“Le futur de l’industrie va être un système complexe, un système de systèmes.”

GE Digital Europe Foundry
GE Digital Foundry Europe
6 min readJul 25, 2016

Robert Plana, Senior Engineer, livre sa vision de l’Internet industriel et raconte son parcours. De la recherche à General Electric en passant par Predix, il dit tout.

Pouvez-vous nous décrire votre métier au sein de la GE Digital Foundry ?

J’ai pour charge de développer l’écosystème autour de l’Internet Industriel. C’est un métier transverse, avec plusieurs dimensions. Je dois d’abord faire connaitre cet environnement auprès de la communauté des développeurs, des data scientists, mais aussi auprès des clients, qu’ils soient des grands groupes, des entreprises intermédiaires ou des startups. C’est une mission d’évangélisation et d’explication de la vision de General Electric concernant le futur du digital dans l’industrie. Elle s’organise autour de plusieurs critères.

D’abord la conservation de l’héritage digital. Dans un mode de fonctionnement où des milliers de ressources numériques sont réparties sur différents formats, environnements et plateformes, l’héritage digital est un vrai sujet. C’est une perte possible de compétence et de compétitivité pour les entreprises. Ensuite, l’évangélisation concerne les progrès du cloud computing, du stockage, etc. Le cloud est la solution la plus efficace aujourd’hui pour optimiser les coûts de maintenance et d’infrastructure tout en garantissant performance et sécurité. Et c’est important car beaucoup de sociétés ne sont pas si avancées en termes de transformation digitale.

Mon deuxième grand sujet consiste à développer le concept d’Appstore sur la plateforme Predix. Nous organisons des concours d’innovation pour inviter les startups à développer des applications sous environnement Predix. Nous travaillons également à détecter les PME les plus innovantes en France et en Europe pour avoir des contrats bilatéraux afin qu’elles développent leurs solutions sous Predix. Ces structures bénéficient de l’empreinte industrielle et des clients de General Electric quand GE profite d’un environnement riche en fonctionnalités et applications. C’est stratégique !

Aujourd’hui dans le monde digital, la dynamique est au développement d’écosystèmes afin de bénéficier de toutes les compétences qui sont à l’extérieur des organisations. Les dynamiques extérieures sont capitales et il faut tout mettre en œuvre pour les capter. On se rapproche de la sharing economy.

Ma troisième grande mission concerne tout ce qui touche à la collaboration avec les universités et les organisations de recherche. L’idée est également de diffuser l’environnement Predix. Ainsi, lorsque des personnes seront recrutées chez nos clients elles pourront indiquer sur leur CV qu’elles connaissent notre environnement d’Internet industriel. Par ailleurs, attirer les jeunes est au cœur de nos enjeux. Avec l’ambition de recruter 250 personnes à la Digital Foundry de Paris, on doit être attractifs. Enfin, il s’agit de favoriser l’innovation ouverte. On organise des hackathons et des évènements pour permettre aux étudiants de se former mais également de développer leurs velléités entrepreneuriales et peut-être les inciter à créer leur startup sur l’environnement Predix.

Quel est votre parcours ?

Je suis scientifique, j’ai travaillé dans une startup il y a bien longtemps puis dans la recherche publique au CNRS et dans la stratégie au ministère de la Recherche. Enfin, avant de rejoindre GE, je travaillais chez Alstom où je m’occupais des programmes d’innovation ouverte.

Lorsque l’on regroupe innovation ouverte et Digital, le développement des écosystèmes au cœur de la Foundry est un condensé de mes 20 ans d’expérience !

Pourquoi GE ?

Aujourd’hui General Electric est l’acteur majeur le mieux positionné sur l’Internet industriel. C’est l’occasion d’être présent à la création des Digital Foundries, c’est une opportunité incomparable.

Selon vous, comment se dessine le futur de l’industrie ?

