L’agriculture Tunisienne et les ressources en eau

Promotion Ahmed Tlili, Session #4 — Le 01/12/2019

Mehdi Cherif
Génération Transition
4 min readMar 25, 2020

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Ce Dimanche, comme chaque Dimanche, nous avons eu la chance d’accueillir un invité pas comme les autres: il s’agit de M. Nasser Moslem, chercheur en géographie et spécialiste de la question de l’usage de l’eau en agriculture.

Le sujet qui l’a abordé est l’une de ces recherches récentes : la gouvernance de l’eau à travers l’exemple de la région de Rouhia, dans le gouvernorat de Siliana.

L’eau couvre environ soixante et onze pour cent de la planète; seulement trois pour cent environ est fraîche, et sa mauvaise gestion et sa contamination s’intensifient. D’ici 2025, le stress mondial sur l’eau douce dû à l’augmentation de la population qui utilise l’eau augmentera considérablement, en particulier en Afrique du Nord, en Eurasie, au Moyen-Orient et même aux Etats-unis, et d’ici 2050, près de 5 milliards de personnes seront touchées par la pénurie d’eau douce. Les acteurs de la gestion des ressources en eau ne sont souvent pas conscients de l’ampleur réelle et mondiale de la crise, qui se développe rapidement. La rareté de l’eau est à l’origine de préoccupations économiques, sociales, politiques et sécuritaires, car les perturbations dans l’approvisionnement et la distribution durables de l’eau potable et les conflits liés aux ressources en eau deviennent des problèmes de sécurité majeurs pour les responsables gouvernementaux.

Dans un monde où les risques climatiques liés à l’eau se répercutent sur les systèmes alimentaires, énergétiques, urbains et environnementaux, les bouleversements politiques résultant de la pénurie d’eau et des changements de prix peuvent être graves et profonds. Pour y faire face, notre Etat joue un rôle paternaliste et considère les subventions comme une forme de protection sociale. Dans la plupart des cas, ces subventions sont considérées comme toxiques car elles sont destinées aux classes aisées et supérieures, ce qui désavantage considérablement les groupes économiquement faibles. En outre, lorsque des subventions sont accordées, il est peu probable qu’une réforme soit entreprise : “Avec le temps, les disparités de coûts et les subventions peuvent exacerber la mauvaise gestion des ressources en eau.”.

Par exemple, les producteurs agricoles qui bénéficient d’importantes réductions de coûts pour le diesel ont tendance à utiliser plus d’eau, ce qui favorise encore plus la mauvaise gestion de l’eau et le gaspillage. Au fil du temps, de nombreux États pourraient être forcés d’améliorer considérablement leurs infrastructures et même d’acheter de l’eau à des coûts qu’ils ne peuvent ni se permettre ni maintenir. Lorsque les subventions pour l’eau seront réduites et que l’approvisionnement en eau sera épuisé en raison d’une mauvaise gestion, il en résultera une crise politique. Aujourd’hui, les populations des villes et des États sont maintenues par une technologie à la fois non durable et peu pratique du point de vue des ressources.

Pourtant, l’utilisation non durable de l’eau continue d’être considérée comme allant de soi. Comme les populations sont de plus en plus confrontées aux réalités de la rareté de l’eau, il y aura une résurgence de l’incertitude de l’ère préindustrielle. En même temps, les entreprises redeviendront capables d’influer sur les populations, de les maintenir en danger et même de les contrôler grâce à l’eau et aux ressources essentielles. Bien que ce retour semble primitif, il deviendra de plus en plus probable dans ce nouveau contexte de sécurité. Il existe déjà un phénomène de grands agriculteurs “nomades”, qui s’établissent sur une terre de 10 à 15 ans pour y planter des agrumes, épuisant le sol et les ressources en eaux de la région, appuyés par des subventions, pour ensuite repartir et recommencer ailleurs. Un schéma régionaliste se superpose à ces pratiques, puisqu’il s’agit souvent d’hommes d’affaires venus du Sahel de la Tunisie venant exploiter les terres de l’intérieur.

Il existe déjà un phénomène de grands agriculteurs “nomades”, qui s’établissent sur une terre de 10 à 15 ans pour y planter des agrumes, épuisant le sol et les ressources en eaux de la région, appuyés par des subventions, pour ensuite repartir et recommencer ailleurs.

L’eau est essentielle pour la boisson, l’agriculture et l’élevage. Elle est également utilisée pour la production d’électricité et l’industrie. Les institutions, tant nationales qu’internationales, servent de médiateurs dans le traitement des conflits liés à l’eau. Elles fournissent des cadres pour des intérêts divergents afin de résoudre pacifiquement les différends et d’établir le partage de l’eau. Elles orientent les investissements durables dans la conservation et le stockage de l’eau. Des institutions inadéquates ou absentes peuvent contribuer à une mauvaise planification et à un approvisionnement en eau insuffisant, ce qui risque d’exacerber les problèmes sociaux et les tensions politiques.

Pour ce qui est de l’avenir, on s’attend à ce que les changements climatiques accentuent la pression sur les systèmes d’approvisionnement en eau dans une grande partie du pays. L’infrastructure de l’eau, la partie la plus ancienne et la plus fragile de l’environnement bâti du pays, s’est détériorée à certains égards. Les solutions aux défis croissants du pays en matière d’eau résident, en partie, dans le développement et l’adoption de nouvelles technologies novatrices.

A dimanche prochain!

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Mehdi Cherif
Génération Transition

Author, communicator and education specialist. Find me on facebook @MehdiAimeLecole.