On a trouvé le pire ennemi du Bitcoin (et la réponse va vous étonner)
Bitcoin a été créé afin de pouvoir réaliser des transactions sans nécessiter de tiers de confiance. En plus de cette désintermédiation, Bitcoin apporte une certaine gratuité du service comparativement aux systèmes de paiement en ligne classiques, qui peuvent prélever jusqu’à 5% du montant de la transaction. Enfin, ou plutôt d’abord, Bitcoin répond à une volonté : celle d’être indépendant des politiques monétaires dirigées par un organisme institutionnel tel qu’une banque centrale — et de leurs aléas.
A partir de là, les “ennemis”, ou du moins les concurrents de Bitcoin étaient clairement identifiés : ils se situaient à l’extérieur de la communauté, et étaient souvent représentés par les banques (privées ou institutionnelles). Mais ça, c’était avant. Depuis maintenant au moins deux ans, Bitcoin s’est trouvé un adversaire beaucoup plus dangereux, et qui n’a rien d’extérieur : la division de sa propre communauté. Deux clans s’y sont formés : les “pro-Core”d’une part, les “pro-Hardfork” d’autre part. Les premiers suivent les développements de Bitcoin Core (le Bitcoin historique que tout le monde connait). Les seconds suivent les développeurs proposant des solutions indépendantes de Bitcoin Core — ce sont eux qui créé des forks sur le protocole Bitcoin.
Mais pourquoi ce clivage ? Qu’est-ce qui les différencie ? Il serait intéressant de savoir avant tout qu’est-ce qu’ils ont en commun … Et c’est à ce moment que tout devient paradoxal : ces deux “clans” se battent pour la même cause, tous deux souhaitent un protocole Bitcoin pouvant être scalable, avec une meilleure sécurité, une communauté toujours plus forte et représentative, et encore plus décentralisée. Seulement l’un comme l’autre souhaitent atteindre ces objectifs de façon différente. Ce qui est regrettable dans cette situation, c’est qu’actuellement le projet Bitcoin stagne depuis plus 2 ans, alors que les altcoins connaissent, quant à eux, de plus grandes avancées. Pour des raisons de choix techniques Bitcoin est devenu son propre ennemi.
Les conséquences de ce conflit interne peuvent mener Bitcoin à perdre l’avantage concurrentiel d’avoir été la première crypto-monnaie, et à se faire damer le pion par une autre crypto-monnaie faisant preuve de plus de stabilité et d’une roadmap mieux rythmée.
A ce jour Bitcoin a connu plusieurs forks : Bitcoin XT, Bitcoin Classic, Bitcoin Unlimited et maintenant Bitcoin Cash. Pour l’instant le marché réagit à ces événements mais poursuit malgré tout sa hausse. En même temps, les fees reversés aux mineurs deviennent de plus en plus élevées sans garantir le traitement dans le ou les prochains blocs. Ethereum a contrario est moins cher et plus rapide en termes de traitement. Là aussi le marché accepte les faits — pour l’instant — mais cela ne saurait durer. Le cours du Bitcoin demeure protégé par la spéculation, par son statut de valeur refuge (dans le climat d’incertitude que connaît le monde) ainsi que par l’innovation qu’il porte (et qui cache ses lacunes), mais lorsque le marché sera plus averti, la tendance risque de s’inverser.
Bien évidemment tout n’est pas noir non plus. Pour ma part, je crois au protocole Bitcoin. Sa technologie (à la robustesse évidente), tout comme sa volonté d’ouverture à tous (contrairement aux blockchains permissionnées) le promettent à un bel avenir. Certes, ses fonctionnalités limitées (pas de possibilité de smart-contracts comme publisur Ethereum) lui donnent un scope plus limité que celui d’autres blockchains, mais c’est aussi un gage de fiabilité. Mais pour que Bitcoin tienne toutes ses promesses, il est essentiel que sa communauté (re)trouve un terrain d’entente. Tout d’abord entre développeurs, puis entre développeurs et mineurs. Sans cela, Bitcoin risque de rejoindre, à terme, la longue liste des opportunités gâchées et des révolutions manquées.
Merci à Romain Pigenel pour sa relecture.
Nathanael Valero — Consultant chez Futurs.io et Maltem Consulting Group.