Big data & enjeux de l’Internet industriel — Interview de Michaël Hoarau

Michaël est Customer Engagement Leader au sein de la GE Digital Foundry, il nous confie sa vision de l’Internet industriel.

GE Digital Europe Foundry
GE Digital Foundry Europe
8 min readAug 24, 2016

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Michaël Hoarau

Pouvez-vous nous décrire votre métier au sein de la GE Digital Foundry ?

Je suis dans une fonction transverse. En tant que customer engagement leader, je pilote la relation avec le client depuis le début, c’est-à-dire la manifestation d’intérêt, jusqu’au travail avec l’équipe de développement et la réalisation du projet à proprement dit. C’est un rôle de coordination entre l’ensemble des fonctions de la GE Digital Foundry : les fonctions commerciales, de développement, de design, de production…

L’indicateur clef dans mon métier, c’est la satisfaction client. Je dois m’assurer que les clients soient non seulement satisfaits, mais au-delà même de leurs attentes. C’est un rôle qui intègre du pilotage de projet, du pilotage de la relation client, de la négociation, mais également une compréhension des problématiques client, jusqu’à aller chercher les besoins au-delà des exigences que celui-ci arrive à matérialiser. En somme, il s’agit de faire correspondre ce que le client perçoit comme « épine dans le pied », et les solutions que GE est capable de composer.

C’est un rôle à la croisée des chemins, qui nécessite une compréhension des aspects technologiques — Qu’est-ce qu’une plateforme cloud ? Qu’est-ce qu’une approche de data science ? Comment coordonner des algorithmes ? Qu’est-ce que le data engineering à l’ère du Big Data ? — qui nécessite des notions de design et d’ergonomie. Il faut comprendre que l’on ne propose pas simplement un produit qui résout un problème mais on construit des solutions qui faciliteront la prise de décision de tous les opérateurs à tous les niveaux de l’entreprise. Cela intègre un travail sur les données, mais également sur l’expérience utilisateur. C’est un ensemble de compétences qui rendent le métier passionnant.

Pour chaque nouveau client, c’est à mon équipe de faire connaissance avec les problématiques et le secteur du client et de les croiser avec ce que GE fait déjà d’un point de vue métier. L’objectif est d’avoir le même langage et de comprendre ses problèmes : les solutions que l’on va proposer ne sont jamais génériques mais spécifiques à des problématiques client. C’est ce qui va faire toute la différence face aux éditeurs de logiciels qui ont tendance à pousser des solutions au détriment d’une vision métier. Cette capacité à coupler la connaissance métier — parce que GE est un groupe industriel depuis plus de 120 ans — avec une excellence opérationnelle est une des grandes forces de General Electric. Lorsque l’on souhaite lancer un projet ou un produit, comme ça a été le cas avec Predix, on sait qu’on a les moyens et les compétences pour le réaliser avec la meilleure exécution possible. La capacité à combiner les mondes de l’ingénierie logicielle d’une plateforme d’Internet Industriel et un savoir-faire métier est une force incomparable.

Quel est votre parcours ?

J’ai une formation scientifique : une maitrise de physique appliquée et un diplôme d’ingénieur en aéronautique de Supaero. J’ai commencé ma carrière en tant que calculateur en analyse de structure au sein du groupe Cap Gemini, essentiellement avec Airbus. Pendant 7 ans j’ai mené des analyses — par exemple des dimensionnements de panneaux du fuselage de l’A380 — et j’ai construit des applications métier pour améliorer la productivité de mes clients. J’ai également travaillé pour d’autres types d’industries qui avançaient beaucoup dans la simulation numérique à cette époque, notamment P&G et Duracell, qui ont déployé des plateformes SLM (Simulation Lifecycle Management) au milieu des années 2000.

Puis j’ai travaillé dans le conseil sur des secteurs industriels plus variés, ce qui m’a permis de développer de nouveaux savoir-faire notamment en informatique industrielle et en informatique embarquée. Je suis arrivé à Paris il y a 6 ans et j’ai travaillé avec des clients aussi variés que SNECMA, Thales, Degremont, Saint-Gobain… Dans tous les cas j’avais une forte appétence pour l’innovation et la R&D, la conception de produits et de services.

Après une dizaine d’années au sein de Cap Gemini, j’ai intégré une petite structure orientée vers le digital. J’y ai construit une direction technique autour d’une équipe d’une quarantaine de personnes, spécialisées autour du développement d’applications mobiles. J’ai découvert un monde complètement différent : le B2C dans le développement d’applications grand public. On a orienté le travail sur le design et l’ergonomie ce qui nous a permis de proposer une approche axée sur l’expérience utilisateur à nos clients.

Enfin, avant d’intégrer GE, j’ai travaillé pendant deux ans et demi chez Business & Decision, une société spécialisée dans la BI et la data. J’y ai développé l’offre autour du Big Data et de la data science.

Pourquoi GE ?

En plus de ce que je vous ai déjà dit plus haut, GE me permettait à la fois de remettre un pied dans l’industrie que je connaissais très bien, et de mettre à contribution mes savoir-faire sur des architecture Big Data, sur la connaissance de la data science, mais également de combiner ceci avec ce que j’avais pu apprendre en termes d’expérience utilisateur.

En somme, c’était l’opportunité de mettre en œuvre tout ce que j’ai pu développer dans ma carrière, au même endroit.

Selon vous, comment se dessine le futur de l’industrie ?

J’ai toujours été frustré par le côté conservateur de l’industrie en ce qui concerne le digital.

