Ce que la passion pour les jeux vidéo de Gabriel, 15 ans, nous dit sur la communication de demain.

Guewen
Demain sera bien. Par Haigo.
6 min readJul 4, 2018

On lit beaucoup de clichés sur les jeunes, les millenials, la génération Y ou Z.
Comme on adore les punchlines, poser des questions et qu’on aime comprendre l’usage derrière les statistiques, on a décidé de profiter des stages de 3eme et 2nde pour donner la parole à quelques specimens intéressants.

L’an passé, nous vous avions plongé dans le téléphone mobile de Mathilde, cette année, on parle de jeux vidéo et surtout de communication avec Gabriel, le frère d’Adrien, Designer chez Haigo.

Vous pensiez être dans le coup grâce à vos émoticones dans Slack ?
Les ados sont déjà passés à Discord et ses canaux vocaux, quand ils ne communiquent pas par memes interposés et spammés allègrement sur Twitch avec des milliers d’inconnus pendant que vous regardez la TV.

Note : les passages en italique sont des précisions de Guewen.

Bonjour je m’appelle Gabriel, j’ai 15 ans et je fais un stage de 2nde optionnel (oui ça existe les ados qui acceptent de bosser au lieu d’être en vacances). Guewen m’a demandé d’écrire quelque chose sur ce que je faisais le mieux et sur ma façon de communiquer avec les autres pour le faire.
Et ce que je fais de mieux… c’est jouer!

LES JEUX AUXQUELS JE JOUE

Je joue à plusieurs jeux depuis 6 ans. Les principaux sont Overwatch (jeu de tir en équipe), Binding of Isaac (une sorte de Zelda un peu sombre) et plus récemment Realm Royale (une Battle Royale : une arène de combat géante où 100 joueurs s’affrontent jusqu’au dernier survivant, avec des classes de joueurs).
J’y n’y joue que le week-end et le mercredi après-midi (règle familiale).

Fortnite (40M de joueurs par mois) ou PUBG (1M de joueurs par jour), les GROS hits du moment.

J’ai déjà eu une séquence où je jouais à Fortnite (un Battle Royale gratuit très populaire ces derniers temps) mais aujourd’hui j’ai arrêté et me suis tourné vers d’autres jeux.
N’aimant pas la routine et l’ennui de faire tout le temps la même chose, il m’arrive de changer de jeux.

Ça, c’est pour les jeux vidéo mais je joue aussi à des jeux de plateaux comme Munchkin, Catane et des jeux de cartes. Je confesse que je connais peu de gens de mon âge qui jouent à des jeux de plateaux et encore moins qui jouent aux cartes donc je joue principalement avec ma famille (il faut voir son frère Adrien jouer au Monopoly pour comprendre qu’on prend les jeux de plateau très au sérieux dans la famille de Gabriel).

Les jeux sur portable par contre je n’y joue pas n’ayant pas de smartphone (choix personnel). Oui, je suis un cas spécial n’ayant pas de smartphone, n’étant pas sur les réseaux sociaux et ayant mon propre ordi par rapport à un ado type qui a son smartphone, va sur les réseaux sociaux et utilise un ordi familial.

AVEC QUELS OUTILS JE COMMUNIQUE

Discord : des canaux de discussion texte + voix, le challenger pour Slack ?

Des fois je joue avec mes potes spontanément du type “t’es dispo pour une partie ?” par message, par le système social du jeu ou par Skype/ Discord (une sorte de Slack qui propose des canaux vocaux en plus des canaux textes habituels) /Teamspeak.

Généralement, on se le dit par message, un samedi matin par exemple, après avoir mangé.
J’utilise mon ordi personnel mais avant j’utilisais l’ordi familial où le temps était partagé.
On joue surtout avec des inconnus (pas forcément des garçons!!) comme cette fois où j’ai fait une partie d’Overwatch (un jeu de tir où on joue à 6 contre 6) avec 5 anglophones pendant un aprem (j’ai plus appris niveau communication en anglais que pendant un an de cours d’anglais).

