Rapport n°3: Histoire du cinéma ; le documentaire tunisien — Henda Haouala

Le 16/09/2018

Nour Jihene Ghattas
Génération Transition
4 min readSep 23, 2018

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Ce dimanche, comme chaque dimanche, nous avons eu le plaisir de recevoir une experte — pas tout à fait comme toutes les expertes. En effet, Mme Henda Haouala, professeure d’études cinématographiques à l’ISAMM, nous à fait l’honneur de nous introduire à deux thématiques différentes: l’histoire du cinéma, ainsi que les enjeux du cinéma Tunisien, à travers son livre “Esthétique du Documentaire, le cinéma tunisien post-révolution”.

Histoire du cinéma

Dans un premier temps, nous avons discuté du souci qu’a eu l’Homme de se représenter le monde, depuis les peintures rupestres (dessins sur les parois de cavernes où s’abritaient les hommes préhistoriques) jusqu’à la renaissance, marquée par la prise en compte de la perspective dans les représentations picturales, autour du 15ème siècle. Déjà, les artistes utilisaient des dispositifs mécaniques pour les aider à se représenter le monde, à l’exemple de quadrillages qui les aidaient à décomposer la réalité en parties. C’est aussi le cas de la camera obscura, qui permet de projeter la réalité sur un écran à travers un dispositif optique simple. C’est en remplaçant cet écran par un papier photosensible que sera inventée la photographie, au 19ème siècle.

Ces innovations provoquèrent par ailleurs une crise dans le monde des arts picturaux, car la photographie se perfectionnait, et allait à terme mieux reproduire la réalité que le plus talentueux des artistes. C’est donc par opposition, par défi à ce réalisme photographique qu’apparurent de nouveaux mouvements picturaux tels que l’impressionnisme et le cubisme.

A la fin du 19ème siècle, des scientifiques eurent l’idée de se servir d’images en succession rapide pour étudier le mouvement, d’où l’étymologie du mot cinématographe: du grec κίνημα / kínēma, « mouvement » et γράφειν / gráphein, « écrire », l’écriture du mouvement. Ce point est important, car on réalise que le cinéma est né documentaire; il avait pour raison initiale d’aider à l’étude du mouvement. Ce n’est qu’au début du 20ème siècle que les frères Lumière inventèrent le procédé qui permit de reprojeter ces mêmes mouvements décomposés: des trous des deux côtés des images, qui permettent de les faire diffuser à grande vitesse afin de créer l’illusion du mouvement. A partir de là, le cinéma prend une ampleur nouvelle, et les innovations (et innovateurs!) se succèdent: Birth of a Nation et sa portée, George Méliès et ses trucages, Orson Welles et son message, etc.

Le documentaire et le contexte tunisien post-révolutionnaire

Il est important de saisir que le documentaire ne donne jamais la vérité. Il est systématiquement biaisé, car il ne saisit qu’une partie de la réalité, et d’une certaine manière. Ce biais est plus ou moins assumé selon les productions: les films de propagande de l’URSS (p.ex Dziga Vertov et l’importance du montage)

Pour en venir à la Tunisie, l’un des grands apports de la révolution est indéniablement la liberté d’expression qui en a résulté; elle n’a pas manqué de se traduire à travers les thèmes que le cinéma tunisien s’est essayé à aborder: le viol, l’instransigeance du régime, le terrorisme et la radicalisation ou encore l’homosexualité. Toutefois, il ne faut pas considérer l’apparition de ces thèmes et le succès commercial et critique des oeuvres qui les portent (El Gort, Le Challat de Tunis, War Reporter…) comme dépendant uniquement d’une libération de la parole. Au vu de la faible importance du marché national, le cinéma tunisien est encore largement dépendant de financements étrangers, qui apportent leur lot d’influences politiques et idéologiques.

Il ne faut ainsi pas croire que le succès commercial d’un film tient uniquement à sa qualité intrinsèque: l’influence de ses producteurs ou encore le message qu’il transmet peuvent être, sinon des facteurs de ce succès, au moins des petits coups de pouce.

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