On observe aujourd’hui les mêmes freins — même s’ils cèdent peut-être plus rapidement — sur l’apport de la data, du digital, de l’expérience utilisateur ou de la mobilité au sein des industries en Europe. Quoi qu’on en dise, l’Europe reste un continent très industriel et son avenir passe par la digitalisation de cette industrie.

La question n’est pas tant de savoir comment elle va faire sa transformation digitale — c’est presque le côté « facile » du problème — mais comment elle va vivre cette transformation digitale pour changer la façon dont le monde fonctionne. On peut toujours améliorer le processus de conception d’un nouveau produit en mettant l’accent sur le numérique, ce n’est pas ce qui va changer la vie des usagers pour autant. Par contre, si on commence à intégrer davantage la gestion des données ou les problématiques de data science on peut avoir un vrai impact. Si on prend par exemple le fonctionnement du métro, les opérateurs ont beaucoup à gagner : ils pourront faire de la maintenance prédictive, mieux orienter leurs dépenses, améliorer la sécurité, améliorer leur excellence opérationnelle ou leur ponctualité…

Aujourd’hui l’industrie subit. Je l’ai encore vécu avant-hier lorsque je n’ai pas pu prendre le tramway ou le RER parce qu’il faisait trop chaud. Tout le monde savait que la chaleur allait poser un problème sur les rails. Pour autant rien n’a été fait pour penser aux usagers. On a évidemment voulu éviter les accidents en arrêtant les trains, mais l’usager a juste vu une panne. L’idée est d’intégrer les technologies du digital et de la valorisation des données pour être capable d’anticiper les risques, mais également d’identifier les solutions qui vont aller dans le sens de l’expérience des usagers.

Aujourd’hui les usagers comme les industriels subissent ces situations. La région parisienne est d’une complexité phénoménale et la RATP fait un travail exceptionnel, mais elle subit malgré tout : les aléas du climat, les aléas industriels, les pannes… L’avenir de l’industrie ce n’est plus de subir, c’est d’anticiper. Et elle ne pourra le faire que si elle exploite la transformation à l’œuvre autour des nouvelles technologies, pour être capable d’anticiper afin que l’expérience des utilisateurs soit sans coutures. C’est un sujet dont on parle beaucoup dans le B2C et on doit avoir la même ambition que quand on prend un avion ou un train ou qu’on s’abonne à EDF.

Quels sont les principaux enjeux de l’Internet Industriel ?

En termes de technologies, on peut évidemment parler du Big Data. C’est un sujet très large autour de plateformes capables de gérer les données que l’on a collectées, analysées et transformées. C’est une couche plutôt basse et qui n’est pas visible. Ce sont par ailleurs des technologies qui commencent à être matures et que personne ne remet plus en doute.

En revanche on a encore du travail dans le domaine du cloud. En Europe, les industriels l’exploitent encore très peu. Il y a un gros effort de pédagogie à mener sur les apports du cloud et sur la sécurité, bien souvent meilleure que sur des data centers locaux.

Un autre enjeu concerne le déploiement des algorithmes de data science, ou tout simplement les approches de data science. Comment déployer ces approches dans le secteur industriel ? C’est encore trop embryonnaire aujourd’hui. Sur ce sujet il y a un sacré challenge de formation. C’est pour cette raison que les écosystèmes et les partenariats avec les écoles et les universités sont un des piliers fondamentaux pour la GE Digital Foundry de Paris.

On peut également mettre l’aspect « temps réel » dans les enjeux. Dans le B2C, dans le Big Data pour le marketing, le temps réel n’est pas une nécessité. Chez un grand site e-commerce, si vous n’analysez pas les données en temps réel, vous atténuez un peu la qualité du service mais il n’y a pas mort d’homme. Quand vous mettez en place une plate-forme pour gérer une centrale électrique, vous n’avez pas le droit de louper une information. Cette capacité à gérer des données en temps réel, en assurant une connectivité qui soit optimale, est un des challenges de l’industrie. Car si à un moment donné mon appareil connecté ne l’est plus, à cause d’une panne ou d’un orage, on ne peut pas se dire que ce n’est pas grave et mettre la centrale en carafe le temps que quelqu’un répare la connectivité.

Dans l’ensemble, ces grands challenges sont aujourd’hui des nouveautés parce que les volumes de données sont beaucoup plus importants que ce qui a pu exister jusqu’à maintenant.

J’oubliais un gros enjeu pour les industries : la standardisation. On peut rapprocher ce sujet des problématiques de confidentialité, de sécurité, mais également de règlementation. Dans ce domaine, nos concurrents tels que Siemens ou Schneider Electric sont aussi des partenaires. On a besoin de travailler ensemble pour établir une interopérabilité et une normalisation qui ne touche pas uniquement la question de la compétitivité mais avant tout celle de la sécurité.

Que diriez-vous à un bon candidat pour la Digital Foundry de GE ?

C’est le meilleur endroit pour changer le monde. C’est ce que je me dis tous les jours.

On peut parler de technologie, on peut parler de Predix, ça reste de la technologie, mais il y a chez GE une véritable vision de société, une volonté de changer la façon dont le monde de l’industrie fonctionne, de vouloir l’améliorer. C’est ce qui donne du sens au quotidien, à ce que l’on fait.

Lorsque l’on va voir un client, on ne cherche pas uniquement à vendre une plateforme, on est là pour résoudre un problème qu’il n’a pas su résoudre jusqu’à maintenant. On est là pour travailler sur des sujets qui n’ont pas encore de solution. On est là pour travailler sur des sujets uniques et nouveaux et on a les moyens pour le faire.

Par ailleurs nous allons avoir un super environnement de co-création avec la GE Digital Foundry à Opéra.

Pour postuler, c’est par ici

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