Le tarif des autoroutes en 2018 : une hausse qui passe mal.

Le 1er février 2018, les principales sociétés d’autoroutes françaises ont augmenté leurs tarifs. Une hausse, en moyenne, plus importante qu’en 2017 qui était d’environ 1%. Comme souvent ces hausses ont soulevé de vives critiques de la part des usagers et en particulier chez les transporteurs routiers pour qui les péages sont un vrai poste de dépense.

Des hausses qui sont largement justifiées selon les gestionnaires

Tous les réseaux ne connaissent pas les mêmes hausses.

  • Autoroutes de Rhône-Alpes (AREA) : +2,04 %,
  • Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR): +2%,
  • Société des autoroutes du Nord et de l’Est de la France (Sanef) et la Société des autoroutes Paris-Normandie (SAPN): +1,39%
  • Autoroutes du Sud de la France (ASF) et Autoroutes Esterel-Côte d’Azur (Escota): +1,34%,
  • Cofiroute: +1,33 %
  • Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc (ATMB): +1,03 %
  • Société française du tunnel routier du Fréjus: +0,87%.

Ces hausses sont nécessaires, selon elles, pour trois raisons. Premièrement il faut compenser l’inflation (environ 1% en 2017), puis amortir les investissements qui sont nécessaires pour l’entretien du réseau de 9000 km et qui est, il est vrai, un des meilleurs d’Europe. Elles compensent enfin la redevance versées à l’Etat, qui a progressé en 2013 pour financer des infrastructures et qu’elles ont été autorisées à répercuter seulement à partir de 2016–2018 par volonté politique.

Des transporteurs pénalisés

Les transporteurs sont bien sûr les premiers à souffrir de cette hausse. Quelques chiffres permettent de mesurer l’enjeu de ces hausses pour les transporteurs : selon le CNR, 4,5% du prix de revient d’un véhicule est composé du coût des péages, et cela représente 5799€ par an par véhicule (retrouvez les chiffres complets ici).

“Toutes les hausses des tarifs autoroutiers impactent fortement les trésoreries des entreprises. Nous subissons sans pouvoir rien dire et rien faire des hausses incessantes qui, selon nous, ne se justifient pas du tout.” Jean-Marc Rivera, secrétaire général de l’Organisation des transports routiers européens (OTRE)

Un vrai consensus des experts économiques sur la question

Par delà les critiques des transporteurs, les experts économiques se prononcent régulièrement sur la question et un consensus se dégage.

Ces sociétés ont ainsi déjà été épinglées par un gel des tarifs décidés, en 2014, par Ségolène Royal, alors ministre des transports, suite à un rapport de l’Autorité de la concurrence qui dénonçaient leur situation de rente.

“[ces sociétés] affichent toutes une rentabilité nette exceptionnelle, comprise entre 20% et 24%, nourrie par l’augmentation continue des tarifs des péages […] cette rentabilité n’apparaît justifiée ni par leurs coûts ni par les risques auxquels elles sont exposées” Autorité de la concurrence 09/2014

Cette rentabilité à deux chiffres laisse rêveur quand depuis 10 ans la rentabilité des entreprises de transport oscille entre -1 et +1%…

La hausse de 2018 a fait, elle, réagir l’Arafer ( Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières) qui s’est fendue d’un communiqué très clair.

« Les augmentations de tarifs de péages prévues excèdent le juste niveau qu’il serait légitime de faire supporter aux usagers […] le niveau de rémunération des sociétés concessionnaires devrait être plus conforme aux risques supportés » Arafer 02/2018

Une conclusion sous forme de question

S’il convient de se féliciter de l’état exemplaire du réseau français, son prix est clairement élevé et les sociétés gestionnaires bénéficient d’une position avantageuse. Mais par delà la critique un peu facile de ces hausses, il faut s’interroger sur le gouffre qui se creuse entre ce réseau et celui des routes confiées aux départements désargentés et dont l’état se dégrade année après année… Peut être que les profits des sociétés autoroutières pourraient finalement servir ?

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