Le Tesla Semi : un premier bilan

Pierre Vétois
Le blog du transport routier - Fretlink
3 min readJan 23, 2018

En novembre dernier, Tesla révélait à grand renfort de communication son premier camion semi-remorque. Le “buzz” était alors à son maximum et on n’en savait finalement assez peu le nouveau véhicule de la firme californienne. Deux mois après, on commence à voir se dessiner les premières tendances, l’occasion pour nous de revenir sur le sujet qui fait beaucoup parler la planète transport et d’aller au delà du discours marketing.

Un véhicule exceptionnel

Ce qui surprend de prime abord, c’est la position centrale du chauffeur qui tranche avec tout ce qu’on a pu voir avant. Elon Musk, le PDG de Tesla, le compare déjà au cockpit de F1 ! Plus sérieusement, la cabine ne comporte par de couchage pour le chauffeur et il y a un strapontin pour un deuxième passager. Il n’y a plus de tableau de bord mais deux grands écrans qui condensent toutes les informations et la possibilité de le mettre en auto-pilote.

Ce semi-remorque offre une autonomie de 800 kilomètres. C’est faible au regard des poids lourds traditionnels qui atteignent 1000 km. L’ensemble du plancher du camion est occupé par la batterie, même si peu d’informations ont filtré sur celle-ci.

La motorisation est assurée par quatre moteurs électriques placés sur les deux essieux arrière. Le 0 à 95 km/h (60 mph) est abattu en 20 secondes, charge de 40 tonnes comprise. Le Semi se recharge sur les stations de recharge de Tesla appelées MegaChargeur (recharge de 650 kilomètres en 30 minutes).

Des ventes qui s’accélèrent

Il est indéniable que les ventes (en réalité des pré-commandes) s’accélèrent ces dernières semaines dans le monde entier.

Cependant, force est de constater, au regard des entreprises concernées, qu’il s’agit de très grandes entreprises de taille au minimum nationale. Ce sont des groupes qui ont une assise financière qui leur permet de financer des véhicules coûteux car des impératifs de communication et d’image de de marque entrent en ligne de compte. Sans parler de “green washing” (qu’est-ce que c’est ?), ces entreprises se doivent d’avoir des véhicules plus propres que la moyenne et de communiquer dessus.

Le Semi Tesla affiche en effet plus de 180 000 € pour le modèle à 800 km d’autonomie, ce qui reste très élevé pour la plupart des entreprises de transport en France, même les plus grandes. De façon plus générale, on voit que les transporteurs restent très tièdes vis-à-vis de ce véhicule et que les commandes se concentrent chez les flottes en propre des grands chargeurs.

Le Semi de Tesla : le risque d’avoir raison trop tôt ?

Par delà le prix conséquent du véhicule, on se demande si le risque pour Tesla n’est pas d’être en avance sur le marché.

Si les analystes économiques du monde entier prévoient tous la montée en puissance des camions électriques dans la décennie à venir (lire le rapport Deloitte en anglais), de nombreux points restent en suspens pour Tesla.

Le plus sensible est celui des infrastructures de recharge. En effet, concevoir un semi-remorque électrique est un défi essentiellement technique, déployer un réseau de recharge à l’échelle nationale est, lui, un défi global (économique, technique, politique, etc…) qui dépasse de loin la prouesse d’ingénieur.

Et c’est ce défi qui nous semble le plus compliqué à relever pour Elon Musk qui a pour défaut de ne pas toujours tempérer son enthousiasme (en savoir plus sur lui).

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