First employee: Owkin

Louise Boucher
Frst
Published in
5 min readJan 24, 2023

Rencontre avec Pierre Courtiol, premier employé d’Owkin, devenu Chief Data Scientist.

Owkin aujourd’hui

First Employee est une série d’interviews qui racontent les parcours explosifs et souvent méconnus des premiers employés des plus grands succès Tech de notre écosystème.

Louise : Que faisais-tu avant de rejoindre Owkin ?

Pierre : J’avais déjà eu plusieurs expériences avant de rejoindre Owkin, mais dans des domaines assez différents du médical.

Même si j’avais toujours été très intéressé par la data science, quand je suis sorti de mon école d’informatique en 2009, le domaine était encore naissant, aussi j’ai commencé en tant que développeur C++ puis j’ai rejoint Natixis dans le département des risques de marché, avant de devenir consultant chez Octo Technology.

Louise : Qu’est ce qui t’a poussé à rejoindre Owkin ?

Pierre : Gilles était un ami d’enfance. Cela faisait longtemps qu’il voulait monter un projet à l’intersection entre le médical et la data science et, dès la création d’Owkin en 2016, il m’a proposé de le rejoindre. Il m’a fait rencontrer le reste de l’équipe, que j’ai beaucoup aimé.

J’avais aussi envie de relever le défi technique que présentait Owkin : il fallait réussir à modéliser une grande variété de données (tableaux, images, vidéos, textes), tout en ayant à disposition un nombre restreint de données labellisées.

De plus, la finalité du projet était très motivante : développer des outils permettant une meilleure prise en charge des patients au sein d’une équipe de passionnés.

Mais je pense que finalement, j’avais surtout très envie de rejoindre une startup à ses débuts, de participer de près à sa croissance en aidant notamment à construire une équipe de passionnés autour de ce projet aussi innovant qu’utile !

Louise : Tu ne trouvais pas ça risqué de rejoindre un projet aussi tôt ?

Pierre : Owkin s’est avéré être une très belle réussite mais, de toute façon, j’avais jugé que le risque que je prenais était assez faible : en data science, je pouvais facilement trouver un job, donc je savais que si Owkin ne marchait pas aussi bien que prévu, je pourrais toujours m’en sortir.

Louise : A quoi ressemble un process de recrutement quand on est premier employé ?

Pierre : Honnêtement, j’ai juste déjeuné avec l’équipe pour pouvoir rencontrer tout le monde !

J’ai été recruté pour renforcer la partie data science, mais mes futurs collègues n’avaient pas encore forcément les moyens de vraiment me challenger en interne — à l’époque, je passais beaucoup de temps sur Kaggle et j’étais très bien classé, ce qui a dû les rassurer dans leur choix. De plus, j’avais la particularité d’avoir une solide expertise en IT en plus de la DS.

Louise : Et quand tu les as rejoint, à quoi ressemblait Owkin ?

Pierre : Quand je suis arrivé, on était 4, en plus des deux fondateurs, et on était installés dans des petits locaux, près de République.

Il y avait vraiment tout à faire — j’ai même installé nos premiers serveurs !

En parallèle, on a commencé à analyser les différents types de données dont on disposait déjà et qui étaient très divers : certains venaient d’essais cliniques, d’autres d’imageries médicales, d’autres encore de rapports médicaux… On s’est dans un premier temps réparti le travail principalement par type de données, pour pouvoir se spécialiser et construire rapidement des algorithmes permettant d’analyser au mieux chacun de ces types de données.

Louise : Tu peux nous raconter comment tes missions ont évolué au fil du temps ?

Pierre : Au total, pendant les 5 ans où je suis resté chez Owkin, l’équipe est passée de 4 à 150, et réussir à gérer cette croissance rapide des effectifs a été un perpétuel challenge, le fil rouge de ces 5 années chez Owkin. Dans un premier temps, nous avons gardé au sein du pôle DS le principe de base de spécialiser les équipes par type de données, en faisant grossir chaque équipe. Pour ma part, je suis progressivement passé d’un rôle de touche-à-tout à celui de manager à temps-plein.

Au niveau du produit, les choses ont également beaucoup évolué. Notre focus initial était très axé recherche : on nouait des partenariats avec des hôpitaux, on analysait leurs données et on publiait des articles avec eux pour prouver que la data science pouvait être appliquée et utile à la médecine — ce qui était une idée encore assez nouvelle et débattue à l’époque. Au fur et à mesure, on a ajouté une dimension produit, pour permettre aux laboratoires pharmaceutiques et aux hôpitaux d’utiliser facilement les outils que nous avions développés en interne.

Louise : A posteriori, quelle phase as-tu préférée ?

Pierre : J’ai beaucoup aimé les débuts d’Owkin: Tout était encore à construire, cette sensation plaisante que chaque avancée en R&D élargissait le champ des possibles pour Owkin, la découverte du secteur médical, et puis je n’avais que moi à manager (Rires). J’ai ensuite rapidement eu à gérer une équipe, d’abord toute petite puis de plus en plus conséquente.

Bien que ce fut également une phase très intéressante et enrichissante, cela m’a aussi petit à petit éloigné des aspects techniques et scientifiques des projets au profit d’aspects plus managériaux et organisationnels.

Les débuts d’Owkin

Louise : Pourquoi as-tu décidé de quitter Owkin ?

Pierre : Au bout de 5 ans, j’avais l’impression d’avoir fini un cycle et de ne plus avoir la même énergie qu’à mes débuts dans cette aventure. Bref, je commençais à m’essouffler, l’heure était venue de passer le relais : c’est extrêmement prenant mentalement de rejoindre si précocement une startup à la croissance fulgurante, bravo aux fondateurs ! (Rires). Et puis la naissance de ma fille approchait et je voulais être en mesure de lui consacrer un maximum de temps.

Louise : Plus généralement, est-ce que tu penses que les premiers employés de startup ont des profils particuliers ?

Pierre : Pour devenir le premier employé d’une startup, en plus d’une expertise pointue dans le coeur de métier de la startup, je dirais qu’il faut être curieux, ouvert d’esprit, ne pas avoir peur de sortir de sa zone de confort, croire sincèrement en la réussite du projet et être prêt à s’investir pleinement.

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