Ymen Aloui
Génération Transition
5 min readOct 11, 2018

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L’économie sociale et solidaire en Tunisie entre la toupie et l’utopie

L’économie sociale et solidaire par définition est un modèle économique regroupant des coopératives associations, mutuelles, fondations qui œuvrent à concilier activité économique et équité sociale.

Les piliers de l’ESS sont l’égalité, l’éducation et l’environnement.

Notamment, ça se traduit par la protection de l’environnement, la lutte contre l’exclusion, réduire la pauvreté, garantir une éducation de qualité, l’égalité des chances, la bonne santé et elle répond à de nombreux enjeux de la société contemporaine.

Ce nouveau concept et cette nouvelle forme entrepreneuriale pour plusieurs pays dont la Tunisie nous ramène à revenir à son histoire.

L’ESS est apparu en France au cours du 19e siècle, la crise engendrée par la révolution industrielle a fait la naissance d’une nouvelle classe prolétarienne et d’où « associationnisme ouvrier ».

L’ESS a vu le jour pour la première fois en 1830 (à travers le juriste et l’économiste français Charles Dunoyer), mais réellement les acteurs économiques se sont structurés juridiquement à partir de 1976, par la suite une synergie a été lancée par la création d’un comité nationale de liaison des activités mutualistes coopératives et associatives le (CNLAMCA).

L’ESS s’est apparu initialement avec des coopérations éco entre producteurs.

Les premières implantations étaient en Angleterre en 1844 avec les initiatives de « pionnier équitable de Rochdale » (1 ère coopérative de denrées alimentaires sa charte était un homme, une voix, réparation des bénéfices au prorata d’achats ; elle s’est développée après sous forme de minoterie (établissement industriel qui transforme les céréales et le blé en farine), puis une caisse d’épargne et de secours.) et de « Friedrich Wilhelm Raiffeisen » en Allemagne en 1847 (sous forme d’une boulangerie coopérative en Allemagne).

Avec le pouvoir des socialistes en France, la reconnaissance institutionnelle de ce secteur a vu le jour entre 1980 et 1990 ; et la structuration au niveau international était lors de l’événement « globalisons la solidarité » en 1997 et qui a construit un réseau international pour le L’ESS.

Les années 2011 ont marqué la convergence vers l’ESS par la dynamique solidaire, un projet lancé par Guy Hascouët. (Un homme politique français, il a été député puis secrétaire d’État à l’économie solidaire dans le gouvernement Lionel Jospin, en 2010, il est élu conseiller régional de Bretagne en tant que tête de liste régionale Europe Écologie)

Ce projet a servi à la création d’un réseau d’élus municipaux, qui à travers eux les collectivités locales répondent aux besoins communautaires, d’où la fondation d’un mouvement pour l’économie solidaire en 2002.

En 2011 l’ESS est devenu un vecteur économique et le mouvement s’est élargi en Europe pays à pays de France à l’Espagne.

Revenons à la Tunisie, la révolution du jasmin a stimulé la perspective actionnelle, et elle a renforcé l’engagement civique chez les jeunes.

Ces derniers, porteurs d’idées s’engagent à répondre à un besoin local et d’où vient la naissance des entrepreneurs sociaux.

Un secteur qui n’est pas encore reconnu par la loi mais prévu que l’ARP la valide dans les jours ou les mois qui suivent.

Nonobstant, des jeunes entrepreneurs sociaux se sont lancé et avec le support et le suivi des incubateurs ils arrivent à remonter leurs projets.

Mais qui dit économie sociale et solidaire dit lucrativité limitée ou réinvestissement à des projets collectifs.

Ce modèle économique spécifique et comme chacun à son échelle peut faire des choses, les deux principaux axes d’amélioration sont la formation et le financement, et suite à plusieurs investigations voici quelque élément de proposition :

Les institutions financières ont à adapter les outils de financement, c’est inéquitable que la même formule d’octroi d’un prêt est pour un entrepreneur social comme un entrepreneur qui a des objectifs lucratifs.

Créer des nouveaux outils de financement tels que le Crowdfunding, le financement solidaire…

Les institutions financières ont à adapter les outils de financement, c’est inéquitable que la même formule d’octroi d’un prêt est pour un entrepreneur social comme un entrepreneur qui a des objectifs lucratifs.

Créer des nouveaux outils de financement tels que le Crowdfunding, le financement solidaire…

Structurer, démocratiser ce modèle d’entrepreneuriat et identifier les entités qui vont organiser l’ensemble des acteurs.

Assurer la formation professionnelle pour renforcer les capacités des jeunes dans ce domaine et pérenniser l’ESS.

Également, former les acteurs publics et les sensibiliser encore plus sur les spécificités de l’ESS.

Encore qui dit ESS, dit une forte dimension citoyenne, une solidarité engagée qui va de pair avec l’égalité, l’approche participative et l’action collective.

Ça révèle aussi que des parties prenantes qui rependent à un besoin autour d’eux, mais :

Nous notons qu’en tête des gouvernorats c’est toujours Sfax qu’inscrit le taux le plus élevé de réussite dans le concours national du bac avec 52.21 % juste après on trouve Ariana avec 44.99 % mais également les derniers sont Kasserine, Tataouine, et Jendouba soit 21.74 %, 21.14 % et 20.68 %.

Les zones intérieures ne sont pas toujours les derniers, ils sont bien les premiers qui ont enregistré les taux de l’abandon scolaire le plus élevé, un autre coté qui creuse les différences, dans ce contexte on trouve Kasserine avec un taux de 6.9 % et 6.2 % à Gafsa en 2015 et 2016 (selon le ministère de l’éducation).

Et pourtant, l’économie sociale et solidaire repose sur l’égalité, mais ces chiffres creusent depuis toujours les inégalités, et que la part des régions intérieures est quasi absente, bien évidemment qu’il y a des régions qui détiennent la part la plus importante dans l’accompagnement.

Avec l’approche sociétale, la reconversion de la population la plus marginalisée, là où la radicalisation s’est intronisée chez ces jeunes serait primordiale.

Pour renforcer leurs sentiments d’appartenance, réconcilier initiative et solidarité, ça serait très utile de créer des coworking ouverts aux étudiants.

De stimuler cette intelligence collective, de fournir des compétences et des ressources nécessaires pour agir sur ces régions difficiles.

Convertir les potentiels terroristes en entrepreneurs sociaux, enraciner la finalité sociale, trouver les moyens qui leur permettent d’étaler leurs impacts et du coup vulgarisé l’ESS.

Les aider à créer des activités génératrices des petits revenus mais également avec impact social.

Pour conclure, le rôle des incubateurs en Tunisie en accompagnement et en formation collective, est au rendez-vous.

Ce modèle économique nécessite une stratégie claire pour garantir la durée de ce secteur.

Mais la Tunisie a-t-elle vraiment préparé le terrain pour ces entrepreneurs sociaux ?

La reconversion de ces jeunes serait-elle effervescente ?

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