Défier les opioïdes

Julien Aubin-Beaulieu
GC_Entrepreneur
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5 min readNov 21, 2018

Les EGC contribuent à la lutte aux surdoses liées aux opioïdes.

Résumé : Santé Canada lance un défi invitant des entreprises et organismes à proposer des technologies de vérification des drogues pour réduire les risques de surdoses dues aux opioïdes.

Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis un homme de 30 ans qui vit au Canada, à Montréal, là où il n’y a pas de guerre et où les catastrophes naturelles sont minuscules comparativement à ce que vivent d’autres pays. Bref, les statistiques me prédisent une bonne espérance de vie, jusqu’à 77 ans pour ma tranche d’âge pour être précis. C’est pourquoi je suis littéralement tombé en bas de ma chaise quand j’ai appris l’information suivante :

« Les opioïdes sont, de nos jours, au Canada, la principale cause de décès chez les hommes de 30 à 39 ans. »

Comment en sommes-nous arrivés là?

Il y a une véritable crise de santé publique qui frappe le Canada. Le taux de surdoses et de décès dus à un usage problématique d’opioïdes a considérablement augmenté ces dernières années. Toutes les régions du pays sont concernées, mais certaines sont plus durement touchées que d’autres.

Nombre de décès apparemment liés aux opioïdes par province/territoire en 2017

De janvier 2016 à mars 2018, plus de 8000 cas de décès apparemment liés à la consommation d’opioïdes ont été relevés. Pour la première fois depuis des décennies, l’espérance de vie pourrait reculer au pays en raison de surdoses d’opioïdes comme le fentanyl.

Les origines de la crise sont complexes. Les drogues achetées sur le marché noir sont imprévisibles. Leur dose, leur qualité et leur composition sont inconnues et varient d’un lot à l’autre. Depuis 2016, le fentanyl, un puissant antidouleur qui provoque une très forte dépendance, et ses analogues sont de plus en plus présents sur le marché des drogues illégales au Canada. Le hic, c’est que les personnes qui consomment ces drogues ne savent généralement pas si elles sont exposées ou non au fentanyl, car il ne peut être ni vu, ni senti, ni goûté.

Y a-t-il de l’espoir?

Je ne veux pas m’embarquer dans des discussions sur la décriminalisation et la légalisation, car on voit bien avec le cas de la marijuana que c’est un sujet complexe et dont les opinions sont partagées. Pour ce qui est de la crise des opioïdes, le Gouvernement du Canada a pris une approche compatissante visant à réduire les méfaits. Cela signifie qu’au lieu d’exiger l’abstinence aux gens qui vivent avec une dépendance aux opioïdes, on cherche plutôt à réduire les effets négatifs des drogues sur eux et leur communauté. Pour y arriver, une des méthodes efficace est la vérification de la composition de la drogue, afin de déterminer si elle contient des substances toxiques et dangereuses comme le fentanyl. Malheureusement, il n’y a pas de solution adaptée à cette problématique présentement sur le marché qui soit suffisamment rapide, précise, facile à utiliser et peu coûteuse.

Qu’est-ce que le gouvernement peut faire?

Cela m’amène à vous parler d’un projet auquel je participe avec les Entrepreneurs Dr Michael Haber (Santé Canada) et Laura Portal Avelar (Agence canadienne d’inspection des aliments). En octobre, Santé Canada a lancé un défi visant à améliorer les technologies de vérification des drogues afin de permettre aux personnes qui consomment des drogues et à celles qui les soutiennent d’en connaître la composition, et d’ainsi réduire les risques de surdose.

Le défi est présentement ouvert à toute entreprise ou organisme à but non lucratif, comme les associations industrielles, les associations de recherche et les établissements postsecondaires. Jusqu’à dix demi-finalistes pourront être sélectionnés pour recevoir 25 000 $ en prix et compétitionner pour passer à la phase finale. Les cinq finalistes recevront 100 000$, tandis que le grand gagnant touchera un prix d’un million.

La date limite pour soumettre une candidature est le 1er février 2019. Aidez-nous à faire connaître ce défi pour que le plus de gens possible soit au courant! Parlez de cette crise et du Défi dans vos réseaux!

Mais vous, les EGC, que faites-vous pour ce projet?

Excellente question!

Il y a plusieurs partenaires d’impliqués dans le projet, soit l’Équipe d’intervention en matière d’opioïdes de Santé Canada, l’Unité de l’impact et de l’innovation du Bureau du Conseil privé, le Prize Challenge Centre de NESTA, une organisation internationale spécialisée dans ce genre de Défis, et les entrepreneurs, Laura, Mike et moi.

Au cours de l’été, les Entrepreneurs ont mené une phase de consultation auprès d’entreprises potentiellement intéressées et de personnes et organismes qui pourraient bénéficier des solutions développées pour qu’ils examinent le défi et nous fassent part de leurs commentaires. Cela a servi à ajuster le design du Défi, notamment les critères d’évaluation. Nous avons également développé le guide d’application pour les participants, une FAQ et le site web. Maintenant que le Défi est lancé, nous en faisons la promotion notamment sur Twitter (suivez-nous!). Évidemment, nous allons faire preuve de créativité afin de générer le plus de visibilité possible pour que les meilleures innovations voient le jour.

Ensemble, mettons #FinAuxSurdoses!

Attends! C’est quoi un défi?

Les défis sont une approche novatrice mise de l’avant par le Secrétariat du Conseil du trésor qui visent à trouver des solutions à des problèmes économiques, environnementaux ou sociaux auxquels sont confrontés les Canadiens. Ces défis sont lancés par des ministères qui tentent de stimuler par des incitatifs financiers des entreprises, des citoyens ou des groupes d’innovateurs à trouver des solutions pour certains enjeux, par exemple :

  • révolutionner la façon d’utiliser l’énergie dans les procédés de concassage et de broyage de roches de l’industrie minière;
  • concevoir de meilleurs réseaux électriques afin de doter nos pays de réseaux propres et conviviaux qui aideront à prévenir les pannes de courant;
  • inciter davantage les femmes à démarrer des entreprises dans le domaine des technologies propres; ou
  • réduire le surpeuplement, améliorer la qualité des bâtiments et remédier aux pénuries de logements dans les communautés autochtones.

Pour plus d’informations sur les défis, cliquez ici.

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Julien Aubin-Beaulieu
GC_Entrepreneur

GC Entrepreneur for Canada Economic Development for the Quebec Regions - Entrepreneur du GC pour Développement économique Canada pour les régions du Québec