COMMENT JE COMMUNIQUE

Parfois, quand je passe une très bonne partie sur un jeu, j’envoie une demande d’amitié que l’autre joueur peut accepter.

Ce qui fait que la moitié de mes contacts sur les jeux sont des inconnus que je n’ai jamais vus, avec qui je parle en anglais sans être sûr à 100% qu’ils soient anglophones. Ce qui donne, souvent, des situations où l’on comprend que l’autre peut parler français et qu’on parle anglais alors qu’on aurait pu se simplifier la vie.

Jouer en ligne, c’est (aussi) accepter de se faire insulter par des inconnus

N’importe qui ayant déjà joué à des jeux en ligne (moi compris) s’est déjà fait insulter par quelqu’un qui passe une mauvaise journée ou qui réagit impulsivement sans avoir passé une mauvaise journée (on appelle ça un rageux)

On discute aussi beaucoup au lycée ou au collège sur les nouveautés et les débats sur certains jeux.

Cyanide and happiness : la BD, le podcast et la chaine Youtube cynique aux 8M d’abonnés.

On se partage des vidéos qui nous ont fait marrer qu’on voit sur Youtube.

Twitch, où il est arrivé que 635 000 internautes regardent la même chaine en direct et en simultané (le futur de la TV ?). A droite, le canal de discussion où les memes remplacent les mots.

Quand on ne se voit pas, on discute ou on s’informe par d’autres logiciels comme Discord ou Twitch (plateforme de diffusion de contenus en direct où un internaute partage ce qu’il fait à l’écran tout en commentant, qui va du jeu vidéo à Photoshop en passant par le bon vieux question / réponse avec des communautés pouvant atteindre plusieurs centaines de milliers de personnes connectées en simultané).

On avoue aussi passer beaucoup de temps dans notre chambre ou salon sur notre ordi mais pas non plus toute la journée (sauf si l’on est un no-life, quelqu’un qui n’a aucune vie sociale autre que celle dans le jeu).

Nos grands parents s’écrivaient des lettres manuscrites, nos parents des lettres dactylographiées, les trentenaires des mails, les vingtenaires des SMS bourrés d’émoticones et les ados des memes, comme Kappa.

Parfois, pour donner un message clair de façon simple, on utilise un “meme” au lieu d’écrire un message qui aurait le même sens et qui viennent principalement de Twitch (pour en savoir plus sur les memes, voir le mémoire de notre cher Nicolas Moreau).

En 2018, Patrick Sébastien a le swag chez les moins de 20 ans, eh ouais.

Le dernier qui m’a fait marrer c’est celui d’une chaîne sur Twitch où quand quelqu’un s’abonne, la musique de Patrick Sébastien “La fiesta” s’enclenche et le streamer a une emote (une icône intégrée directement dans l’interface du jeu ou de Twitch) faite pour ça.

Pour les jeux de plateaux, on organise une date et une heure chez quelqu’un sinon on se le dit par message mais c’est beaucoup plus dur de le faire spontanément.

Voilà voilà j’ai fini (normalement) j’espère que vous comprenez mieux comment fonctionne un ado gamer.

Je ne sais pas ce que Gabriel a voulu dire à travers cette image d’un vieux moustachu souriant benoitement. En tant que moustachu trentenaire et enthousiaste, je ne le prends pas mal du tout.

N’hésitez pas à jouer que ce soit avec vos amis, votre famille ou avec d’autres gens.
Jouer c’est plus que s’amuser c’est aussi se sociabiliser, apprendre, découvrir des univers.
La frustration créée par certains jeux est là pour que l’on surmonte des obstacles, ils nous construisent.
Ces éléments sont présents dans les jeux vidéo mais AUSSI dans les jeux de société.
Le jeu a fait de moi ce que je suis aujourd’hui, quelqu’un de joueur qui aime s’amuser et qui affronte des obstacles sans abandonner.

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