Chefs des Service des Affaires économiques du Trésor qui travaillent dans les ambassades des 42 pays dans lesquels une Communauté French Tech officielle est implantée.

… ah, j’oubliais le plus important : nous continuons aussi à recruter !

(Pour en savoir plus sur le sujet, allez voir la liste de toutes les institutions qui ont officiellement nommé un Correspondant French Tech. Vous pouvez aussi m’écouter pitcher la stratégie de la French Tech sur scène (ou lire la transcription).

3. Nous venons de publier le Next40, la liste des 40 futurs champions français de la tech, qui ont le plus fort potentiel de croissance à l’international

Avec Bpifrance, nous venons de révéler la liste des 40 membres du Next40. Ceux-ci ont été sélectionnés en prenant en compte des critères de performance économique (vous pouvez les consulter sur notre site). La liste comporte exclusivement des entreprises dont le siège est situé en France, qui restent indépendantes et qui ne sont pas encore cotées en bourse.

Le Next40 incarne, par l’exemple, les caractéristiques des champions technologiques dont la France a besoin : des entreprises dont la croissance se traduit par un impact positif aussi bien pour l’économie que pour la société. Notamment, la croissance médiane des membres du Next40 a été de 158% au cours des trois années écoulées. Plus important encore, leur nombre d’employés a augmenté de 30% en moyenne sur les douze derniers mois.

(Soyons honnête : au-delà de la célébration de chacun de ses membres, nous sommes aussi très fier de l’existence même de cette liste. Notre équipe a regardé les données et vous confirmera qu’il y a encore un an, il aurait été impossible d’établir une liste de 40 entreprises avec de tels niveaux de performance).

Notre espoir est que, grâce à cette mise en avant, les membres du Next40 puissent atteindre leur plein potentiel, tout en servant d’inspiration à une nouvelle génération d’entrepreneurs français.

Vous pouvez découvrir les premiers lauréats :

4. Les 40 lauréats Next40 vont bénéficier de bien plus qu’un simple coup de projecteur : elles accèdent à une liste d’avantages d’une ampleur inédite

Voici une liste (non-exhaustive) de tout ce dont bénéficieront les membres du Next40 (je précise que nous n’avons pas imaginé tous ces éléments tout seul dans notre coin : nous avons rencontré des centaines d’entrepreneurs pour comprendre leurs attentes) :

Une mise en avant au sein des délégations à l’étranger, par des campagnes nationales de communication, à l’occasion d’événements internationaux, ou encore une implication dans les différentes démarches de communication de la French Tech.

Un accompagnement vers l’entrée en bourse, avec Euronext : une équipe d’experts (avocats, banquiers, auditeurs…) réunis par Euronext accompagne les lauréats dans le cadre d’un “Next40 Roadshow”, qui leur permet de présenter leurs dossiers directement aux analystes référents dans le domaine de la technologie en Europe.

Un accès automatique au French Tech 120, le programme d’accompagnement de la Mission French Tech pour les startups en hyper-croissance, qui donne accès à un dispositif inédit d’accompagnement impliquant plus de 45 ministères, agences gouvernementales et services publics. Parmi les avantages du programme French Tech 120, il y a :

