Pourquoi le gazole est-il aussi haut (et le restera en 2018) ?

[Une Note d’info par FretLink]

Vous vous en êtes rendu compte, depuis 2017, le prix du gazole est reparti à la hausse et atteint des sommets qu’il n’avait plus vu depuis un certain temps. Cette hausse se fait, bien entendu, sentir sur les prix de transport. Même si le prix du gazole que nous payons tous les jours est un agrégat de plusieurs facteurs, le pétrole y joue un rôle majeur. On estime que le prix du pétrole représente 30% du prix final du gazole. Et contrairement à d’autres facteurs, il fluctue sans cesse : c’est lui actuellement qui tire le prix du gazole vers le haut (autour de 60$ le baril).

Le gazole représente environ 23% du transport et il convient de se protéger contre les fluctuations en prenant un indice de référence, c’est à dire traditionnellement le coût d’une cuve moyenne mensuelle année -1 (à l’instar des instruments financiers qui permettent de sécuriser contre des fluctuations de change pour des transactions prévues longtemps à l’avance, comme les credit default swaps)

Une bonne raison de faire un tour d’horizon des facteurs qui explique cette hausse.

Un environnement géopolitique tendu

La situation mondiale est incertaine avec des tensions au Moyen-Orient qui restent fortes. Entre autres, on peut citer les tensions entre l’Arabie saoudite et l’Iran (deux immenses producteurs de pétrole) et le boycott du Qatar qui en découle par les Saoudiens et ses alliés. De même, le Kurdistan, grand exportateur, est sous la menace d’une intervention de l’Etat irakien pour reprendre le contrôle de la région. Des incertitudes sont aussi présentes en Libye. N’oublions pas les tensions américano-iraniennes qui suscitent des doutes sur la volonté de Donald Trump de renouveler l’accord nucléaire avec Téhéran (permettant à l’Iran d’exporter son or noir vers les pays occidentaux). De plus, en Amérique latine, le Venezuela s’enfonce dans la crise politique et économique et n’a jamais aussi peu exporté en 30 ans alors qu’on s’accorde à dire qu’il dispose de réserves parmi les plus importantes au monde…

Il s’agit d’un des pires désastres de l’histoire de l’industrie pétrolière”, relève Francisco Monaldi, expert en énergie à l’université de Rice (Houston, Texas), à propos de la production venezuelienne.

L’OPEP discipliné jusqu’à nouvel ordre

Aux incertitudes géopolitiques répond la discipline de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) qui a décidé de mener une politique de restriction de la production afin de faire remonter les cours du pétrole qui étaient tombés trop bas, selon eux, ces dernières années.

Sommet de l’OPEP en 2017

Il est évident que le rééquilibrage du marché est en cours, soutenu par une forte adhésion de l’Opep et de ses partenaires aux objectifs de production qu’ils se sont eux-mêmes imposés dans l’accord de coopération” Mohammad Sanusi Barkindo secrétaire général de l’Opep

La production du cartel était tombée à la fin de 2017 à 32,5 millions de barils/jour, son plus bas niveau depuis six mois. Cette politique, qui visait à réduire les stocks pétroliers élevés à travers le monde, a payé.

Une demande mondiale solide

A l’échelle mondiale, la croissance économique est vigoureuse et devrait se poursuivre en 2018, phénomène qu’on observe en France aussi. La croissance mondiale devrait atteindre 3,7 % en 2018, selon l’OCDE. La zone euro est l’emblème de ce retour en forme avec une croissance de 2,4% en 2017.

Cette tendance exige une consommation plus importante de pétrole de la part des économies développées et met sous tension les approvisionnements.

Qu’attendre pour 2018 ?

Tous ces éléments ne concourent pas un apaisement de la montée des prix à court termes. L’année qui s’annonce sera donc sur la même lancée que 2017. Les analystes estiment que le prix du baril devrait se stabiliser autour de 60$ et le prix du gazole devrait rester sur les niveaux qu’il connaît actuellement. Un facteur pourrait néanmoins amortir cette hausse. Les Etats-Unis, grâce à l’exploitation des gaz de schiste, sont désormais exportateurs de pétrole ; leur attitude va être déterminantes. S’ils décident de pousser leur production, alors les prix pourraient baisser. Une affaire à suivre de l’autre côté de l’Atlantique…

--

--