Il y a plusieurs paramètres. La globalisation de l’économie impose un monde connecté. Développer des produits à faible coût du travail pour ensuite les déployer n’est plus compétitif. Ce système de délocalisation de l’économie a vécu. Aujourd’hui, on est dans un système local à exposition globale. Chaque part du globe a des besoins en énergie, en transport, en santé, etc. Chaque région a des écosystèmes qui favorisent l’innovation locale mais aussi une meilleure connexion au marché. L’idée de connexion locale et d’exposition globale ne peut être réalisée que via le digital, grâce auquel on arrive à minimiser les effets de raréfaction des matériaux, de rupture de la supply chain, etc.

Le futur de l’industrie va être un système complexe, un système de systèmes ! Il y aura des “attracteurs” dans chaque marché important, qui favoriseront le développement des écosystèmes qui permettront à leur tour l’émergence d’une industrie plus respectueuse de l’environnement, plus respectueuse des citoyens, mieux connectée aux villes, plus résiliente vis à vis des crises économiques… Les Digital Foundries de GE vont devoir jouer ce rôle d’attraction des écosystèmes !

Quels sont les enjeux principaux enjeux de l’Internet industriel ?

Le marché de l’Internet industriel est estimé à 220 milliards de dollars d’ici 2020, c’est un marché énorme, il y a aura de la place pour quelques acteurs. GE souhaite en être l’acteur majeur. Mais il y a d’autres compétiteurs, comme Microsoft, IBM ou Siemens qui développent également des programmes.

Selon moi, un enjeu majeur concerne l’interopérabilité. Je n’imagine pas un instant qu’un seul standard va réussir à s’imposer. Il faudra être capable de mettre en place des technologies cloud interopérables. On commence également à parler de Fog Computing, qui permet de garder la capacité de calcul au plus près des machines autour des usines grâce à des ordinateurs en réseaux. Au lieu de tout envoyer dans un cloud centralisé avec les problèmes de latence que cela implique, on calcule dans des clouds distribués localement. En somme, on va générer de nouvelles façons de stocker, de calculer et d’échanger autour des données.

La cyber-sécurité est un autre enjeu important.

Enfin, le troisième enjeu concerne tout ce qui touche à l’expérience utilisateur, qui est assez peu développée aujourd’hui dans l’industrie. Elle s’inscrit dans une transition générale vers plus d’agilité. C’est une nouvelle manière de penser dans l’industrie où l’on utilisait le plus souvent des méthodologies de type « cycle en V » ou « Waterfall ». On a des spécifications, on identifie les technologies, on construit la plateforme, on développe le prototype et on délivre au client. Ce sont des méthodologies qui n’ont pas de flexibilité et qui ne correspondent plus à ce que veut le client. C’est un gros changement culturel et économique à mener.

Comment envisagez-vous d’être désormais concurrent de grand groupes digitaux comme IBM ou Microsoft ?

Nous sommes concurrents et partenaires. Je le disais, l’enjeu est dans l’écosystème et l’interopérabilité. On vient de signer un partenariat avec Microsoft et Azure, car il y a des sujets sur lesquels ils sont plus avancés, comme il y a des sujets sur lesquels GE est en avance.

Il existe aussi de grands consortiums dont GE fait partie avec des entreprises comme IBM ou CISCO. L’Industrial Internet Consortium réunit tous les grands acteurs industriels et IT, il permet de partager des best practises, d’échanger sur les standards, et de voir quelles sont les roadmaps technologiques sur le cloud, pour que tout le monde progresse ensemble.

Il y a tellement de dynamiques autour de ces sujets que vouloir partir tout seul serait une erreur stratégique. GE discute avec tout le monde, nous avons un programme de partenariats stratégiques très complet.

Que diriez-vous à un bon candidat pour la Digital Foundry de GE ?

C’est d’abord un projet nouveau de startup dans un grand groupe avec un potentiel marché incroyable. C’est une nouvelle façon de fonctionner à l’intérieur d’une grande entreprise avec de nouvelles méthodologies et des produits d’avenir en développement.

Ce mélange d’innovation et de business autour d’un nouveau domaine d’activité, c’est formidable ! Le concept de fonderie pour déployer un environnement logiciel dans l’industrie est inédit. En plus, dans une perspective de carrière, le fait qu’elles soient disséminées partout dans le monde autorise à participer à une aventure digitale internationale !

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