  • Trois voeux. Comme Aladdin, les bénéficiaires du programme French Tech 120 peuvent émettre trois voeux pendant l’année, auprès de la Mission French Tech et de ses correspondants. Dans les limites de la légalité, évidemment. “Nous ouvrons un bureau à Shanghai l’an prochain, est-ce qu’on peut être intégré à la délégation présidentielle lors du prochain voyage en Chine d’Emmanuel Macron ?” Bien sûr ! “On doit embaucher 30 personnes d’ici un mois, on en fait venir des Etats-Unis, de Singapour et de Rio, est-ce que vous pouvez nous aider pour les visas de leurs familles ?” Pas de problème ! Etc.
  • En plus de ces trois voeux, ils bénéficient d’un accès illimité à une liste de services proposés par plus de 45 ministères, agences gouvernementales et services publics, conçus pour répondre aux besoins spécifiques de startups en hyper-croissance. Cette liste, qui s’étoffe en permanence couvre quatre catégories : le développement à l’international, le financement, l’accès au marché et l’accompagnement dans toutes les relations avec l’administration.
  • Des opportunités de contrats avec l’Etat, grâce à un référencement accéléré auprès des acheteurs publics (Ugap, Direction des Achats de l’Etat, ministère des Armées, Centre national d’études spatiales, etc.) et des rendez-vous d’affaires avec eux.
  • Des facilités pour expérimenter, avec le soutien du Gouvernement pour établir un cadre propice à la mise en place de tests. Les bénéficiaires du programme French Tech 120, et tout spécifiquement ceux qui opèrent dans des domaines qui évoluent à un rythme plus rapide que les régulations, peuvent solliciter des dérogations réglementaires, voire législatives, pour une période déterminée.
  • Un accompagnement par un “Startup Engagement Manager” qui est chargé au sein de la Mission French Tech de les aider à tirer partie au maximum du programme (notamment en centralisant et accompagnant les échanges avec les administrations).

(L’appel à candidatures pour les 80 places restantes au sein du programme French Tech 120 ouvrira avant la fin de l’année. Pour être parmi les premiers à être au courant, abonnez-vous à notre newsletter.)

5. Ne nous voilons pas la face : la représentation des femmes parmi les CEO et fondateurs de startups reste catastrophique

On peut tourner les choses dans tous les sens, il est impossible de nier l’évidence : sur les 40 membres du Next40, uniquement deux ont une femme co-fondatrice.

Comme vous pouvez l’imaginer, des voix se sont élevées pour mettre en place des actions de discrimination positive.

Mais nos critères de sélection sont quantitatifs et objectifs, et ni Cedric O, ni moi-même, ne pouvions imaginer les modifier pour y ajouter artificiellement plus de femmes. Si nous voulons plus de diversité dans les startups les plus performantes du pays, ce ne sont pas les critères du Next40 qu’il faudrait faire évoluer, c’est notre écosystème.

Certes, les startups ne reposent pas seulement sur leurs fondateurs. Mais on a tendance à pratiquer le culte de l’entrepreneur, en particulier en phase de croissance, lorsque le succès dépend de l’équipe.

Pourtant, si on regarde les organisations dans leur ensemble, la réalité est loin d’être aussi déséquilibrée : 40% des employés de Next40 sont des femmes et ce ratio est légèrement inférieur au sein des équipes dirigeantes. La question que nous nous sommes posée est donc la suivante: s’il y a autant de femmes à des postes de direction dans les startups, pourquoi n’y at-il pas plus de femmes qui en créent ?

Nous sommes actuellement en train d’échanger avec des associations de femmes entrepreneurs pour comprendre tous les aspects de cette question et voir ce que nous pouvons faire pour changer les choses.

En attendant, je pense que la mise en avant de modèles féminins joue un rôle déterminant dans l’amélioration de l’équilibre entre les sexes. C’est la raison pour laquelle la Mission French Tech n’intervient plus, ne noue plus de partenariat et ne finance plus d’évènements qui comportent moins de 35% de femmes parmi leurs intervenants. Ce n’est pas seulement un engagement symbolique, c’est une démarche stricte, inscrite dans tous nos contrats pour des événements. J’encourage tous ceux qui lisent ces lignes à demander à leurs entreprises de faire de même.

(Si le sujet de la diversité socio-économique vous tient à coeur, lisez-donc “Pour une French Tech plus inclusive, nous avons besoin de votre aide” ou jetez un coup d’oeil à notre programme French Tech Tremplin.)

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Kat Borlongan
La French Tech

Director, French Tech Mission (French Ministry of Economy and Finance)